c comme cinéma

lundi, mars 30, 2009

QUANTUM OF SOLACE
Réalisation. MARC FORSTER
USA/Grande-Bretagne – 2008 – 108 min.
Espionnage

JAMES, DE MOINS EN MOINS BOND

James Bond est bien décidé à traquer ceux qui ont forcé Vesper à le trahir au cours de sa dernière mission. En interrogeant White, 007 et M apprennent que l’organisation à laquelle il appartient est bien plus complexe et dangereuse que tout ce qu’ils avaient imaginé.
Son enquête mène James sur la route de Dominic Greene, un homme d’affaires impitoyable qui, sous couvert d’écologie, est en fait un pilier de la mystérieuse organisation.
Bond ne tarde pas à découvrir que Greene manoeuvre pour prendre le contrôle de l’une des resources naturelles les plus importantes au monde.

Nous n’étions déjà pas tendres avec Casino Royale, malgré le bon accueil général qu’il reçut. Notre avis ne risque pas de changer avec cette suite directe du précédent, qui confirme hélas que la version cinéma du héros de Fleming accumule les mauvaises missions.
Après cette interminable partie de poker, voilà que l’espion le plus célèbre de Sa Grâcieuse Majesté poursuit de sombres desseins de vengeance, couplée à la neutralisation du méchant de service, incarné ici par Mathieu Amalric.
Le problème, c’est que l’affreux en question est terriblement pâlichon, et que hormis un titre énigmatique et des scènes d’action spectaculaires, on est à des années-lumières de la flamboyance des anciens James Bond. Où sont passés les bons (bond?) mots de James, par ailleurs devenu bien pudibond avec les dames? Dans quel service ont été mutés Q et Miss Moneypenny? Où sont les gadgets qui, même aux tout débuts, faisaient partie intégrante de la saga?
Sérieux comme un pape, Daniel Craig est sans doute un espion valable, mais n’est pas le 007 auquel le cinéma a donné vie. Tout au plus se rapproche-t-il du héros de bouquin créé par Ian Fleming. Attrayant sur papier, sans doute; décevant et ennuyeux au possible sur grand écran, sûrement.
Les producteurs ont voulu révolutionner la série en lui ôtant sa marque de fabrique: c’est John Steed sans chapeau melon, Steve Austin sans son oeil bionique. A ce rythme-là ils ne vont pas tarder à envoyer l’Aston Martin de Bond droit dans le mur!

MARTYRS ♦♦
Réalisation. PASCAL LAUGIER
France – 2008 – 100 min.
Horreur

DERNIÈRE EXTRÉMITÉ

Quelque part en France , au début des années 70. Lucie, une petite fille de dix ans disparue quelques mois plus tôt, est retrouvée errante sur la route. Son corps maltraité ne porte aucune trace de maltraitance sexuelle. Traumatisée, incapable d’expliquer ce qui lui est arrivé, les raisons de son enlèvement restent mystérieuses.
Quinze ans ont passé. Une matinée tranquille chez une famille ordinaire. Alors qu’on sonne à la porte , le père va ouvrir et se retrouve face à face avec une jeune femme armée d’un fusil de chasse. C’est Lucie, persuadée d’avoir retrouvé son bourreau. Sans hésiter, elle tire.

Les visages décomposés à la sortie de la salle en disaient long: Martyrs est à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, sous peine de ne pas apprécier à sa juste valeur le travail de Laugier, dont le graphisme et le déchaînement d’horreur pure ne sont pas sans évoquer les premiers Wes Craven ou le Dario Argento de la grande époque.
Les amateurs du genre ne pourront en effet que se féliciter de voir le cinéma français aborder un registre aussi délicat: le récent Frontière(s), avec Samuel Le Bihan et une étonnante Estelle Lefébure, allait déjà dans ce sens.
Martyrs, quant à lui, franchit encore un palier supplémentaire. Le choc est rude, éprouvant, d’autant que l’interprétation sans concession des deux actrices principales, Mylène Jampanoï et Morjana Alaoui, imprègne une violence encore plus implacable à une mise en scène déjà fortement gratinée.
Les âmes sensibles ne résisteront pas longtemps aux scènes de torture et autres cruautés infligées aux heroïnes; les amateurs de gore, eux, attendront le dénouement pour saisir pleinement la justification de ces sévices.
Une dernière séquence tout aussi corsée se charge de conforter le malaise qu’on ressent inévitablement devant un spectacle aussi délicat: voyeurisme poussé à l’extrême? Plutôt l’expression d’un style très particulier à apprécier uniquement entre gens avertis. Ces précautions essentielles étant prises, la vision de Martyrs n’aura rien d’un calvaire.

