c comme cinéma

mardi, mai 13, 2008


BLINDSIGHT ♦♦
Réalisation. LUCY WALKER
Grande-Bretagne – 2006 – 104 min.
Documentaire

VUE IMPRENABLE

Il a de quoi être souvent étonné en découvrant à quel point certaines personnes arrivent à surmonter leur handicap pour accomplir des exploits remarquables. Les jeunes Tibétains non-voyants partis à l’assaut de l’Everest sont de cette trempe là, eux qui, incapables de visualiser la splendeur de la montagne, ressentent néanmoins sa beauté –et son danger- à travers leurs émotions et les efforts énormes consentis pour la cause.
Lucy Walker, elle-même aveugle d’un oeil, suit donc pas à pas cette expédition hors du commun, composée d’alpinistes voyants ou non, et compose ainsi une ode au courage tout au long d’un documentaire alternant images superbes et moments plus intimistes du vécu de chacun des participants.
Se démarquant parfois du simple documentaire, la cinéaste choisit de s’attarder plus particulièrement sur l’un ou l’autre adolescent, afin de pointer du doigt la difficulté d’être aveugle dans une société qui rejette ce genre de handicap. Intention louable mais insérée pas toujours judicieusement entre deux séquences d’alpinisme. Une rupture de ton qui empêche parfois de se sentir complètement investis par le sujet principal.
Le voyage n’en reste pas moins à recommander, d’autant qu’il contient une leçon de modestie essentielle pour tous les apprentis montagnards: il n’y a aucune honte à échouer avant le but, l’important est l’effort accompli. Surtout avec une foi qui, comme ici, soulève bien des montagnes.


[REC] ♦♦♦
Réalisation. JAUME BALAGUERO
Espagne – 2007 – 85 min.
Horreur

HORREUR À TOUS LES ÉTAGES

Le nom de Balaguero est devenu synonyme de films d’épouvante, mais aussi de qualité, l’un n’allant pas toujours de pair avec l’autre dans ce genre de cinéma branché sur les frissons.
Voilà pourtant que le Señor réalisateur confirme son talent en enfermant ses personnages dans un immeuble pas franchement accueillant, puisque les locataires qui s’y retrouvent enfermés vont y passer un très mauvais quart d’heure!
Et tout cela sous l’oeil d’une caméra à l’épaule qui, façon reportage sur le vif, tressaille autant que le spectateur au fil des trucidations que connaît la joyeuse maisonnée.
D’où un coup de chapeau au cinéaste, qui parvient à conserver l’intérêt intact malgré l’espace narratif très étroit –un immeuble et une cage d’escalier- et un thème horrifique exploité maintes et maintes fois.
L’habileté vient aussi du fait que l’angoisse s’installe sans coup férir: le début de l’histoire est en effet des plus décontractés, puisque il ne se passe strictement rien, hormis les déambulations dépitées de l’héroïne en manque d’action.
Et alors qu’on redoute le nanar, le récit vire de bord en même temps qu’il referme les portes de ce qui va devenir un cercueil géant pour les malheureux pris au piège. Court, bien rythmé et affreusement pimenté: on reprendra volontiers un grand paquet de Balaguero, sauce andalouse!


BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS ♦♦♦
Réalisation. DANY BOON
France – 2007- 106 min.
Comédie

AH BEN TCHIENS!

C’est bien connu, les gens du Nord ont dans le coeur le soleil qu’ils n’ont pas dehors! C’est en tout cas le message que Dany Boon veut faire passer, et le bougre y parvient fort bien, mêlant rire et tendresse à travers le portrait attachant d’une région et de ses habitants.
Usant avec bonheur des clichés indécrottables sur les ch’tis, leur accent et leurs particularismes régionaux, l’histoire démarre sur les chapeaux de roue en accumulant les gags et parvient, tout en forçant régulièrement le trait, à ne jamais verser dans la grosse caricature lourdingue. Ce qui nous vaut de très nombreux moments savoureux, telles que la première confrontation de Kad Merad avec le patois du coin ou la découverte d’une baraque à frites!
Au fil du scénario, les moments drôles s’estompent un peu, partageant la scène avec une analyse plus proche des habitants et de leur manière d’être. Une démarche très personnelle d’ailleurs pour l’humoriste-réalisateur, originaire du Nord et ayant des liens avec la ville de Bergues.
Et quel plaisir de voir un casting en pleine forme, dont une Line Renaud étonnamment épatante, prendre visiblement beaucoup de plaisir dans ce voyage vers le Grand Nord ! Sans prétention aucune mais avec un réel talent comique, l’ami Boon a réalisé un ch’ti film au coeur grand comme cha!


