c comme cinéma

jeudi, octobre 01, 2009

LES PLAGES D’AGNÈS ♦♦♦
Réalisation. AGNÈS VARDA
France – 2008 – 110 min.
Documentaire

QUI VIVRA, VARDA!

A l’aube de ses 80 ans, Agnès Varda décide de revenir sur les plages qui ont marqué sa vie, que ce soit à Noirmoutier, en Californie ou même à Knokke-Le-Zoute. Knokke en effet, car c’est en Belgique que la réalisatrice est née et a grandi jusqu’au début de la Seconde Guerre Mondiale.
Cinéaste novatrice dans les années cinquante, compagne de Jacques Demy jusqu’à la mort de ce dernier, engagée au sein du mouvement féministe, voyageuse au long cours en Chine, aux USA, à Cuba, productrice indépendante: la carrière et l’existence d’Agnès Varda ont été bien remplies.

«Ce n’est pas raisonnable!» Tel fut le premier commentaire d’Agnès Varda en recevant le troisième César de sa carrière, persuadée qu’elle était que la récompense irait au documentaire fort émouvant de Sandrine Bonnaire Elle s’appelle Sabine.
C’est pourtant bien Les plages d’Agnès qui est reparti avec le trophée, et on ne peut que s’en réjouir pour cette vieille dame très digne, pimpante octogénaire dont le dernier film se veut une oeuvre testamentaire puisqu’il recouvre l’ensemble de sa riche carrière.
Mais point d’éloge funèbre dans l’objectif de Varda! Fidèle à elle-même, son évocation se veut joyeuse, empreinte d’une fraîcheur nostalgique et de l’esthétisme si particulier de la cinéaste. Le patchwork mélange allègrement images d’archives, extraits de films précédents, aborde sans embarras les bides comme les succès, revient sur les coulisses de plusieurs tournages en les agrémentant d’anecdotes, et bien entendu, parcourt les plages de sa vie –au propre comme au figuré- en guise de fil rouge à chaque séquence.
Davantage qu’un auto-portrait, Les plages d’Agnès sont aussi celles de Jacques Demy, partenaire regretté, et de toute sa famille. Une famille par le sang, certes, mais aussi une famille de travail, au travers de la maison de production Tamaris qui depuis un demi-siècle produit les films de Varda, parfois avec des bouts de ficelle mais en lui assurant cette indépendance à laquelle elle tient farouchement.
Assurant la narration avec sa voix reconnaissable entre toutes, Agnès égrène sa vie avec simplicité, humilité et une créativité intacte. Une petite dame, mais une très grande dame!

HISTOIRES ENCHANTÉES
(Bedtime Stories)
Réalisation. ADAM SHANKMAN
USA – 2008 – 109 min.
Comédie fantastique

SANDLER LIT AU LIT

Peu avant sa mort, Marty Bronson, propriétaire d’un hôtel et élevant seul ses deux enfants, est obligé de vendre l’établissement à Barry Nottingham, en faisant toutefois promettre à ce dernier de nommer son fils, Skeeter Bronson, comme manager de l’hôtel une fois celui-ci devenu adulte et apte à gérer les lieux.
Les années ont passé et Skeeter a bien grandi, mais loin d’être devenu gérant, il sert plutôt d’homme à tout faire au service de Nottingham . Devant s’occuper pendant quelques jours des deux enfants de sa soeur, Skeeter entreprend de leur raconter des histoires au moment du coucher. Des histoires qui vont se révéler avoir une influence étonnante sur sa vie.

«Tous aux abris!» serait-on en droit de penser à l’idée de retrouver le calamiteux Adam Sandler, surtout après le récent Rien que pour vos cheveux dont le titre seul en disait long quant à son niveau…
Et pourtant, miracle de Noël sans doute (le film étant sorti à ce moment-là), l’acteur trouve ici un rôle bien plus sobre que d’habitude, et trouve à ses côtés un Guy Pearce pourtant peu coutumier des histoires destinées à un jeune public.
Pour autant, Histoires enchantées n’atteint pas les sommets et constitue une production Disney trop gentiment formatée pour les mômes alors que le potentiel de départ aurait pu être plus richement exploité.
Shankman, en effet, réussit à parodier assez efficacement bon nombre de titres célèbres -Star Wars entre autres- pour imager les histoires inventées par le héros, mais est moins percutant lorsqu’il s’agit de les transposer dans le réel. Car l’astuce du scénario est là: les histoires que le héros imagine pour les enfants se concrétisent le lendemain dans sa vraie vie!
Et c’est là que le bât blesse, ces transpositions du rêve à la réalité étant trop peu emballantes, et très convenues. Du coup, pour compenser la faiblesse du récit, la dernière partie lache davantage la bride de Sandler qui ne peut s’empêcher par moments de retomber dans ses travers. Ces aimables histoires enchantées n’enchanteront dès lors pas un énorme public, à l’exception peut-être des tous jeunes enfants à qui s’adresse le film.

THE FALL
Réalisation. TARSEM SINGH
USA/Inde – 2006 – 117 min.
Drame/Fantastique
Enfants admis

PLUS DURE SERA LA CHUTE

Les environs de Los Angeles , dans les années 20. Alexandria , une petite fille en convalescence dans un hôpital où elle est soignée après s’être cassé le bras, fait la connaissance de Roy Walker, un cascadeur paralysé des jambes suite à une grave chute.
A la demande de la fillette, Roy commence à lui raconter une histoire épique qui l’entraîne à une époque reculée. Les jours passent mais Alexandria ne manque pas de revenir voir son nouvel ami pour écouter avec la plus grande attention la suite du récit que Roy invente au fur et à mesure.

Bien des années se sont écoulées depuis l’excellente surprise de The cell, où Jennifer Lopez évoluait dans un thriller esthétique des plus réussis.
L’esthétique, justement, semble être plus que jamais le maître-mot du réalisateur hindou, lui qui développe un récit dont l’essence même est clairement la recherche d’une pureté visuelle quasi absolue. De fait, l’univers imaginaire qui se développe sous nos yeux est éblouissant au fil du conte que le personnage principal imagine pour la fillette.
Un conte, donc, mais à deux lectures! Car en naviguant entre le réel et l’irréel, le récit apparemment enfantin cache une subtilité le rendant bien moins innocent qu’il n’y paraît…
Mais que toute cette pureté visuelle peut paraître vaine lorsqu’un film se traîne autant en longueur que celui-ci! Sur un rythme ronronnant propice à la sieste, The fall ne parvient jamais à s’insuffler la passion nécessaire pour rendre l’histoire fascinante. La beauté en devient profondément ennuyeuse, preuve qu’une réussite technique n’est pas forcément synonyme de scénario captivant. Singh échoue donc là où il avait précédemment réussi avec The cell. La chute («the fall») n’en est que plus brutale.