TRANSSIBERIAN ♦♦♦
Réalisation. BRAD ANDERSON
Angleterre/Allemagne/Espagne – 2008 – 111 min.
Drame policier

LE TRAIN SIFFLERA TRÈS FROID

Roy et Jessie, un couple d’américains, accomplissent un long périple à bord du fameux Transsibérien qui les emmène de Pékin à Moscou à travers les grandes étendues et les plaines enneigées.
En cours de trajet, ils font la connaissance de Carlos et Abby, avec qui ils ne tardent pas à sympathiser, malgré que Jessie, sans trop se l’avouer, trouve le comportement de Carlos plutôt singulier.
Alors que, au cours d’un arrêt, Roy oublie de remonter dans le train à temps et se retrouve bloqué à Irkourtsk, Jessie, de son côté, poursuit le trajet avec ses deux compagnons de route.

L’ambiance est glaciale dès les premiers instants, et pour cause: Brad Anderson embarque ses protagonistes dans un long voyage vers le froid, et il ne se prive pas de jouer à fond sur les couleurs tout au long du film pour traduire au mieux le climat qui règne sur le parcours. Du coup, le spectateur n’est pas loin d’en attraper quelques frissonnements à plusieurs reprises!
Cette sensation est d’autant plus accentuée par la sensation d’isolement complet dans laquelle sont plongés les héros américains, paumés au fin fond de la Russie, sans parler un traître mot de la langue locale.
Cette atmosphère brillamment mise en place, encore fallait-il y ajouter une histoire qui tienne la route (et la route empruntée par le récit est justement très longue!). Et c’est là que le scénario frappe fort également , car au lieu de multiplier les rebondissements spectaculaires, il laisse en permanence dans l’attente.
L’attente de développements distillés au compte-goutte, ce qui permet aux acteurs d’exprimer pleinement les ambiguités de ceux qu’ils incarnent, surtout dans le chef de Ben Kingsley et Eduardo Noriega, ce dernier n’étant pas à son coup d’essai en matière de personnages inquiétants.
Il y a sans conteste un soupçon d’Hitchcock dans la mise en scène, dont la qualité première est de mettre sur les rails une histoire où il ne se passe finalement pas grand chose… tout en la rendant palpitante. Un voyage à recommander.

THE BROKEN 0
Réalisation. SEAN ELLIS
Angleterre – 2007 – 84 min.
Epouvante

ET LE MIROIR SE BRISA

Gina McVey assiste avec sa famille au dîner d'anniversaire de son père lorsqu'un miroir se décroche du mur et se fracasse sur le sol. Pas superstitieuse, la jeune femme n’y prête pas attention.
Néanmoins, le lendemain, alors qu’elle se trouve en rue, Gina s'aperçoit au volant de sa propre voiture. Stupéfaite, elle suit cette étrange apparition jusqu'à son appartement...
Victime peu après d’un accident de circulation, elle va alors découvrir que certaines forces inconnues nous entourent et qu’il va falloir les combattre.

Il n’y a pas que les miroirs qui ont volé en éclats dans ce film: notre patience aussi! Car malgré les minutes qui s’écoulent, il faut bien se rendre à l’évidence après une demi-heure: ce n’est pas ici qu’il va se passer quelque chose!
Pour son deuxième long métrage, Sean Ellis trompe pourtant bien son monde, puisque à de nombreuses reprises il instaure un suspense laissant présager des rebondissements inquiétants. Las! Pas de quoi faire flipper un esprit malin: le soufflé retombe à chaque fois quand il ne faut pas, c’est-à-dire au moment où l’épouvante devrait enfin prendre le dessus.
Au lieu de se concentrer sur l’histoire, ne sachant sans doute pas courir deux lièvres à la fois, le réalisateur a préféré soigner l’image: belle photographie en effet pour mettre en valeur un Londres froid et désincarné.
Mais piètre consolation pour les amateurs de fantastique qui auront bien du mal à ne pas piquer du nez devant ce récit surnaturel dans lequel les reflets des personnages sortent des miroirs pour prendre la place de leur modèle réel. Bof, c’est pas du déjà vu cent fois, ça?
Le final n’arrange d’ailleurs rien: truffé d’incohérences, il finit de convaincre ceux qui en doutaient encore que The broken casse beaucoup de vitres mais jamais la baraque. Sept ans de malheur !

