c comme cinéma

dimanche, novembre 30, 2008

LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE ♦♦♦
Réalisation. RÉMI BEZANÇON
France – 2008 – 113 min.
Enfants admis

LA VIE COMME ELLE VA

Certainement une des plus belles sorties de l’été, Le premier jour du reste de ta vie est une jolie tranche d’existence, quelques morceaux choisis de la vie, de notre vie, dans lesquels chacun y reconnaîtra une partie de soi-même, ce qui démontre d’autant mieux l’efficacité de l’histoire.
Etalé dans le temps, le récit s’attache donc à chacun des cinq personnages principaux, que le réalisateur ne filme jamais de la même façon. Riche en références comme en trouvailles, le scénario mélange avec une grande habileté rire, tendresse et émotion au fil d’une chronique familiale et de ses joies et ses peines, ses incompréhensions et ses réconciliations.
Encore fallait-il que l’alchimie prenne entre les acteurs réunis pour l’occasion. Et Bezançon a vu très juste en conviant un formidable Jacques Gamblin en père de famille, une épatante Zabou Breitman en délicieuse maman-poule, une Déborah François bluffante de réalisme en ado de 16 ans (elle qui en a 21), un Pio Marmaï peu connu mais plus pour longtemps, et un délicieux Marc-André Grondin pour compléter ce clan si bien constitué. Sans oublier la présence du grand-père, sublime Roger Dumas dont la confrontation avec le fils donne lieu à quelques moments très forts.
Plusieurs visions ne seront pas de trop pour apprécier pleinement cet excellent travail ; du cinéma français comme on aimerait en voir très souvent avec son charme, sa naïveté et sa fraîcheur. Et une sortie qui mériterait de figurer parmi les dates marquantes de la vie cinématographique.

MAX LA MENACE
(Get Smart)
Réalisation. PETER SEGAL
USA – 2008- 110 min.
Comédie

UNE FAIBLE MENACE

Nostalgie au programme et plongeon dans les souvenirs télévisés, au bon vieux temps de Max la menace, tel que les années 60 nous l’avaient laissé. Mais alors, pourquoi diable les scénaristes de ce long-métrage n’ont-ils pas choisi l’option gagnante de leurs collègues d’OSS 117: le Caire, nid d’espions?
Il aurait été en effet tellement plus savoureux de laisser le héros à son époque, pour retrouver le carton pâte et les trucages à deux balles d’alors, ainsi qu’une ambiance délicieusement décalée donnant d’autant plus de relief aux gags à consonnance géopolitique.
Il faudra hélas se contenter de brefs clins d’oeil: l’ancienne voiture de Max et le célèbre générique de la série réapparaissent, de même que le cône de silence que tous les fans se remémorent avec le sourire.
Mais l’atmosphère contemporaine enlève aux personnages et aux situations une bonne dose de leur saveur, de même que la mise en scène trop plate. Steve Carrell a beau reprendre bon nombre des attitudes gaffeuses et des actions calamiteuses de l’agent secret, il ne peut porter à lui seul tout le succès de l’entreprise. D’autant que sa partenaire, Anne Hathaway, trahit la nature première de l’agent 99, à l’origine bien moins émancipée et plus admirative de Max.
Quelques bons gags et plusieurs cameo sauvent la mission, mais pas assez pour arriver à la hauteur du modèle. Encore une adaptation de série bancale: la menace n’assure pas un max!

LE CHEVALIER NOIR
(The Dark Knight)
Réalisation. CHRISTOPHER NOLAN
USA – 2008 – 147 min.
Fantastique

