c comme cinéma

lundi, mai 22, 2006

LES ENFANTS DU PAYS ♦♦
Réalisation. PIERRE JAVAUX
France – 2005 – 87 min
Comédie dramatique

LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE

Après Le papillon, en 2002, Michel Serrault partage à nouveau l’affiche avec des enfants ou adolescents. Et replonge par la même occasion 66 ans en arrière, pendant les derniers jours d’une Drôle de Guerre qui n’allait pas tarder à virer définitivement au tragique.
Pierre Javaux installe une ambiance particulière en situant l’action dans un village abandonné de presque tous ses habitants. Pas de grande débâcle donc, ou d’exode général, ni même de scènes de combat répétées. Le conflit demeure néanmoins constamment en toile de fond, dans une gradation progressive : de lointain et irréel, il s’approche à grands pas, au son des canons et à la vue des éclairs causés par les bombes.
Mais le premier signe tangible est pour le moins pittoresque pour ces habitants de la France profonde : un groupe de tirailleurs sénégalais, curieux personnages à une époque où le mot « immigration » n’avait pas encore supplanté le terme « colonie ».
Le reste est bien sûr prévisible : pleine de bons sentiments, l'histoire s’attarde d’une part sur la naissance de l'amitié entre les enfants et ces soldats venus d'ailleurs, et d’autre part sur le comportement et le caractère d’un vieil homme dont les faiblesses cachent un cœur d’or.
Si la restitution du début des années 40 est plutôt réussie (mais il est vrai que les décors et les intervenants peu nombreux facilitent les choses), la B.O. constitue un fameux anachronisme : Camille danse sur « Douce France », la chanson de Trénet que celui-ci a écrite… en 1943 !
Ce détail n’empêche heureusement pas le film de délivrer une conclusion émouvante qui rachète ses faiblesses et rend également hommage à ces enfants d’un autre pays tombés pour la France.

Olivier CLINCKART

LES BRIGADES DU TIGRE ♦♦♦
Réalisation. JEROME CORNUAU
France – 2005 – 125 min
Policier

LE TIGRE RUGIT ENCORE

C’était au temps où la télé française rugissait en produisant ce qu’il y avait de meilleur en matière de feuilletons. Trente ans plus tard, le cinéma rend enfin hommage aux célèbres Brigades du Tigre en redonnant vie au trio d’enquêteurs le plus efficace du début du 20e siècle.
Mais plutôt que de livrer une copie conforme de la série télévisée, Jérôme Cornuau et ses interprètes ont choisi d’y apporter leur touche personnelle, tout en réussissant à ne pas gâcher le style original. Manœuvre ô combien risquée, et pari pourtant gagné !
D’emblée, il est clair que l’équipe Cornillac-Baer-Gourmet veut marquer de sa propre griffe les personnages : Valentin devient moins gentleman et plus tourmenté, Pujol s’amourache d’une fille légère qu’il protège bec et ongles et Terrasson, s’il garde son « assent » du midi –ce qui ne manque pas de sel pour le bon gourmet belge Olivier- range sa bonhomie au vestiaire lorsqu’il s’agit de mater les malandrins.
Les trois nouveaux Mobilards remplissent donc leur tâche avec beaucoup d’efficacité, même si leur supérieur pour l’occasion, Gérard Jugnot, ne remplace pas l’inoubliable François Maistre et ses courroucés « Ah bravo messieurs, bravo ! » ponctuant les rares maladresses de ses protégés. Pas de cameo non plus pour les « anciens » de la Brigade, ni la voix de Philippe Clay sur l’air de La complainte des apaches.
Cette pointe de nostalgie mise à part, la version cinéma bénéficie d’une mise en scène ambitieuse et tourbillonnante, imprégnée d’un désordre et d’une atmosphère lourde annonçant la Première Guerre Mondiale. Décors, costumes, brillants seconds rôles et objets pittoresques (les premières menottes, les premiers portraits-robots) complètent la réussite de la reconstitution. Le Tigre peut être satisfait : M’sieur Clémenceau, vos flics sont restés des cerveaux !
Olivier CLINCKART

vendredi, mai 19, 2006

HOSTEL ♦♦
Réalisation. ELI ROTH
USA – 2005 – 95 min
Horreur


HOTEL TRES PARTICULIER

Une chose est sûre : Eli Roth ne se fera pas beaucoup d’amis au Ministère du Tourisme de Slovaquie, puisque c’est là qu’il situe l’action de son Hostel dont le moins qu’on puisse écrire est qu’il n’encourage pas les voyageurs à se rendre dans ce pourtant charmant pays de l’Est.
Il n’y va en effet pas de main morte, ce rosse de Roth : entre une bande de gosses des rues plutôt inquiétants et de malheureuses victimes qui se font écharper et découper en petits morceaux, le jeune cinéaste reprend tous les ingrédients du genre pour installer une atmosphère d’angoisse globalement réussie.
Les décors très « draculesques » y sont évidemment pour beaucoup, l’architecture des pays de l’ancien bloc communiste offrant des emplacements parfaits pour les histoires qui font frémir. Le scénario n’hésite donc pas pour varier les plaisirs, versant tantôt dans la parodie, tantôt dans l’horreur pure avec quelques scènes d’un gore bien frais qui devraient vous faire réfléchir plus d’une fois avant de commander vos tickets pour Bratislava !
Les rebondissements n’abondent pas, mais l’histoire a néanmoins le mérite de questionner sur l’escalade de la violence visuelle à laquelle les hommes sont soumis. Car les images de charcuterie, aussi fictives soient-elles, font inévitablement penser à d’autres séquences bien réelles devenues monnaie courante là où les conflits sévissent. La conclusion, ambiguë, renforce cette impression au terme d’un séjour dans un Hostel à l’hospitalité très particulière.