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 3D
(Journey to the center of the Earth 3D)
Réalisation. ERIC BREVIG
USA – 2008 – 92 min.
Fantastique

MANQUE DE RELIEF

Au sein de l’institut où il travaille, le professeur Trevor Anderson est de plus en plus considéré comme un scientifique loufoque, du fait des hypothèses révolutionnaires qu’il défend.
Pourtant, au cours d’une expédition en Islande où son jeune neveu Sean l’accompagne, Trevor va se retrouver plongé dans l’inconnu. Sous la conduite de la charmante Hannah, qui leur sert de guide, Anderson et Sean vont entamer une descente extraordinaire vers les profondeurs de la Terre, à la rencontre de mondes inexplorés.

Tous à vos lunettes pour cette plongée au centre de la Terre… et en trois dimensions! Mais ceux qui espèrent voir un spectacle impressionnant allié à un scénario consistant risquent de déchanter rapidement: la prouesse technique du relief et une histoire solide ne vont pas forcément de pair. Il est sans doute très difficile de s’appliquer à un de ces deux aspects sans que ce ne soit au détriment de l’autre.
Et cette énième adaptation de l’oeuvre de Jules Verne ne déroge donc pas à la règle… Les images en 3D ont incontestablement progressé, permettant quelques effets spectaculaires qui donnent au spectateur l’impression de pénétrer l’écran et d’aller à la rencontre des personnages ou autres étranges créatures qui peuplent le récit. Dès lors, le plaisir de ces sensations tridimensionnelles reste intact pour le cinéphile qui se laisse entraîner sans trop rechigner dans l’aventure.
Par contre, pas sûr du tout qu’il adhère avec le même enthousiasme aux évolutions des héros, certes bien sympathiques mais entraînés dans une histoire truffée d’invraisemblances d’un bout à l’autre et surtout plombée par une puérilité navrante qui la limite de ce fait presque exclusivement à un jeune public.
Sans la magie de la 3D, ce Voyage au centre de la Terre tomberait donc irrémédiablement dans un gouffre sans fond, à 20.000 lieues de la fantaisie et des merveilleux mondes imaginaires de l’écrivain prolifique dont le film s’inspire.

KHAMSA ♦♦
Réalisation. KARIM DRIDI
France – 2008 – 99 min.
Drame

BANLIEUE SUD-EST

Placé dans une famille d’accueil par mesure de protection, Marco, onze ans, fugue pour retrouver le camp gitan ou vit son père et dans lequel il a grandi. Rien ne semble avoir changé depuis son départ, depuis les plongeons dans le chantier naval de l'Estaque aux parties de cartes nocturnes et les combats de coqs...
Avec son cousin, le nain Tony, Marco rêve de faire fortune et de partir en Espagne. En attendant, il fait les quatre cents coups avec son ami d'enfance. Un jour, ils rencontrent Rachitique, un jeune Arabe d'une cité voisine. Très vite, le trio inconscient passe du vol de scooter au cambriolage de maison.

Le Marseille de Karim Dridi, ce n’est pas Plus belle la vie, bien au contraire. C’est même le reflet d’existences bien sombres qu’il livre à notre regard, celles de mômes pour qui le monde se limite aux frontières de leur camp de caravanes, de ghettos ethniques qui ne veulent pas dire leur nom et où la loi du plus fort est clairement d’application.
C’est ainsi qu’il décrit une réalité sociale largement ignorée, par le biais de jeunes acteurs amateurs qui peuvent de ce fait mieux que quiconque retranscrire à l’écran les frustrations et le règne de la débrouille qui font partie de leur quotidien. Acteurs dès lors parfois maladroits, mais parmi lesquels se dégagent quelques tronches marquantes.
La khamsa, qui signifie “cinq” en arabe, est aussi le symbole de la main de Fatima, un signe porte-bonheur. D’où le décalage entre ce médaillon qui ne quitte pas le jeune héros et l’univers sans grand espoir dans lequel il évolue.
Car entre petite délinquance et errances sans fin dans des terrains vagues en bord d’autoroute ou le long d’usines désaffectées, Khamsa ne respire pas la joie de vivre, loin s’en faut. D’autant que Dridi, restant fidèle jusqu’au bout à sa ligne de conduite, ne tient pas à rassurer le public dans un final qui laisse de nombreuses interrogations. Un réalisme parfois assez dur, presque plombant par moments, mais qui ne manque pas d’interpeller.