NUIT NOIRE SUR GOTHAM

Christopher Nolan et Christian Bale rempilent pour cette suite à un Batman begins que nous avions trouvé bien décevant. C’est qu’il faut accrocher au style du réalisateur, qui se démarque à nouveau en imprimant une couleur noire d’encre à un Batman décidément bien loin du comic book pour jeunes.
Et le fait est que ce super héros ravira à coup sûr les défenseurs d’une Amérique ultra-sécuritaire, tant l’accent est mis sur le nettoyage d’une ville rongée par le crime. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, y compris une débauche impressionnante d’effets spéciaux et de scènes d’action particulièrement soignées et qui constituent un des deux meilleurs aspects du film.
Mais à part ça, que reste-t-il de la fantaisie et de l’inventivité autour du personnage principal? Pas grand-chose: l’homme chauve-souris devient tour à tour James Bond face à une kyrielle de gadgets, et Dark Vador quand il adopte une voix grotesque de bronchiteux chronique chaque fois qu’il endosse sa cape. Ce qui n’est pas à l’avantage de Christian Bale, noyé dans une intrigue complexe et bien trop longue. Tellement longue qu’elle provoque souvent l’ennui, au fil des causeries sans fin censées approfondir la psychologie des intervenants.
Quel est alors le deuxième meilleur aspect de ce Chevalier noir? Sans conteste la sublime interprétation du regretté Heath Ledger, transcendant en Joker effrayant de cruauté et qui éclipse sans mal ses partenaires. Dommage que Nolan n’ait pas réussi son film autant que Ledger a réussi ce qui allait hélas devenir sa sortie définitive.

VINYAN 0
Réalisateur. FABRICE du WELZ
France/Belgique – 2008 – 95 min.
Drame fantastique

QUEL CALVAIRE !

Fabrice du Welz s’était fait remarquer avec son premier film, Calvaire. Mais c’est plutôt à un long chemin de croix que ressemble son second long métrage ! Hormis qu’il ne s’y passe rien pendant plus d’une heure –si ce n’est voir Emmanuelle Béart et Rufus Sewell déambuler hagards dans les ruelles thaïlandaises et dans des villages birmans paumés- il faut ensuite se coltiner au final une incursion vers du fantastique réchauffé, vaguement agrémenté d’un éclairage imaginatif, seul point positif de la mise en scène.
Le cinéaste, de son propre aveu, rend un hommage évident à un certain cinéma paranoïaque des années 70. Si ce n’est que Vinyan passe totalement à côté de son sujet, hésitant tellement longtemps entre réalisme et fantastique que lorsque ce dernier domaine est enfin abordé, le tout vire au grotesque absolu. Le réalisateur aurait mieux fait de laisser les esprits là où ils sont : il pensait rendre son film angoissant, il l’a surtout rendu exaspérant d’un bout à l’autre !

APPELEZ-MOI DAVE
(Meet Dave)
Réalisation. BRIAN ROBBINS
USA – 2008 – 90 min.
Comédie fantastique

VAISSEAU SPÉCIAL

Un peu dans la veine de Jerry Lewis et de sa Mince de planète, Eddie Murphy joue la carte extraterrestre et débarque sur notre bonne vieille Terre. Si ce n’est que l’acteur a depuis longtemps perdu la veine comique qui fut jadis la sienne, et que la plupart de ses apparitions desservent les films dans lesquels il apparaît.
Appelez-moi Dave ne fait pas exception à la règle, malgré un concept plutôt divertissant et pas trop mal fignolé au niveau des effets spéciaux. Le principe d’un vaisseau spatial en forme d’être humain et gouverné par de minuscules extraterrestres est en effet le prétexte idéal à une rencontre divertissante entre deux mondes très différents et les quiproquos qui s’en dégagent inévitablement.
Mais raide comme un piquet du début à la fin, Murphy surjoue beaucoup trop pour bien faire comprendre, si besoin en était, qu’il incarne un visiteur de l’espace. Se prenant visiblement pour le Capitaine Kirk de Star Trek, il aurait mieux fait de se concentrer sur l’aspect comique de son personage au lieu de cabotiner à tout bout de champ.
Reste donc quelques scènes intéressantes, mais l’impression qui prévaut est qu’un tel scénario aurait du donner lieu à bien plus de rebondissements et de ressort comique. Les enfants y trouveront probablement quelques moments agréables et un message en guise de morale finale; les adultes, eux, regretteront que ce vaisseau très spécial ne soit pas un OVNI cinématographique autrement plus captivant.

UNE CHANSON DANS LA TÊTE ♦♦
(Melodrama Habibi)
Réalisation. HANY TAMBA
France/Liban – 2008 – 98 min.
Comédie dramatique