LA SCONOSCIUTA ♦♦♦
Réalisation. GIUSEPPE TORNATORE
Italie -2006- 118 min
Thriller

REDOUTABLE INCOGNITO

Il aura fallu un temps fou pour que La Sconosciuta sorte enfin sur nos écrans après avoir été maintes et maintes fois repoussé à une date ultérieure. C’est pourtant un excellent thriller que celui-ci, mettant en scène une jeune femme que la vie n’a pas épargnée et qui poursuit de toute évidence un but très mystérieux.
Car c’est là toute l’habileté de l’histoire : parvenir à entretenir le doute jusqu’au bout en multipliant les pistes, tout en installant une atmosphère noire révélatrice du calvaire vécu par l’héroïne.
Tornatore s’y prend d’ailleurs avec beaucoup de talent pour mettre en scène l’itinéraire de la jeune femme, brossant celui-ci par des flash-back réguliers et visuellement assez durs, sans pour autant tomber dans un voyeurisme excessif. Exercice toujours périlleux que le cinéaste accomplit avec brio.
Dénonçant ainsi la traite des êtres humains, l’Italien a également réuni un superbe casting pour appuyer son propos et symboliser la noirceur de l’âme humaine: de la Russe Xenia Rappoport à l’inquiétant Michele Placido, tous les interprètes sont à l’unisson pour accrocher le spectateur pendant 2 heures et l’amener ainsi vers le « twist » final qui apporte enfin les réponses aux questions en suspens.
Belle preuve que le cinéma italien n’est pas mort, La Sconosciuta tient en haleine et méritait largement de ne pas rester plus longtemps inconnu chez nous.


ALIEN VS PREDATOR – REQUIEM 0
(Alien vs Predator 2)
Réalisation. COLIN & GREG STRAUSE
USA – 2007 – 94 min.
Horreur

UN VRAI ASILE D’ALIENS NÉS

Rien ne nous sera donc épargné! Alors qu’il avait déjà fallu subir une première rencontre confraternelle –enfin, beaucoup plus «con» que «fraternelle»- entre le jovial Predator et le non moins hilarant Alien, les producteurs ont décidé de remettre la sauce et d’envoyer les deux vieux camarades s’éclater sur Terre.
Mieux encore, histoire de ne pas tomber dans la routine, un nouveau monstre issu du croisement des deux bestioles fait son apparition, pour la plus grande joie des amoureux de la série. Du moins s’il y en a!
Car déjà qu’il fallait furieusement se gratter l’occiput à la recherche d’une parcelle d’originalité dans l’épisode initial, que dire de cette suite encore plus intersidéralement pitoyable? Pelant d’un bout à l’autre, le film est effrayant d’ennui entre deux grognements poussés par les belligérants et les personnages humains aussi plats que la minceur du scénario.
Une bonne moitié de l’action se déroulant par ailleurs dans la pénombre, il n’est pas toujours évident de distinguer qui bouffe qui ou ce que fabriquent les différents protagonistes de ce cirque grotesque.
Bof, on s’en fiche éperdument de toute façon: même à deux, les frères derrière la caméra n’ont rien su composer de mieux qu’une valse des Strause assez consternante dont il faut espérer qu’elle constitue bel et bien le requiem des aventures débiles de ce duo totalement improbable. R.I.P. !


