c comme cinéma

jeudi, avril 30, 2009

MENSONGES D’ÉTAT ♦♦♦
(Body of lies)
Réalisation. RIDLEY SCOTT
USA – 2008 – 128 min.
Drame

DÉRAISON D’ ÉTAT

Roger Ferris est de loin l’agent de la CIA qui connaît le mieux la problématique du Proche-Orient. Maîtrisant parfaitement l’arabe, il est envoyé en mission dans les zones sensibles telles que l’Irak, la Jordanie, …, partout où la menace islamiste risque de frapper les intérêts occidentaux.
Condamné à changer sans cesse de nom, de visage et d’identité, son seul contact avec le monde est la voix de Ed Hoffman, vétéran de l’agence de renseignements, qui depuis le living de sa maison aux Etats-Unis, dicte à Ferris les manoeuvres à effectuer.


Ridley Scott revient avec un thriller politique palpitant bien servi par une mise en scène nerveuse et intelligente et aux rebondissements multiples.
Le récit narre plusieurs affrontements menés en parallèle et qui symbolisent d’autant mieux la réalité géopolitique complexe de ce début de 21e siècle. D’une part, le combat d’un agent américain infiltré au Moyen Orient contre les mouvances terroristes initiant des attaques sur le sol occidental. D’autre part, la lutte de ce même agent avec son supérieur hiérarchique, qui décide de la suite des événements depuis sa résidence aux Etats-Unis.
Car voilà le paradoxe fort bien mis en exergue par le cinéaste: la Terre est devenue un village modelé et transformé par des gens qui ne cernent bien souvent pas du tout la réalité du terrain. Russel Crowe incarne ainsi un Ed Hoffman boursouflé de cynisme, l’oreillette en permanence à l’oreille pour donner ses ordres et décider de la vie ou de la mort d’inconnus, tout ou s’adonnant à ses activités quotidiennes.
A l’opposé, Ferris –remarquablement interprété par un Di Caprio une nouvelle fois totalement investi par son rôle- se retrouve en butte à une administration américaine bornée incapable de faire la part des choses et suscitant en fin de compte plus de haine que le respect qu’elle tente vainement d’imposer.
Bourré d’atmosphère et bénéficiant de solides scènes d’action, Mensonges d’état n’est certes pas le premier film de la vague «post-11 septembre», mais, sans mentir, il n’en constitue pas moins une réussite.