c comme cinéma

vendredi, février 27, 2009

DER BAADER MEINHOF KOMPLEX ♦♦♦
Réalisation. ULI EDEL
Allemagne – 2008 – 150 min.
Drame/Biographie

FRACTION ARMÉE ROUGE SANG


Dans les années 70, l 'Allemagne est la proie de nombreux attentats à la bombe meurtriers. La menace terroriste et la peur de l'ennemi intérieur ébranlent les fondements mêmes d'une démocratie encore fragile.
Sous la conduite d'Andreas Baader, Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin, une nouvelle génération radicalisée entre violemment en guerre contre ce qu'ils perçoivent comme le nouveau visage du fascisme: l'impérialisme américain soutenu par les membres de l'establishment allemand, dont certains ont un passé de nazi. Leur objectif premier est de créer une société plus humaine au service du peuple.
Mais les faits qu’ils commettent paraissent bien contradictoires avec l’humanité qu’ils prétendent défendre.


Candidat allemand à l’Oscar du Meilleur film étranger, ce film est une plongée passionnante dans une période sombre de l’Allemagne de l’Ouest d’après-guerre, gangrenée par un terrorisme d’extrême-gauche qui se nourrissait des frustrations d’une jeunesse révoltée par le fonctionnement d’une société dans laquelle elle ne se reconnaissait pas.
Sujet complexe et touffus que Uli Edel défriche pourtant avec brio et sans manichéisme, montrant la gradation de la violence et la radicalisation sans cesse plus poussée des membres de la RAF. Il ne s’agit pourtant pas de se livrer à un procès à charge des activistes mais plutôt de resituer les faits dans leur contexte historique et en expliquer ainsi l’origine, sans pour autant les cautionner.
Mêlant avec talent la reconstitution d’époque et les images d’archives des médias d’alors, Der Baader Meihnof Komplex est bien davantage qu’une biographie des deux figures emblématiques de la Fraction Armée Rouge citées dans le titre : c’est aussi une description sans concession d’une époque troublée et un excellent résumé permettant de mieux cerner des personnages emblématiques en Allemagne mais dont on ne connaît plus forcément très bien le parcours chaotique et violent.
Une violence qui ne fait que contredire ceux-là même qui entendaient mener une révolution au nom du peuple : en accumulant les victimes innocentes, la Bande à Baader s’est torpillée d’elle-même. Une superbe démonstration fort bien filmée et interprétée avec talent. De l’excellent cinéma d’Outre-Rhin.

W. ♦♦
Réalisation. OLIVER STONE
USA – 2008 – 120 min.
Biographie

W DE A À Z


Rien ne prédisposait George W. Bush, le fils de George Bush Senior, à embrasser la carrière politique, d’autant que sa jeunesse particulièrement désinvolte et son penchant affiché pour la dive bouteille ne faisaient pas vraiment la fierté de son père.
Mais désireux de prouver à tout prix qu’il valait mieux que la piètre opinion que son paternel avait de lui, voilà que W. se lance en politique, et à la grande surprise de sa famille, se met à remporter des mandats. Des succès qui iront croissants, jusqu’à la Présidence.


