c comme cinéma

lundi, mars 30, 2009

MARTYRS ♦♦
Réalisation. PASCAL LAUGIER
France – 2008 – 100 min.
Horreur

DERNIÈRE EXTRÉMITÉ

Quelque part en France , au début des années 70. Lucie, une petite fille de dix ans disparue quelques mois plus tôt, est retrouvée errante sur la route. Son corps maltraité ne porte aucune trace de maltraitance sexuelle. Traumatisée, incapable d’expliquer ce qui lui est arrivé, les raisons de son enlèvement restent mystérieuses.
Quinze ans ont passé. Une matinée tranquille chez une famille ordinaire. Alors qu’on sonne à la porte , le père va ouvrir et se retrouve face à face avec une jeune femme armée d’un fusil de chasse. C’est Lucie, persuadée d’avoir retrouvé son bourreau. Sans hésiter, elle tire.

Les visages décomposés à la sortie de la salle en disaient long: Martyrs est à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, sous peine de ne pas apprécier à sa juste valeur le travail de Laugier, dont le graphisme et le déchaînement d’horreur pure ne sont pas sans évoquer les premiers Wes Craven ou le Dario Argento de la grande époque.
Les amateurs du genre ne pourront en effet que se féliciter de voir le cinéma français aborder un registre aussi délicat: le récent Frontière(s), avec Samuel Le Bihan et une étonnante Estelle Lefébure, allait déjà dans ce sens.
Martyrs, quant à lui, franchit encore un palier supplémentaire. Le choc est rude, éprouvant, d’autant que l’interprétation sans concession des deux actrices principales, Mylène Jampanoï et Morjana Alaoui, imprègne une violence encore plus implacable à une mise en scène déjà fortement gratinée.
Les âmes sensibles ne résisteront pas longtemps aux scènes de torture et autres cruautés infligées aux heroïnes; les amateurs de gore, eux, attendront le dénouement pour saisir pleinement la justification de ces sévices.
Une dernière séquence tout aussi corsée se charge de conforter le malaise qu’on ressent inévitablement devant un spectacle aussi délicat: voyeurisme poussé à l’extrême? Plutôt l’expression d’un style très particulier à apprécier uniquement entre gens avertis. Ces précautions essentielles étant prises, la vision de Martyrs n’aura rien d’un calvaire.