c comme cinéma

vendredi, octobre 24, 2008

THE STRANGERS ♦♦
Réalisation. BRYAN BERTINO
USA – 2008 – 85 min.
Horreur

N’OUVREZ PAS !

Si c’est sur DVD plutôt qu’en salles que vous regarderez The strangers, assurez-vous d’abord que votre porte est bien fermée à clé! Car pour ses débuts derrière la caméra, Bryan Bertino réussit à installer une ambiance assez effrayante, en prenant tout d’abord bien soin d’isoler complètement ses deux malheureux héros, qui deviennent ainsi prisonniers de leur propre maison en pleine campagne.
Difficile bien sûr de ne pas penser à Funny Games, ou encore au franco-roumain Ils, mais le suspense reste diablement efficace alors que l’histoire, relativement simple, pourrait tout aussi bien être racontée en 10 minutes.
C’est que le récit ne ménage personne, et ce dès le départ: la tension s’installe d’abord au sein du couple (fort bien incarné par Scott Speedman et Liv Tyler) lorsque la jeune femme rejette une proposition de mariage de son compagnon. L’atmosphère, sur le point de se réchauffer, se refroidit néanmoins pour de bon lorsqu’une main inconnue frappe pour la première fois à la porte . L’horreur s’invite alors à domicile; elle ne quittera plus les lieux et frappera sans concession.
Pas un moment de répit donc, à l’image de la conclusion, sans pitié, et d’un des derniers plans dont la banalité est somme toute encore plus flippante que le reste: quand tombent les masques, c’est l’image de gens comme les autres qui apparaissent. Le Mal n’a pas de visage, il a tous les visages.

MY MOM’S NEW BOYFRIEND 0
Réalisation. GEORGE GALLO
USA – 2008 – 97 min.
Comédie policière

MAMAN, J’AI RATÉ L’ESPION

Antonio Banderas et Meg Ryan totalement sous-employés, ça ne fait guère plaisir à voir! Et c’est pourtant la triste mésaventure qui survient aux deux acteurs, réunis au générique d’une comédie policière qui ne décolle jamais, malgré tous les rebondissements et quiproquos vers lesquels le scénario aurait pu et du se diriger.
Mais les premières minutes sont déjà lourdement (c’est le cas de le dire) évocatrices: la brave Meg se voit archi-gonflée pour incarner une femme en surcharge pondérale, mais se déballonne miraculeusement et retrouve une taille de guêpe et un appétit de conquête féroce. Au plus grand étonnement de son grand gamin de fils (Colin Hanks), à qui le rôle de «Fed’» va aussi bien qu’un gant de boxe à sa mère de cinéma.
D’autant que la mise en scène n’insuffle aucune énergie au récit: le déroulement est tellement plat et linéaire que le rythme ne décolle jamais, alors qu’il n’aurait fallu qu’une étincelle pour emballer l’ouvrage, le gratiner de quelques coups de théâtre, rehausser l’aspect romantique de la relation entre Banderas et Ryan, et doper l’action.
Mais il faut croire qu’espionner sa mère est rudement ennuyeux: Le réalisateur ne trouve jamais la bonne clé de l’énigme, et George Gallo voit sa comédie, certes aimable mais sans intérêt, se dégonfler au… galop!

ST. TRINIAN’S
Réalisation. OLIVER PARKER & BARNABY THOMPSON
Angleterre – 2007 – 100 min.
Comédie