UN PETIT 45 TOURS ET PUIS S’EN VA

Récompensé par le Prix du Public au Festival du film européen de Bruxelles, où il avait effectivement reçu un accueil enthousiaste des spectateurs, Une chanson dans la tête n’a pas volé cette distinction honorifique.
D’un point de départ improbable et un peu mince, Hany Tamba est en effet parvenu à développer un film léger, amusant et plein de charme. Jouant évidemment sur le contraste entre ce Français paumé au Liban et l’exubérance des autochtones, mais sans pour autant trop forcer le trait, Melodrama Habibi réussit d'autre part à offrir un regard inhabituel sur ce pays trop longtemps martyrisé par la guerre civile.
Ainsi, sous l'apparente insouciance du récit se cachent fréquemment les douloureux souvenirs du conflit, habilement mis en image par quelques plans très sobres et pudiques, mais néanmoins lourds de symboles, à l’image de la séquence finale, dans laquelle le surréalisme imprimé à la scène résume en quelques instants tout un passé et un présent difficiles.
Tout n’est pas constamment de haute volée, de même que Tamba se répète parfois, mais le film se décline dans une atmosphère délicieusement kitsch, au gré des portraits pittoresques qu’il propose par l’intermédiaire d’un Patrick Chesnais convaincant en ancien artiste dépité par la vie et de ses partenaires du pays du Cèdre. Un joli moment de fraîcheur et de fantaisie, une mélodie bien agréable à écouter et à regarder.

MADE IN ITALY 0
Réalisation. STEPHANE GIUSTI
France – 2008 – 86 min.
Comédie

BASTA!

Vous serez peut-être induits en erreur à la lecture du synopsis, qui fait davantage penser à un drame qu’à une comédie. Eh bien il y a un peu de ça: une comédie aussi dégonglée que celle-là, c’est en effet franchement dramatique!
Il n’y a pas que le héros de l’histoire a être déboussolé, d’ailleurs: le spectateur l’est aussi en permanence, devant l’incapacité totale de Stéphane Giusti à faire rire, tant son film est plombé par une lourdeur pénible qui se traîne 86 minutes durant.
Pensant s’inspirer de la comédie à l’italienne, le réalisateur compose surtout une bouffonnerie indigeste, dans laquelle le pourtant talentueux Gilbert Melki patauge tout autant que ses partenaires, courant derrière des situations comiques qui font flop à chaque fois.
Pour ne rien arranger, plusieurs personnages vont et viennent sans qu’on ne comprenne le moins du monde la raison de leur présence, et le récit se noie complètement dans le parmesan au fur et à mesure que Made in Italy (au titre… anglais, faut le faire!) accumule les clichés grotesques sur la Grande Botte et ses habitants.
Résultat de cette fameuse perte de temps: un voyage loupé, et une cacophonie qui flanque la migraine malgré la courte durée du film. Arrivederci Italia, e basta!

PENELOPE ♦♦
Réalisation. MARK PALANSKY
USA – 2006 – 101 min.
Fantastique

UNE JEUNE FILLE QUI A DU NEZ

Même si Pénélope s’adresse de toute évidence davantage à un jeune public, il ne manque pas de bons moments, d’autant plus qu’il délivre un message universel toujours bon à propager auprès des ados en pleine croissance: il faut savoir s’accepter tel que l’on est, petit ou grand, baraqué ou gringalet, beau ou moche, …, et surmonter ses petites imperfections physiques en faisant preuve de caractère. Pas inutile à rappeler à une époque où le paraître a pris une telle importance dans notre société!
La charmante Christina Ricci passe donc l’essentiel de l’histoire affublée d’un groin de cochon disgrâcieux, dans l’attente du prince charmant qui la délivrera de cet étrange appendice nasal. Un conte de fées réunissant tous les ingrédients du genre, avec ses rebondissements et son inévitable happy end.
Même si on ne s’ennuie pas, la mise en scène n’évite toutefois pas quelques baisses de rythme et un manque de dynamisme au milieu du récit, mais reprend tout de même quelques forces lorsque l’héroïne décide de prendre son destin en main et d’affronter le monde extérieur.
On se surprend ainsi à constater que le défaut physique de son personnage ne se remarque quasiment plus en fin de parcours, ce qui démontre in fine l’efficacité du propos! Un film sans prétention, mais qui ne manque pas de flair.

SUPER HÉROS MOVIE ♦♦
(Superhero Movie)
Réalisation. GRAIG MAZIN
USA – 2008 – 85 min.
Comédie

PAS NULLE , LA LIBELLULE!