THE FLOCK ♦♦
Réalisation. ANDREW LAU
USA – 2007 – 105 min.
Thriller

RICHARD GÈRE L’ENQUÊTE

Voilà qu’un des grands séducteurs de Hollywood tente le contre-emploi… et le réussit plutôt bien! Richard Gere, la cinquantaine finissante, adopte ici un profil assez étonnant d’homme vieilli et complètement désabusé dont le caractère rejaillit fortement sur sa manière d’enquêter.
La charmante Claire Danes apporte quant à elle sa fraîcheur et son enthousiasme pour contrebalancer la noirceur de son partenaire masculin, ce qui donne lieu à une confrontation intéressante entre les deux acteurs.
Bien plus qu’un simple thriller, The flock est surtout un bon film d’atmosphère. Lau imprègne à sa pellicule une photographie toute en nuances, de même qu’il transporte ses personnages dans des coins paumés, au coeur de l’Amérique profonde et de ses tares.
Tout au long de l’intrigue, la personnalité de l’agent Babbage est le principal centre d’intérêt: un comportement très “borderline” qui le rend par moments aussi peu recommandable que ceux qu’il surveille. Et démontre par la même occasion que la frontière entre bien et mal est souvent très floue, et qu’un rien suffit à la franchir.
Le film commence néanmoins à perdre de son intensité dès le moment où l’aspect thriller l’emporte sur l’étude de caractère. Car du même coup, Babbage et ses démons sont partiellement laissés de côté, alors qu’on souhaitait justement voir creuser bien davantage les mécanismes l’ayant amené à agir comme il le fait. Ce qui n’empêche pas Lau de gérer son sujet de façon globalement satisfaisante.


JUMPER
Réalisation. DOUG LIMAN
USA - 2007 - 95 min.
Fantastique

FAIBLE SAUT

Que devient donc Hayden Christensen depuis qu’il a rangé son masque et sa cape de Dark Vador au placard? Le jeune homme poursuit visiblement dans le domaine du fantastique, même si ce Jumper ne connaîtra sûrement pas le succès interplanétaire de Star Wars.
Car si l’idée de départ (la téléportation) est un sujet de science-fiction bien intéressant –les fans de Star Trek en savent quelque chose!- encore faut-il développer un scénario qui tienne suffisamment bien la distance.
Et on ne tarde pas à être vite déçus: hormis les sauts instantanés d’un point à l’autre du globe, et certains effets visuels bien fignolés, l’histoire est globalement d’une grande naïveté. Le héros est plutôt beau gosse, c’est vrai, mais la rapidité avec laquelle il emballe la fille qu’il n’a plus vue depuis des années est assez confondante. Cette dernière ne bénéficie d’ailleurs pas d’une interprétation très inspirée, pas plus que les autres seconds rôles. Et Samuel L. Jackson s’enfonce parfois également dans quelques séquences assez grotesques.
Casting plutôt foireux, donc? Mise en scène bancale, plutôt. Et histoire sans doute trop riche en potentiel que pour être expédiée manu militari en 95 minutes. A force de vouloir trop sauter d’un point à l’autre, le film ne prend pas le temps de se consacrer davantage à certains aspects importants. Ce n’est pas un saut dans le vide, mais Doug Liman aurait du prendre bien plus d’élan.


SWEENEY TODD, LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET
(Sweeney Todd – The Demon Barber of Fleet Street)
Réalisation. TIM BURTON
USA – 2007 – 115 min.
Thriller musical
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LE BARBIER DE CES VILS

Que ferait Tim Burton sans son acteur fétiche, Johnny Depp? Et que ferait-il également s’il devait abandonner la noirceur qu’il imprègne systématiquement à quasi chacun de ses films depuis quelques années?
Voilà deux questions à laquelle on aimerait voir le cinéaste apporter une réponse dans un futur proche! Car à force d’aborder encore et toujours le même registre, il risque, tel un barbier, de se couper!
Et son Sweeney Todd n’est justement pas la plus réussie de ses «oeuvres au noir». Esthétiquement irréprochable, copieusement garni de superbes décors et costumes d’époque, bénéficiant d’une lumière savemment étudiée, le film manque pourtant cruellement d’un fond qui le rendrait passionnant à suivre.
Macabre à volonté, truffé d’égorgements bien gore, le scénario est terriblement prévisible et ne tarde pas à devenir ennuyeux, d’autant plus qu’il manque cruellement de cet humour noir dont Burton raffole pourtant. Et ce ne sont certainement pas les chansons à la mélodie répétitive qui arrangent les choses. Au gré des «Jo-han-na, Jo-han-na» ânonnés par les héros, on finit par se croire en plein West Side Story, tant le thème semble copié sur le fameux ballet cinématographique précité.
Burton devrait donc laisser un peu ses idées noires au placard et nous offrir d’autres Mars attacks!, son chef-d’oeuvre de dérision: et si c’était dans ce genre-là, finalement, que le réalisateur est le plus proche du génie?