LE PENSIONNAT EN FOLIE

A l’origine une BD célèbre en Angleterre à la fin des années 40, les aventures du Collège de St. Trinian passent difficilement du papier au grand écran. D’autant plus que le style employé par les deux réalisateurs a quasiment le même âge que la bande dessinée précitée et a forcément un air terriblement démodé!
Ce cinéma qui faisait donc rire nos grands-parents nous arrachera tout au plus quelques sourires, mais le côté burlesque qui se dégage de l’ensemble ne tarde pas à devenir assez lourd, jusqu’au concours final –sorte de Génies en herbe local- qui verra bien entendu les jeunes filles triompher des embûches tendues devant elles.
On se consolera dès lors avec la double prestation très réussie de Rupert Everett, qui se transforme en une Miss Fritton assez savoureuse, et on appréciera le physique hautement agréable des jolies jeunes femmes qui composent les rangs de cet établissement haut en couleurs. L’une d’entre elles, Gemma Arterton, sera d’ailleurs aux côtés de James Bond dans le prochain Quantum of Solace. Quant à savoir quelles leçons elle enseignera au célèbre agent secret, il y a fort à parier que ce dernier retournera volontiers s’asseoir sur les bancs de l’école avec une aussi ravissante condisciple. Dommage que le cours délivré par St. Trinian’s ne mérite pas vraiment une grande distinction comique.

THEN SHE FOUND ME
Réalisation. HELEN HUNT
USA – 2007 – 100 min.
Drame

D’UNE MÈRE À L’AUTRE

Helen Hunt n’a pas choisi la facilité pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, puisqu’elle y cumule les mandats, en étant également scénariste, productrice et actrice principale. Trop de casquettes à la fois sans doute, à l’image du film qui part dans plusieurs directions sans jamais arriver à se fixer sur un thème bien précis.
Entre la mort d’une mère adoptive, la découverte de la mère biologique, un mari qui prend le large et un autre homme qui débarque, il ne manquait que la femme en mal d’enfants… ce que le scénario prévoit également! Un résumé d’une vie, certes, mais qui présente le défaut de ne jamais aller au fond des choses, alors que la rencontre entre Helen Hunt et Bette Midler méritait assurément un traitement privilégié et moins superficiel. Mais d’un sujet à l’autre, le fil de l’histoire se perd en route et ne passionne plus guère.
Quelques bons moments néanmoins, un jeu d’acteurs honorable, ainsi que l’une ou l’autre réflexion sur l’existence et ses aléas dans lesquelles tout un chacun pourra se reconnaître. Mais les relations entre les personnages est filmée trop sobrement et sans grande passion, au gré d’un rythme et d’un équilibre que Hunt, au contraire de sa vraie mère, n’a pas entièrement réussi à trouver.

SPIRITS ♦♦
(Shutter)
Réalisation. MASAYUKI OCHIAI
USA – 2008 – 85 min.
Horreur

OBJECTIF PARANORMAL

Le cinéma fantastique asiatique est féru de fantômes et d’esprits pas très bienfaisants. Une mode qui s’exporte depuis quelques années avec la vague des remake américains de nombreuses productions locales: Ring, The grudge, etc… Parfois avec bonheur, mais un peu trop souvent hélas avec pas mal d’ennui à la clé.
Un défaut auquel échappe heureusement ce Spirits, malgré son titre français (!) fourre-tout: si c’était pour passer d’un terme anglais à un autre, autant garder le “shutter”, à savoir l’objectif de l’appareil photo.
Car c’est à travers cet objectif que les fameux esprits apparaissent sur les clichés, et celui qui intervient dans le récit n’est pas franchement animé des meilleures intentions.
Le scénario va donc s’appliquer à emmener peu à peu le spectateur vers le pourquoi de cet acharnement paranormal, au fil d’une intrigue d’autant bien menée qu’elle est parsemée de séquences d’épouvante efficaces. L’intérêt reste ainsi intact d’un bout à l’autre, une gageure réussie pour un thème aussi souvent abordé.
Sans de véritables grosses pointures au générique, Spirits distille donc les révélations avec parcimonie et sans jamais verser dans l’invraisemblable. Une agréable surprise américano-nipponne qui remplit plutôt bien son objectif, aussi obturé soit-il par les esprits.