Habitué des grandes fresques biographiques, Oliver Stone s’attaque cette fois à George W. Bush… alors que celui-ci n’a même pas encore quitté le pouvoir! Ce qui n’empêche nullement de se pencher sur la progression étonnante de cet homme longtemps frustré par l’ombre de son père, avant de faire mieux que lui en exercant deux mandats à la tête des Etats-Unis.
Située au moment de l’invasion de l’Irak en 2003, l’action est entrecoupée de nombreux flash-backs décrivant la trajectoire atypique de W. Un homme parvenu au sommet bien davantage par sa capacité à se montrer proche du peuple que par ses capacités de gestionnaire politique. Un fait que Stone traite souvent avec une bonne dose d’ironie, en prenant soin toutefois de ne jamais faire passer le Président pour un idiot, ce qu’il n’est assurément pas.
Mais à force de multiplier les retours en arrière dans des séquences d’un intérêt parfois secondaire, le réalisateur occulte totalement d’autres événements qui méritaient bien davantage l’attention, comme par exemple l’élection discutée et discutable de 2000. Inégal dans sa construction, W. souffre de plusieurs baisses de rythme, rachetées en partie par l’interprétation des acteurs qui, sans toujours ressembler fortement à ceux qu’ils incarnent, n’en reproduisent pas moins avec talent les mimiques et la gestuelle de leurs modèles.
Au final, W. se veut bien plus le bilan très critique d’une administration va-t-en-guerre que le procès d’un seul homme. Dommage que Oliver S. ne se soit pas montré plus incisif encore dans sa démonstration.

CRIMES À OXFORD ♦♦
(The Oxford Murders)
Réalisation. ALEX DE LA IGLESIA
Espagne/Grande-Bretagne – 2007 – 103 min.
Thriller

LES BONS COMPTES FONT LES BONS ENNEMIS

Une vieille dame est assassinée à Oxford . Son corps est découvert par deux hommes qui se rencontrent à ce moment-là pour la première fois: Arthur Seldom, un grand professeur de mathématiques et de logique et Martin, un étudiant qui vient d'arriver dans l'université et qui rêve d'étudier avec Seldom.
Lorsque ce premier crime est bientôt suivi par d’autres, il devient évident que le criminel semble obéir à une logique mathématique, en annonçant ses méfaits par un symbole dont la signification échappe aux enquêteurs. Seldom et Martin vont tenter de déchiffrer l’énigme de leur côté.

Même s’il ne bénéficie pas encore chez nous de la notoriété qu’il mérite, Alex De La Iglesia a su s’imposer en quelques films comme un des maîtres de la comédie noire. En témoignent quelques perles telles que Mes chers voisins, 800 balles ou encore l’excellent road movie Perdida Durango.
Est-ce le fait de se retrouver dans la grisaille d’Outre-Manche ? Toujours est-il que Crimes à Oxford, bien que plaisant, est en-deça de l’habituelle force de percussion de l’Espagnol, à qui cet exil britannique a visiblement fait perdre quelque peu ses repères.
Bien moins loufoque que d’habitude, la mise en scène se veut nettement plus académique, se basant principalement sur l’affrontement –assez réussi- entre Elijah Wood et John Hurt pour développer une intrigue complexe nécessitant de rester attentif aux nombreux détails qui parsèment l’histoire si on ne veut pas en perdre le fil.
Au fur et à mesure que les rebondissements se succèdent au gré de dialogues bien goupillés, l’énigme ne fait que s’épaissir, pour le plus grand plaisir des amateurs de jeu de l’esprit auquel ce film est de toute évidence destiné. Hommage appuyé aux romans à tiroirs d’Agatha Christie et à l’ambiance des Hitchcock de sa période anglaise, Crimes à Oxford se conclut par une ultime révélation, certes alambiquée, mais qui en dit long sur l’imagination fertile du cinéaste ibérique.

UN MARI DE TROP ♦♦
(The accidental husband)
Réalisation. GRIFFIN DUNNE
USA – 2008 – 90 min.
Comédie

UNE COMÉDIE ROMANTIQUE DE TROP?


Emma est une célèbre animatrice radio sur le point d’épouser Richard, bel homme ambitieux, et vient de publier un livre en passe de devenir un best seller. Le programme qu’elle anime aide les gens à régler leurs problèmes sentimentaux en les orientant vers l’une ou l’autre décision.
C’est ainsi qu’un soir, elle conseille à la fiancée de Patrick, un pompier aussi charmant qu’immature, de quitter ce compagnon pour lequel elle n’est visiblement pas destinée. Or, le jeune homme, apprenant la raison de cette rupture, décide de se venger d’une façon très particulière: grâce à un petit bidouillage informatique, voilà que Emma se retrouve légalement mariée avec lui!