Olivier CLINCKART

OSS 117, LE CAIRE NID D’ESPIONS ♦♦♦
Réalisation. MICHEL HAZANAVICIUS
France – 2005 – 99 min
Comédie d’espionnage

SON NOM EST JARDIN, DUJARDIN

La parodie est comme la mission d’espionnage : pleine de pièges ! Et lorsque la France se met à vouloir occuper un terrain réservé d’habitude aux services américains, le pire est à redouter…
Et pourtant, l’agent Hazanavicius a remarquablement bien rempli sa mission, permettant à OSS 117 de constituer une jolie réussite comique hexagonale. Reprenant avec bonheur –mais aussi avec soin- d’innombrables détails du cinéma de papa pour mieux les tourner en dérision, le réalisateur met sur pied un divertissement jouissif et bourré de fantaisie.
Dans les années soixante, sous la houlette d’André Hunebelle, l’espion français se présentait sous forme d’une copie pas trop réussie d’un certain Bond, James Bond. Jouant à fond sur ces imperfections d’époque, le présent scénario multiplie les effets d’image, les décors défilants, les couleurs typiques, et établit donc un décalage des plus savoureux.
Expressément démodé, à l’instar d’Austin Powers, OSS 117 est truffé de considérations franchouillardes et colonialistes, de descriptions géopolitiques tordantes dans le contexte actuel ; le tout étant à prendre évidemment à un second degré qui fait du bien à des zygomatiques un peu trop victimes du politiquement correct en ce début de siècle.
Et pour incarner l’agent secret au service de la République, Jean Dujardin allie la classe au loufoque le plus pur. Surfant à des lieues du pitoyable Brice de Nice –n’en déplaise aux afficionados de ce triste plagiste-, l’acteur porte le costard à merveille, évoquant tantôt Sean Connery, tantôt une ressemblance frappante avec le Martin Landau de Mission : impossible. Face à un dossier aussi bien ficelé, difficile d’imaginer que l’affaire restera sans suite.

Olivier CLINCKART

SEXY MOVIE 0
(Date movie)
Réalisation. AARON SELTZER& JASON FRIEDBERG
USA – 2005 – 83 min
Comédie

ZEROMANTIQUE

Dommage que, dans certains cas, le cinéma ne mette pas encore à la disposition des spectateurs une télécommande qui leur permettrait d’appuyer sur une touche «avance rapide », tant certains films, aussi courts soient-ils, paraissent encore bien longs tellement ils transpirent la bêtise !
Sexy movie fait hélas partie du lot. « Sexy », on l’aura compris, est à prendre au second degré. Pour rire. Le hic c’est qu’on ne rit pas une seconde : l’humour développé ici est nul à pleurer, accumulant les gags lourdingues et les situations crades.
Pour tenter de faire décoller ce navet, Alyson Hannigan se tape le rôle-vedette. Habituée aux chefs d’œuvre du genre (la trilogie American Pie, bijou de drôlerie par rapport à ceci, c’est dire !), la jeune femme se transforme dans le premier tiers en une énorme baudruche répugnante, par la grâce d’un morphing qui est sans doute la seule réussite du film.
Une fois revenue à ses proportions habituelles, elle s’ingénie alors à conquérir l’homme de sa vie, en nous entraînant dans d’innombrables séquences parodiques de comédies romantiques à succès.
Libre aux amateurs du genre de tenter de reconnaître les différents films caricaturés ici, histoire de tromper l’ennui. Une fois l’exercice terminé, un regret s’impose : dommage que Aaron Seltzer, le réalisateur, ne se soit pas prénommé Alka, histoire de chasser la migraine qu’il nous a procuré !

Olivier CLINCKART

jeudi, mai 18, 2006

THE FOG 0
Réalisation: RUPERT WAINWRIGHT
USA – 2005 – 100 min
Horreur

MEME PAS PEUR !