Un supéros appelé Dragonfly (libellule)?... C’est désormais toujours avec les précautions d’usage qu’on aborde la vision d’une parodie, tant ce style de cinéma s’est fait essorer ces dernières années dans des productions absolument pas marrantes pour un sou et où Leslie Nielsen est omnipresent, cantonné qu’il est désormais à ces rôles qui ont fait sa gloire dans tous les Y a t-il…?
Bonne surprise dès lors que ce Super héros movie pas flamboyant d’originalité, certes, mais néanmoins régulièrement amusant pour la version très personnelle qu’il donne des personnages dotés de pouvoirs phénoménaux.
Si c’est essentiellement Spiderman qui se voit brocardé ici, la panoplie de bien d’autres personnages de la Marvel, tels les X men, sont également au rendez-vous. Mais d’autres acteurs bien réels font aussi leur apparition… ou du moins leurs saisissants sosies, tel celui de Tom Cruise, plus vrai que nature.
Ajoutez à cela la ravissante frimousse de Sara Paxton, et le mélange prend plutôt bien, au détour de nombreux gags visuels assez sympas et d’autres plaisanteries pas très légères, certes, mais excusées par la bonne tenue d’ensemble.
Un bon produit pop corn qui n’aura peut-être pas amené des nuées de libellule lors de sa sortie en salle mais qui devrait trouver ses amateurs lors de la sortie DVD.

RIEN QUE POUR VOS CHEVEUX 0
(You don’t mess with the Zohan)
Réalisation. DENNIS DUGAN
USA – 2008 – 113 min.
Comédie

À S’ARRACHER LES CHEVEUX

Il en est de certains comiques comme de certains mystères insolubles: dans le cas d’Adam Sandler aux Etats-Unis (ou d’Eric et Ramzy en France ), la question se pose toujours de savoir ce qui fait se déplacer les foules à la rencontre des films navrants dans lesquels se commet l’acteur.
Et ce n’est hélas pas Rien que pour vos cheveux qui déroge à la règle! Consternant de connerie, le scénario se croit drôlissime en transformant un agent du Mossad –qui plus est doté de pouvoirs qu’aucun super héros ne rechignerait- en un brave coiffeur exilé incognito à New York . Comme idée de départ, c’est plutôt… tiré par les cheveux, et ce ne sont pas les situations ridicules dans lesquelles le personnage évolue qui change la donne, bien au contraire.
D’autant que le déroulement de l’histoire laisse plus d’une fois suspicieux: faut-il interpréter au premier ou au deuxième degré les nombreuses scènes où les braves agents israéliens flanquent une dérouillée aux méchants pas beaux Palestiniens? Une comédie efficace aurait vite levé le voile sur ses intentions; le présent navet laisse planer le doute un bon moment, avant de diffuser un message plus clair en fin de partie.
Là où le doute n’est en tout cas pas permis, c’est sur la bêtise crasse véhiculée par ce qu’on ose à peine appeler une comédie, tant cette chose est ridicule à pleurer! Décoiffant de stupidité, Rien que pour vos cheveux donne surtout envie de se les arracher!

HANCOCK ♦♦
Réalisation. PETER BERG
USA – 2008 – 92 min.
Fantastique

DE SUPER ZÉRO À SUPER HÉROS

Hancock est bien à l’image des super héros: à deux visages. Un visage assez attrayant dans un premier temps, quand Peter Berg détruit le mythe du personnage sans faille qui vole au secours de la veuve et de l’orphelin. Certes, Hancock défend la société contre les criminels, mais mène une telle vie de bâton de chaise que ses interventions entraînent souvent des destructions conséquentes du bien public.
Rustre, beurré plus souvent qu’à son tour et se foutant éperdument de ce qu’on pense de lui, le personnage casse ainsi les conventions avec bonheur, offrant un décalage amusant, servi par ailleurs par de forts bons effets spéciaux.
Tout cela baigne donc dans une atmosphère politiquement incorrecte qu’on se réjouit toujours de voir dans une production américaine. Berg, il est vrai, s’était déjà escrimé dans le récent Le royaume, au registre fort différent , à écorner de façon plus subtile qu’il n’y paraissait de prime abord l’interventionnisme et la toute-puissance américaine.
La seconde moitié du film voit néanmoins une transformation radicale s’opérer. Le propos devient bien plus sérieux, plus sobre, et du coup, moins percutant.
Le principal centre d’intérêt se situe autour de la confrontation entre Will Smith et Charlize Theron, mais tout ce qui faisait l’attrait de la première partie s’évanouit en même temps que Hancock tend à devenir comme tout le monde. L’intrigue se traîne même un peu vers la fin, preuve que, décidément, aucun super héros n’est parfait.