Pas possible! Une comédie romantique! Ca faisait bien quelques semaines que Hollywood ne nous en avait plus servi une… L’année 2008 aura donc été bien fertile pour ce genre, signe que, peut-être, le public est en manque de belles histoires d’amour en ces temps troublés.
Si Un mari de trop met un bon moment avant de démarrer, il faut toutefois constater que le film, heureusement, n’est pas de trop dans sa catégorie. Le ton reste en permanence des plus aimables et sans grosse surprise, mais la sauce prend plutôt bien entre les personnages principaux –interprétés avec charme par Uma Thurman et Colin Firth- et les situations dans lesquelles ils se retrouvent.
C’est ainsi qu’on s’amusera plus d’une fois des quiproquos mettant les différents protagonistes en présence, de même qu’on retrouvera Isabella Rossellini et Kear Dullea (l’astronaute de 2001,…) dans des seconds rôles assez savoureux.
Dommage toutefois que le scénario n’ait pas exploité pleinement le potentiel du récit, qui appelait bien plus de rebondissements comiques et une ambiance boulevardière qu’on perçoit régulièrement mais qui ne sort jamais assez de sa tanière.
Le soulagement est néanmoins de mise lors de la conclusion, certes convenue mais qui nous épargne la sacro-sainte séquence d’aéroport où le héros cavale à s’en éclater les poumons pour rattraper l’élue de son coeur avant qu’elle ne s’envole au bout du monde. C’eût été, assurément, la scène de trop!

LA LOI ET L’ORDRE
(Righteous Kill)
Réalisation. JON AVNET
USA – 2008 – 100 min.
Policier

ÇA FAIT DÉSORDRE


Depuis 30 ans qu’ils sont partenaires à la police de New York , les détectives Turk et Rooster ne se sentent pas prêts à prendre leur retraite, même si l’échéance se rapproche inéluctablement.
Or, peu avant leur départ, plusieurs criminels ayant échappé à la justice sont assassinés selon un mode opératoire identique à celui d’un tueur en série que les deux enquêteurs avaient fait mettre sous les verrous autrefois. Se seraient-ils trompé de coupable?
Pendant qu’ils mènent leurs investigations pour découvrir la vérité, les détectives Perez et Riley entament une enquête en parallèle.

Le royaume interdit, avec Jackie Chan et Jet Li, démontrait tout récemment qu’il ne suffit pas de mettre deux célébrités en tête d’affiche pour constituer un bon film. Ce triste constat est à nouveau d’application ici, puisque les deux monstres sacrés que sont Al Pacino et Robert De Niro se retrouvent embarqués à leur corps défendant dans un polar indigne de leur rang.
Tout au plus de la trempe d’un téléfilm policier de fin de soirée, La loi et l’ordre –rien à voir avec la série Law and Order- est une histoire très banale qui ne révolutionne en rien le genre. Guère de mystère à se metre sous la dent, ni de gros rebondissement inattendu. Tout au plus une révélation finale qui ne surprendra qu’à moitié, et qui se voit de toute façon mise en scène très platement, comme le reste d’une action dont le rythme est singulièrement absent.
Reste donc à se contenter du partenariat du duo vedette, sur qui tout repose d’un bout à l’autre. Mais il ne faut pas s’attendre à beaucoup d’étincelles pour autant: Pacino et De Niro sont loin d’être bons pour la retraite, mais leurs dialogues manquent de tonus; on est décidément bien loin des réparties à la mitraillette qu’on pouvait espérer.
En fin de compte, le titre français choisi traduit bien l’atmosphère ambiante de ce policier: sage et ordonnée, sans faire de vagues. Al et Robert méritaient pourtant un réalisateur qui enfreigne les lois du classicisme peu emballant qu’il a choisi.