LE DRAGON DES MERS – LA DERNIÈRE LÉGENDE ♦♦
(The Water Horse: Legend of the Deep)
Réalisation. JAY RUSSELL
USA – 2007 – 112 min.
Fantastique

LE RETOUR DE NESSIE

La légende du monstre du Loch Ness passionne moins les foules qu’autrefois; raison de plus pour la remettre au gout du jour! Jay Russell organise donc ce petit voyage en Ecosse et nous ramène 60 ans en arrière pour livrer sa version bien personnelle –et non dénuée d’ironie- du fameux phénomène aquatique qui se déroule là-bas.
Mais c’est surtout un agréable conte pour les jeunes qui réussit à mettre en exergue quelques valeurs immuables telles que l’amitié entre deux êtres très différents que les mauvaises intentions des adultes ne parviennent pas à mettre à mal.
Histoire vue et revue cent fois, sans doute, mais filmée avec fraîcheur et tendresse afin de constituer un moment agréablement divertissant. Et sans débauche d’effets spéciaux, mais juste ce qu’il faut pour offrir quelques belles séquences de plongée… ou de vol plané. Le monstre tout juste sorti de l’oeuf n’est pas très convaincant –apparemment un «animatronic» un peu hésitant, mais sa version adulte numérique est, elle, nettement plus au point.
Les personnages réels sont attachants: le jeune garcon bien entendu, mais aussi le narrateur de l’histoire, vieil homme dont il ne faut pas longtemps pour deviner qui il est. Un récit bien sympathique avec juste ce qu’il faut d’émotion; la cote de Nessie ne va sans doute pas tarder à remonter!


OCCIDENT ♦♦
Réalisation. CRISTIAN MUNGIU
Roumanie – 2002 – 105 min.
Comédie dramatique

ANTIOXYDANT

Vous avez bien lu : le film date de… 2002 ! Il aura donc fallu la bagatelle de six ans ainsi qu’une Palme d’Or accordée à Cristian Mungiu pour que son premier long-métrage sorte enfin sur nos écrans.
Il aurait pourtant mérité de ne pas passer inaperçu en… Occident à l’époque, car on y retrouve déjà la griffe d’un réalisateur très prometteur et excellant dans l’art de décrire la Roumanie à travers ses évolutions historiques symbolisées par quelques personnages pittoresques.
Bien plus léger que 4 semaines, 3 mois et 2 jours, Occident n’en dépeint pas moins avec efficacité la jeunesse de ce pays à l’aube du 21e siècle, tiraillée entre une Roumanie peinant à se sortir du marasme économique post-communiste et l’envie d’émigrer à l’Ouest en quête d’une vie meilleure.
L’Occident tant convoité n’est en fait que suggéré. Toute l’action se déroule dans la Roumanie de 2002, une nation en transit à l’image des destinées que le scénario met en exergue.
Maniant le flash back d’un bout à l’autre, Mungiu fait ainsi s’entrecroiser le destin de ses héros, agrémentant par ailleurs son récit d’un humour noir très local qui donne lieu à quelques séquences burlesques fort bien amenées par des acteurs en grande forme. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ; ainsi peut-on, malgré le retard, partir sans hésiter à la découverte de cet Occident.


MARGOT AT THE WEDDING ♦♦
Réalisation. NOAH BAUMBACH
USA- 2007 – 92 min.
Comédie dramatique

