c comme cinéma

dimanche, mai 31, 2009

UN HOMME ET SON CHIEN ♦♦♦♦
Réalisation. FRANCIS HUSTER
France – 2008 – 94 min.
Drame

LE MAGNIFIQUE, PLUS FORT QUE JAMAIS

Jeanne, une veuve séduisante, annonce à Charles, un vieil homme affaibli par les épreuves des ans, qu’elle va se remarier et le met de ce fait à la porte de chez elle. Elle fut sa maîtresse à la mort de son mari et l’avait jusque là hébergé dans sa grande demeure.
Face à ce nouveau revers, Charles ne peut guère compter que sur l’affection de son brave chien et de Leïla, la jeune employée de maison enceinte d’un garcon qui ne veut pas assumer ses responsabilités.
Sans autre resource qu’une maigre pension, la rue attend Charles et son compagnon canin. Aucune main ne se tend vers lui et sa dignité l’empêche de tendre la sienne.

Le choc est rude! D’autant plus qu’il est inattendu… Qu’espérait-on en effet de ce remake de Umberto D. que Vittorio De Sica tourna en 1952? Revoir Belmondo au cinéma, tout au plus…
Mais justement, Belmondo crève l’écran. Il est là, malgré les séquelles indélébiles de l’accident cérébral qui le foudroya il y a quelques années. En partie paralysé, l’élocution parfois chancelante, mais là et bien là, éblouissant avec son long manteau noir dans le rôle de ce vieil homme abandonné dont quasiment le seul réconfort est la présence d’un chien, fidèle partenaire des bons et des mauvais jours.
Bouleversant, tout en ayant gardé son regard malicieux d’autrefois et quelques bons mots en réserve, l’acteur multiplie les scènes empreintes d’une grande émotion. Une leçon de vie qu’il partage, grâce à Francis Huster, avec un nombre impressionnant d’anciennes gloires du cinéma conviées au générique et que le réalisateur vieillit et fragilise à dessein pour mieux pointer du doigt et de façon cinglante cette société qui ne veut plus assumer ses vieux. Max Von Sydow en malade d’Alzheimer, Jean-Marc Thibaut et Charles Gérard en SDF à la soupe populaire, …, c’est osé mais terriblement efficace.
Difficile de ne pas sentir la gorge se nouer à plusieurs reprises face à cette leçon d’humanité filmée par un Francis Huster très inspiré. Bébel ne fera plus jamais de cascades ni de combats, mais Belmondo nous décroche un uppercut en pleine figure. La rumeur le disait diminué par la maladie; il est en fait plus fort que jamais.