c comme cinéma

mercredi, février 28, 2007


CASINO ROYALE
Réalisation. MARTIN CAMPBELL
USA/Grande-Bretagne – 2006 – 138 min
Espionnage

UN GRAND BOND EN ARRIERE

L’agent le plus célèbre de Sa Très Gracieuse Majesté a pris un fameux pli dans le smoking ! Révolution de palais oblige, les producteurs se sont crus obligés de tout bouleverser pour en revenir soi-disant aux racines de la série.
Premier choc à encaisser : son nom est désormais Craig, Daniel Craig. Exit Pierce Brosnan, qui a emporté dans ses bagages son charme, son flegme délicieusement british et son humour imparable. Son successeur, aussi doué soit-il, ne lui arrive pas à la cheville, tout simplement parce qu’il n’a pas le physique d’un Bond… ni les habitudes : voilà que 007 ne fume plus, boit peu, et devient presque fleur bleue avec les dames. Ce qui s’explique par le fait que Casino Royale est le tout 1er récit de Ian Fleming. D’où un paradoxe d’autant plus grand pour une franchise cinéma qui en est à son 21e volet !
Deuxième point noir dans les rangs du MI6 : l’escamotage quasi-total des gadgets qui étaient pourtant l’apanage de chaque film depuis bien longtemps. Il y avait certes eu surenchère dans les derniers numéros, mais de là à tout ranger au placard –y compris John Cleese, un Q pourtant très drôle-, le contraste est violent.
La remarque vaut aussi pour Miss Moneypenny, mise au chômage technique, ou encore pour la célèbre musique et le fameux « Mon nom est Bond… » qui collent depuis toujours à la série et qui ne retentissent que… dans les dernières secondes !
Désossée à l’extrême, la mise en scène se contente donc, entre quelques séquences d’action réussies, de nous entraîner dans une interminable partie de poker avant de larguer les amarres à Venise où le remake du final de Au service secret de Sa Majesté n’est pas loin de la lagune…
Bien sûr, certains se réjouiront que Martin Campbell soit allé à l’essentiel et ait insufflé du sang neuf à cette série mythique. Mais pour les inconditionnels, cette mission-ci ressemble plutôt à un grand bond en arrière qui, tel un Martini mal préparé, à la couleur d’un Bond, le goût d’un Bond, mais n’est pas tout à fait un James Bond.