c comme cinéma

dimanche, mai 31, 2009

THE VISITOR ♦♦♦
Réalisation. THOMAS MCCARTHY
USA – 2008 – 105 min.
Comédie dramatique

(IN)HOSPITALITÉ

Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l’enseignement depuis la mort de sa femme. Menant une vie routinière, il tente de combler le vide de son existence en pratiquant le piano, mais sans grande motivation.
Lorsqu’il doit se rendre à contrecoeur à Manhattan pour y assister à une conférence, Walter a la grande surprise de constater qu’un couple s’est installé dans l’appartement qu’il possède là-bas.
Victimes d’une escroquerie immobilière, Tarek, d’origine syrienne, et Zainab, sa petite amie sénégalaise, sont deux immigrés illégaux. Walter, après réflexion, accepte de laisser les deux jeunes gens habiter chez lui temporairement.

L’Amérique de l’après 11 septembre n’a pas fini d’inspirer les cinéastes. Parmi eux, Thomas McCarthy a développé un superbe film sobre et touchant sur les paradoxes de ce grand pays prônant la liberté mais gangrené par ses démons sécuritaires au point de considérer ses immigrés –illégaux ou non- comme des terroristes potentiels.
Ce constat reste inscrit en permanence en toile de fond de ce qui est avant tout une histoire d’amitié improbable entre un prof sur le retour, qui traîne son ennui et sa solitude jusqu’à ce qu’il tombe sur des locataires inattendus qui vont lui rendre le goût à la vie.
Lui –magnifique Richard Jenkins- va alors s’ouvrir à la culture de l’autre, ce clandestin syrien –remarquable Haaz Sleiman- dont le talent à la pratique du djembé va faire tomber les barrières entre les deux hommes.
Le contraste n’en devient dès lors que plus brutal: deux hommes, désormais amis, confrontés à un système qui ne tient pas compte de l’individu mais bien d’une menace dans sa globalité. Et l’Américain de prendre soudain conscience de l’absurdité et de la honte qu’incarne l’administration bornée qui est la sienne.
Sans jamais verser dans le larmoyant ou la leçon de morale, malgré sa condamnation évidente de l’Amérique de Bush, The visitor est profondément humain d’un bout à l’autre. La dernière image, riche en symboles, conclut avec force le propos de ce film qui nous rend une visite qu’on n’est pas près d’oublier.