PHÉNOMÈNES ♦♦
(The Happening)
Réalisation. M. NIGHT SHYAMALAN
USA – 2008 – 90 min.
Fantastique

VENT DE PANIQUE

Après le flop de La jeune fille de l’eau, M. Night Shyamalan était attendu au tournant… comme à chaque film depuis ce fameux Sixième sens qui fut pour lui une bénédiction tout autant qu’une malédiction, puisque depuis lors, chacun s’attend à le voir rééditer pareille performance.
L’homme se plaît en tout cas à installer une atmosphère angoissante dès l’entame de l’histoire. Maîtrisant l’effroi avec un talent incontestable, il transforme des scènes quotidiennes banales en véritable cauchemar dès le moment où les gens, sans raison apparente, se tuent les uns après les autres.
Alors, terrorisme chimique agissant sur le cerveau? Hypothèse abordée logiquement dans un contexte post-11 septembre. Mais délaissée assez rapidement pour laisser la place à une vérité nettement plus fantastique, que le scénario livre non pas sous forme de dénouement inattendu mais comme un signal de départ à la seconde moitié du film.
Le message devient alors limpide: métaphore écologiste, Phénomènes cherche à démontrer que la vengeance de la nature sur les agissements de l’homme peut être incontrôlable, et surtout mortelle pour l’espèce humaine. Une fois cette évidence exposée, le suspense tend à décroître et le final, assez classique, est davantage un hommage aux films de genre qu’une véritable conclusion originale. Mais dans l’ensemble, c’est plutôt un vent favorable qui souffle sur l’ouvrage de Shyamalan.

SKATE OR DIE 0
Réalisation. MIGUEL COURTOIS & PASCAL GUEGAN
France – 2008 – 87 min.
Action

AU RAS DES PLANCHES

Rien que le titre flairait déjà l’arnaque à plein nez. Et il ne faut que quelques minutes pour confirmer que Skate or die, c’est du très, très lourd qu’il va falloir se coltiner. Filmée à toute vitesse et sans doute écrite tout aussi rapidement, cette histoire se plante dès l’entame de l’action, desservie par un jeu d’acteurs catastrophique: hormis la ravissante Rachida Brakni, le reste du casting se ramasse à la pelle, y compris Elsa Pataky en plein patatras dans sa diction.
La caméra, quant à elle, fait tanguer l’image autant qu’un navire en pleine mer houleuse. Ce choix technique plutôt nauséeux ne serait finalement pas trop dommageable pour l’estomac s’il n’était accompagné d’un message en filigrane franchement vomitif: caricatural à l’extrême, Skate or die véhicule à l’envi l’image du flic ripoux et du pauvre jeune banlieusard victime des méthodes policières.
Ainsi, Courtois et Guegan flirtent dangeureusement avec le subliminal pour insérer ici et là le mot «racaille» dans la bouche des enquêteurs, un portrait de Sarkozy trônant négligemment sur un mur, une bande de jeunes en pleine consommation de cannabis devant un écriteau «défense de fumer», et quelques plans cul aussi inutiles et douteux que le reste.
Rien de tel pour caresser dans le sens du poil une certaine jeunesse déboussolée qui sera sans doute la seule –et , espérons-le, de façon ultra minoritaire- à se satisfaire du spectacle lamentable de cette production française qui frôle le ras de la planche en permanence.

LE JOURNAL D’UNE BABY SITTER
(The Nanny Diaries)
Réalisation. ROBERT PULCINI & SHARI SPRINGER BERMAN
USA – 2008 – 104 min.
Enfants admis
.
ANNIE LA NANNY