MAX PAYNE
Réalisation. JOHN MOORE
USA – 2008 – 99 min.
Action

PAYNE À LA PEINE

Max Payne est un flic solitaire cantonné au service des affaires non résolues, un cul de sac où aucun agent ne rêve d’aboutir. Sauf que Payne est motivé par des raisons très personnelles: retrouver le meurtrier de sa femme.
Lorsque son ancien partenaire est à son tour assassiné, le policier se voit accusé injustement du crime. Obsédé par sa quête de vengeance, son enquête va l’entraîner des les bas-fonds de New York , où il devra faire face à plusieurs autres morts suspectes ainsi qu’à des ennemis à l’apparence surnaturelle.


Que les adeptes du jeu vidéo Max Payne lèvent le doigt! Ne faisant pas partie de ceux-là, il nous est bien difficile de juger si ce long métrage qui s’en inspire soutient la comparaison, mais il est à espérer que ce n’est pas le cas, sans quoi le grand succès du jeu en deviendrait d’autant plus incompréhensible!
Le passage de la console au grand écran est souvent une entreprise risquée, et bon nombre de productions s’y sont déjà cassé les manettes de commande. Max Payne ne fera hélas pas exception à la règle, en partie parce que l’identification au héros, très personnelle dans un jeu, ne s’effectue pas ici. Mark Wahlberg y est sans doute pour quelque chose, lui qui ne donne guère de relief au personnage qu’il incarne.
Le réalisateur, de son côté, a certes soigné la photographie et mis le paquet sur des effets spéciaux joliment travaillés, mais il passe largement à côté de l’histoire sans grand intérêt et dont les rebondissements téléphonés ne vont guère procurer de sensations fortes aux spectateurs…
Il pleut beaucoup dans le film; cette atmosphère humide a visiblement refroidi les ardeurs des interprètes et de la production, à quelques exceptions près (dont la charmante Olga Kurylenko, qui, d’un “bond”, passe de James à Max). Pas sûr que la version ciné de Payne aura droit à plusieurs vies.

MAMA’S BOY 0
Réalisation. TIM HAMILTON
USA – 2007 – 100 min.
Comédie

GRAND DADAIS, PETIT NAVET

A 29 ans bien sonnés, Jeffrey n’est toujours pas décidé à quitter le giron maternel, trop heureux de pouvoir profiter de cette vie plutôt confortable au lieu d’affronter les responsabilités de l’âge adulte.
C’est donc d’un très mauvais œil qu’il voit sa mère rencontrer un homme avec qui elle semble se plaire. Bien déterminé à ne pas laisser cet intrus perturber sa tranquillité, Jeffrey va faire tout ce qu’il peut pour empêcher cette relation de se développer jusqu’à un point de non retour.

Mama’s boy est passé complètement inaperçu à la rentrée, et il suffit d’en visionner les dix premières minutes pour comprendre pourquoi: totalement insipide, le film accumule les scènes navrantes, encouragé en cela, il est vrai, par l’acteur principal, un Jon Heder qui n’aura bientôt plus grand chose à envier à Adam Sandler s’il poursuit dans le même registre.
Le fait que Tim Hamilton n’en soit qu’à son premier long métrage n’excuse pas tout: le sujet aurait pu prêter à de nombreux moments drôles, mais le manque total d’imagination et de relief dont le réalisateur fait preuve donne surtout envie de botter un grand coup au derrière de son héros, un grand échalas insupportable et de surcroît mal joué par l’acteur cité plus haut.
Ce n’est qu’après une bonne heure d’ennui que les choses évoluent un peu, lorsque Jeffrey se décide enfin à rouler une pelle à une jolie demoiselle, ce qui lui permet de virer sa cuti, mais toujours trop lentement, hélas.
A charge de Hamilton également, il faut retenir le sous-emploi du casting prestigieux qu’il a convié au générique et qui pâtit inévitablement de la mise en scène calamiteuse. Diane Keaton est souvent ridicule, tandis que Jeff Daniels reste terriblement effacé. Un seul homme crève l’écran: le formidable Eli Wallach, nonagénaire en pleine forme («J’ai 91 ans, bordel!», assurément la meilleure réplique du film), et qui est sans conteste l’élément le plus dynamique de Mama’s boy, ce fils à maman qui n’ira pas loin.