c comme cinéma

lundi, mars 30, 2009

KHAMSA ♦♦
Réalisation. KARIM DRIDI
France – 2008 – 99 min.
Drame

BANLIEUE SUD-EST

Placé dans une famille d’accueil par mesure de protection, Marco, onze ans, fugue pour retrouver le camp gitan ou vit son père et dans lequel il a grandi. Rien ne semble avoir changé depuis son départ, depuis les plongeons dans le chantier naval de l'Estaque aux parties de cartes nocturnes et les combats de coqs...
Avec son cousin, le nain Tony, Marco rêve de faire fortune et de partir en Espagne. En attendant, il fait les quatre cents coups avec son ami d'enfance. Un jour, ils rencontrent Rachitique, un jeune Arabe d'une cité voisine. Très vite, le trio inconscient passe du vol de scooter au cambriolage de maison.

Le Marseille de Karim Dridi, ce n’est pas Plus belle la vie, bien au contraire. C’est même le reflet d’existences bien sombres qu’il livre à notre regard, celles de mômes pour qui le monde se limite aux frontières de leur camp de caravanes, de ghettos ethniques qui ne veulent pas dire leur nom et où la loi du plus fort est clairement d’application.
C’est ainsi qu’il décrit une réalité sociale largement ignorée, par le biais de jeunes acteurs amateurs qui peuvent de ce fait mieux que quiconque retranscrire à l’écran les frustrations et le règne de la débrouille qui font partie de leur quotidien. Acteurs dès lors parfois maladroits, mais parmi lesquels se dégagent quelques tronches marquantes.
La khamsa, qui signifie “cinq” en arabe, est aussi le symbole de la main de Fatima, un signe porte-bonheur. D’où le décalage entre ce médaillon qui ne quitte pas le jeune héros et l’univers sans grand espoir dans lequel il évolue.
Car entre petite délinquance et errances sans fin dans des terrains vagues en bord d’autoroute ou le long d’usines désaffectées, Khamsa ne respire pas la joie de vivre, loin s’en faut. D’autant que Dridi, restant fidèle jusqu’au bout à sa ligne de conduite, ne tient pas à rassurer le public dans un final qui laisse de nombreuses interrogations. Un réalisme parfois assez dur, presque plombant par moments, mais qui ne manque pas d’interpeller.