Scarlett Johansson en baby sitter: avouez que ça vous plairait de retomber en enfance! Et heureusement que sa présence permet de porter à bout de bras Le journal d’une baby sitter dont la mise en scène est bien trop irrégulière à force de partir un peu trop dans tous les sens.
Le film peine en effet beaucoup à trouver le ton adéquat, entre une satire grinçante de la haute bourgeoisie new yorkaise et une gentille fable empreinte de fantaisie. Ainsi, entre deux clins d’oeil au parapluie de Mary Poppins, et un à Lost in translation (via… le popotin de Scarlett), on assiste à la description assez plate d’un univers aseptisé et plein d’hypocrisie, sans que le propos ne parvienne à se faire suffisamment grinçant pour exploiter valablement le sujet.
C’est donc bel et bien dans le jeu d’acteurs qu’il faut trouver une consolation. Paul Giamatti est excellent dans la peau du père égocentrique et indifférent à sa famille, Laura Linney incarne avec toute la suffisance nécessaire la femme abusant de sa position sociale pour mieux oublier le désintérêt de son époux.
Entre tout cela se glissent régulièrement quelques réflexions sur l’existence et sur la différence des classes, mais la sensation de futilité qui se dégage de l’ensemble de ce Journal… en rend la lecture peu passionnante.

SANS SARAH RIEN NE VA ! 0
(Forgetting Sarah Marshall)
Réalisation. NICK STOLLER
USA – 2008 – 111 min.
Comédie romantique

SANS SCÉNAR’ RIEN NE VA !

Les Américains doivent vraiment être en manque de tendresse ces temps-ci: les comédies romantiques pleuvent décidément sur Hollywood , mais pas toujours avec bonheur et finissent même, devant cette abondance, à se confondre les unes avec les autres.
Voilà donc un brave gars un brin balourd, obligé de passer ses vacances au même endroit que son ex. Prétexte idéal à bien des quiproquos, cette idée de départ prend pourtant l’eau aussi rapidement que les environs des plages hawaiiennes, car le scénario ne trouve jamais le ton juste, ni l’humour inhérent à ce genre de récit.
Nick Stoller se contente donc de filmer mollement un grand nombre de situations convenues et sans la moindre surprise. Pour compenser cette faiblesse, sans doute lui et les scénaristes se sont-ils cru obligés de rajouter de nombreuses doses de vulgarité pas franchement judicieuses. Voir Jason Segel se balader à poil n’a rien de très aguichant, pas plus que les orgasmes simulés de l’héroïne. Mais il faut croire que tout cela est considéré comme délicieusement osé selon les critères de la pudibonde Amérique, d’où la présence de telles scènes ici.
Rapidement à court d’inspiration, le film s’acharne pourtant à rallonger la sauce avec de nouvelles péripéties, comme si on n’avait pas déjà compris depuis très longtemps comment tout cela allait finir. Sans Sarah rien ne va!... et pourtant on se sent tellement mieux sans elle!

3:10 TO YUMA ♦♦
Réalisation. JAMES MANGOLD
USA – 2007 – 122 min.
Western

CONVOI SPÉCIAL

James Mangold revisite –et rallonge- à sa façon la version de 1957, dans laquelle Glenn Ford tenait le rôle aujourd’hui dévolu à Russell Crowe. Mais comparaison n’est pas raison, d’autant que l’original tenait davantage du huis clos que de l’épopée sauvage.
Le 3:10 to Yuma actuel est essentiellement une confrontation réussie d’acteurs. Christian Bale tenant tête à Russell Crowe, l’un et l’autre très convaincants dans leurs personnages respectifs et le bras-de-fer qui se joue entre eux. C’est aussi un conflit acharné entre plusieurs jusqu’aux boutistes: d’une part les représentants de la Justice, soucieux de faire respecter la loi à la lettre, au point de risquer un périple insensé dans cet Ouest sauvage pour livrer un criminel; d’autre part un bandit de grand chemin, aussi cruel que fascinant, et qui tentera tout pour se soustraire à ceux qui l’ont capturé.
Dans ce combat particulier, plusieurs séquences d’action réussies viennent ajouter un impact visuel à la violence des sentiments et de la vie de l’époque telle qu’elle est décrite.
Mais la tendance actuelle en matière de western étant de privilégier à tout prix la psychologie des héros, le film connaît plusieurs moments creux faits de longs bavardages et de plans d’une lenteur infinie. Fascinant, sans doute, pour les adeptes d’un Far West endormi, beaucoup moins pour les nostalgiques des récits nerveux d’autrefois. Un trajet vers Yuma intéressant, mais pas aussi captivant qu’il aurait pu être.