Comparaison n’est pas raison mais à chaque remake d’un classique, l’espoir est grand de voir la copie se situer à un bon niveau. Si la mode actuelle des resucées de films d’horreur ne se tire pas trop mal d’affaire (Massacre à la tronçonneuse, La maison de cire, …), The fog se plante hélas lamentablement en loupant complètement sa cible.
Car pour ce qui est de susciter l’effroi, Rupert Wainwright pourra revoir sa copie. Ses esprits maléfiques sont à ce point brumeux qu’ils se dissipent dans des effets spéciaux pas spectaculaires pour un balle. Et ce ne sont pas les jeunes acteurs –peu à leur affaire- qui vont aider l’histoire à s’emballer : ils semblent s’ennuyer tellement ferme qu’ils n’essayent même pas de donner un semblant de conviction à leurs personnages.
Du coup, c’est toute la salle qui se met à bailler aux corneilles, d’autant que le réalisateur a cru bon devoir rallonger la sauce par rapport à l’original : un bon quart d’heure de plus que la version de Carpenter, on n’en demandait pas tant ! Surtout que le rythme des films d’épouvante est souvent tributaire de leur longueur : on les préfère courts, nerveux, sans trop de bla-bla superflu, et ponctués de bons effets percutants.
C’est donc un fameux coup dans l’eau qui n’étonnera guère : Wainwright nous avait déjà gratifiés d’un Stigmata qui lui a visiblement laissé de fâcheuses séquelles. Finalement, s’il y a bien quelque chose qui fiche la trouille, c’est de voir à quel point une équipe entière peut à ce point se perdre dans le brouillard !

Olivier CLINCKART

LA PLANETE BLANCHE ♦♦
Réalisation. THIERRY PIANTANIDA & THIERRY RAGOBERT
France/Canada – 2005 – 86 min
Documentaire

LA BELLE POUDREUSE

Les documentaires sur notre vieille planète ont la cote au cinéma en ce début de 21e siècle ! Sans doute parce que cette brave Terre est bien mal en point à cause de nous, sinistres humains incapables de sauvegarder le miracle que Dame Nature met à notre disposition.
Et de miracle il est continuellement question dans ce film, au vu des prouesses effectuées par les deux réalisateurs pour accumuler autant de superbes images. Si les magnifiques paysages tout de blanc vêtus du Grand Nord se prêtent forcément sans trop rechigner à l’objectif de la caméra, on imagine la patience inouïe dont les cinéastes ont du faire preuve pour approcher d’aussi près les animaux qui occupent les lieux.
De l’ourse blanche et ses petits aux étonnants narvals, du long périple des caribous aux baleines boréales, c’est un ballet magique qui défile sous nos yeux, à tel point que malgré les innombrables docus animaliers que le cinéma ou la télévision ont déjà pu proposer, la sauce prend une nouvelle fois sans qu’on s’en lasse.
Néanmoins, aussi splendides soient-elles, les images ne cherchent pas à masquer la réalité : l’explorateur Jean-Louis Etienne, dans sa narration, ne manque pas de rappeler que la banquise fout le camp. Le message alarmiste a beau être martelé régulièrement, rien n’y fait : si l’Homme continue aussi méthodiquement à polluer le globe, La planète blanche fera un jour -pas si lointain, d’ailleurs- office d’archives. Conscients de ce danger, les deux Thierry derrière la caméra signent ici un excellent travail sur un continent menacé.

Olivier CLINCKART

DESTINATION FINALE 3 ♦♦
(Final Destination 3)
Réalisation. JAMES WONG
USA – 2005 – 93 min
Fantastique

LA MORT LEUR VA SI BIEN

Malgré la mort qui rôde à chaque coin du scénario, la série des Destination finale se porte bien ! La preuve en est avec James Wong qui revient aux commandes, après avoir laissé sa place à David R. Ellis dans le deuxième épisode (qui reste, n’en déplaise au premier cité, le meilleur des trois).
Il repart néanmoins de zéro au rayon des personnages : les précédents ayant eu, en effet, quelques « problèmes de santé », ce sont de nouveaux visages qui sont condamnés quasi irrémédiablement à subir le même sort que leurs prédécesseurs. Et ce pour la plus grande joie des amateurs du genre, curieux de découvrir quels raffinements ont été choisis pour occire chacun des malheureux.
Dans cette optique, pas de quoi être déçu : les scénaristes sont toujours aussi tordus et leur créativité ne souffre pas d’un manque de renouvellement ! Ce qui nous vaut quelques scènes des plus appétissantes, bien dans la lignée de cette franchise, sous forme d’un crâne raboté par un engin mécanique, un corps transpercé par un poteau ou carbonisé. La simple idée de monter sur des montagnes russes ou de s’installer dans un banc solaire devrait désormais en faire pâlir plus d’un, au vu des inconvénients qu’on peut y subir ! …
Si le raffinement ne manque donc pas au fur et à mesure que le jeu de massacre expédie une nouvelle victime ad patres, il ne faut toutefois pas s’attendre à une grande originalité au niveau de l’histoire qui, forcément, devient répétitive au fil du temps. Dommage aussi que les effets spéciaux souffrent d’un cadrage bien trop serré, empêchant de profiter pleinement du travail effectué. L’accident spectaculaire du début en perd du coup une partie de son impact.
Ces détails mis à part, Destination finale 3 reste divertissant. Nul doute que la série n’a pas encore atteint son point… final.

Olivier CLINCKART