c comme cinéma

mercredi, juillet 29, 2009

L’ÉTRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON
(The curious case of Benjamin Button)
(2 étoiles)
Réalisation. DAVID FINCHER
USA – 2008 – 155 min.
Drame fantastique

UN HOMME SANS ÂGE

Quel curieux destin que celui de Benjamin Button! Dès sa naissance, il apparut qu’il ne serait pas quelqu’un comme les autres. Et pour cause: venu au monde avec le visage d’un vieillard de 80 ans, il fut abandonné par un père trop effrayé à l’idée d’élever un garçon pas comme les autres.
Ainsi, au fil de son enfance et de son adolescence, le physique de Benjamin ne cessa de rajeunir. Condamné à vivre dans un corps dont l’horloge interne s'est inversée, Benjamin fut bien obligé de s’accoutumer à sa différence au gré de ses rencontres et des événements qui jalonneront son existence.

David Fincher se démarque cette fois singulièrement du thriller –dans lequel il excelle- pour se plonger dans une fresque fantastico-romantique centrée autour d’un homme dont la croissance s’effectue à l’envers.
Or, à l’instar de Coppola et de L’homme sans âge, le réalisateur reste en partie bloqué par l’importance de l’enjeu, ne sachant visiblement trop quel aspect privilégier tant la matière à traiter était vaste.
Ainsi, Fincher imprime une atmosphère empreinte de mélancolie et de nostalgie à la pellicule, de même qu’il se livre à une réflexion sur le temps qui passe inéluctablement, laissant plus d’une fois l’émotion se frayer un chemin au fil des séquences décrivant l’amour impossible de deux êtres qui ne peuvent vieillir ensemble, puisque l’un des deux rajeunit constamment.
Mais la photographie superbe et les effets spéciaux étonnants qui transforment radicalement le joli couple Brad Pitt-Cate Blanchett –tous deux par ailleurs impeccables- ne suffisent pas entièrement à gommer le sentiment diffus que Fincher n’a pas su donner le relief nécessaire à son récit, à force de naviguer trop souvent entre réalisme et naïveté et de rallonger inutilement la sauce d’un film qui aurait grandement gagné en intensité s’il avait duré trente minutes de moins (d’autant que c’est d’une nouvelle, et non d’un roman, qu’il est tiré). Etrange histoire et étrange réalisation que celle-ci, qui fascinent tout autant qu'elles agacent.