LE MARIAGE TOURNE COURT
Noah Baumbach aime décidément beaucoup se pencher sur les relations familiales, puisque après The squid and the whale, narrant la séparation d’un couple et les problèmes de leurs enfants, voilà au contraire l’histoire d’une famille éclatée qui tente de se rapprocher, le temps d’une cérémonie de mariage qui s'annonce mal.
Chronique douce-amère d’un week-end de retrouvailles, Margot at the wedding ne manque pas de personnages pittoresques, dont celui incarné par Jack Black -tour à tour drôle, fragile et grotesque- sort du lot. La présence de Jennifer Jason Leigh, Mme Baumbach à la ville, renforce un peu plus l’aspect de chronique familiale.
Comme à son habitude, le réalisateur ne s’embarrasse pas de détails qu’il juge inutiles. Ainsi, plutôt que nous livrer les clés, il se concentre sur le moment présent, nous laissant imaginer le passé des protagonistes. Quelle est l’origine de la brouille des deux sœurs ? Pourquoi Margot ne côtoie-t-elle plus sa mère ? Quel est le rôle du père dans cette situation ? Autant de questions planant sur l’histoire, sans réponse claire.
Et pour rester fidèle à lui-même jusqu’au bout, le cinéaste décide de mettre fin aux débats au moment où le film a pris son rythme de croisière. Ce qui débouche sur une impression d’inachevé sans doute à l’image de la vie, mais néanmoins assez frustrante dans le cadre d’une séance de cinéma.


LE VOYAGE DU BALLON ROUGE 0
Réalisation. HOU HSIAO HSIEN
France – 2007 – 113 min.
Comédie dramatique

LE BALLON ÉCLATÉ

Pourvu qu’Albert Lamorisse, parti il y a longtemps déjà pour un grand Voyage en ballon, ne puisse pas voir le film de Hou Hsiao Hsien; il s’en retournerait dans sa tombe! Car en guise d’«hommage» au charmant Le ballon rouge, moyen métrage de 1956, le cinéaste taïwanais est passé totalement à côté de son sujet pour ce qui sera sans conteste une des oeuvres les plus insipides de l’année.
Et une des plus grosses arnaques aussi: comment ne pas avoir pitié des pauvres mioches emmenés dans les salles obscures par des parents pensant aller voir un remake de l’oeuvre originale? Pour tous ces spectateurs bernés, le ballon ne tarde pas à éclater en même temps que la lassitude abyssale qui se dégage de la mise en scène consternante du réalisateur. Plans séquences interminables dénués de tout intérêt et dialogues d’une banalité crasse se succèdent, débouchant sur une platitude insupportable.
Entre des personnages dissertant un temps fou sur la possibilité d’utiliser la cuisinière de leur amie Suzanne pour préparer leur boustifaille et ladite amie (Juliette Binoche complètement à côté de ses pompes) harassante en marionnettiste hurlant à tort et à travers, il est bien difficile de trouver dans le très vague fil rouge utilisé en référence au bijou de Lamorisse un quelconque motif de satisfaction.
Pour tout vous avouer, au comble de l’ennui, nous nous sommes même dégonflés au même rythme que le ballon et avons quitté la séance avant la fin, furieux et dépités de voir Le voyage du ballon rouge tourner en une sinistre escapade vers n’importe quoi.


DAN IN REAL LIFE ♦♦
Réalisation. PETER HEDGES
USA – 2007 – 98 min.
Comédie dramatique

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

Dan n’a vraiment pas de pot : quand il tombe enfin sur l’âme sœur, elle est déjà prise par le frangin de l’intéressé ! Difficile dès lors de ne pas ressentir beaucoup de sympathie et de compassion pour le héros de l’histoire au cours de son chemin de croix amoureux.
Car la majorité du film consiste à voir les deux candidats tourtereaux mordre sur leur chique pour ne pas se jeter dans les bras l’un de l’autre et entamer leur romance au grand jour.
Un scénario sans doute plutôt limité mais joliment mis en musique par des interprètes empreints de sobriété et dont le jeu ne manque pas de tendresse. Steve Carell et Juliette Binoche forment un couple (en devenir) assez attirant, et les situations dans lesquelles ils se retrouvent bien malgré eux ne manquent pas de cocasserie mais aussi de finesse.
Analyse somme toute universelle de l’amour et des obstacles qu’il rencontre, Dan in real life ne va sans doute pas assez au fond des choses et connaît une conclusion plutôt facile, alors que le pot aux roses, une fois découvert, aurait pu déboucher sur des séquences plus fouillées du point de vue relationnel. Mais le film reste néanmoins un agréable moment au fil d’une romance vraiment pas gagnée d’avance.