LA PERSONNE AUX DEUX PERSONNES ♦♦
Réalisation. NICOLAS & BRUNO
France – 2007 – 90 min.
Comédie fantastique

LE FILM AUX DEUX VISAGES

Bien étrange comédie française que celle-ci! On ne sait en effet jamais quelle tournure elle va prendre, passant du comique parfois assez pataud à un récit davantage tourné vers le fantastique. Une chose est sûre en tout cas: elle évite toujours habilement de tomber dans le navet, même si c’est parfois de justesse.
C’est donc un objet pour le moins curieux que Bruno et Nicolas ont mis en scène. Le sujet en lui-même ouvre déjà la porte à de nombreuses situations amusantes, accentuées bien entendu par la différence complète de personnalité des deux personnages principaux. Autant Gilles Gabriel est artiste dans l’âme, autant Ranu est affreusement coincé dans ses habitudes de vieux célibataire indécrottable. D’où les nombreux gags et quiproquos qui émaillent le récit, d’autant qu’il est servi par un Daniel Auteuil et un Alain Chabat plutôt désopilants, l’un physiquement, l’autre vocalement.
L’habillage du film donne un ton résolument intemporel à l’histoire: décors et costumes des années 70-80 cotoient un environnement contemporain, accentuant ainsi l’atmosphère fantastique qui se dégage.
Egratignant au passage avec une certaine saveur le monde de l’entreprise, La personne aux deux personnes –dont le titre aurait pu être meilleur- peine parfois à trouver sa voie, du fait qu’il hésite entre différents styles. Il n’empêche qu’on s’amuse plus d’une fois au gré des situations grotesques provoquées par ce «couple» bien malgré lui.

CHACUN SON CINÉMA ♦♦
Réalisation. (collectif)
France – 2007 – 118 min.
Comédie dramatique

PATCHWORK

Le titre du film ne pouvait être mieux choisi: c’est en effet une vision à chaque fois très personnelle que donnent les cinéastes réunis au générique de ce montage célébrant l’anniversaire du prestigieux rendez-vous cannois.
34 réalisateurs et non des moindres: voilà qui donne donc largement à boire et à manger, pour une oeuvre «commune» forcément atypique et inégale, puisque aucun fil rouge –hormis, bien sûr, l’amour du cinéma- ne relie les différentes séquences entre elles.
Selon les goûts et les tempéraments, les professionnels ont donc traité leur sujet, qui sur le ton du drame, qui avec une note humoristique, qui avec surréalisme.
Sans doute aurait-il mieux valu que le nombre de courts-métrages rassemblés ici soit moindre, pour que leur durée respective ait pu être allongée. Car près de deux heures de séquences de 3 minutes rendent l’ensemble parfois indigeste, d’autant qu’on passe du coq à l’âne en permanence.
Reste néanmoins un travail de commande globalement intéressant, et l’occasion sans doute unique de voir autant de noms connus partager l’affiche. Tout juste s’étonnera-t-on d’avoir du attendre la fin du… 61e Festival pour voir sortir dans les salles belges ce cadeau d’anniversaire à la 60e édition.

SEX AND THE CITY – LE FILM
(Sex and the City – The Movie)
Réalisation. MICHAEL PATRICK KING
USA – 2008 – 145 min.
Comédie romantique

MARQUES DÉPOSÉES

Et tout d’abord un aveu: nous n’avons jamais vu la série pourtant culte à l’origine de ce long métrage, honte à nous! Et dommage aussi, d’ailleurs, car le feuilleton, au vu de sa longévité, et aux dires de ceux qui le connaissent, devait forcément être autrement plus attrayant que le film qui en est tiré.
Car cette suite sur grand écran est en fait avant tout un défilé de mode interminable, énorme coup de pub aux marques de luxe et magazines du même acabit. Sarah Jessica Parker change de tenue quasiment à chaque séquence, de même que ses partenaires, dans cette ode au bling-bling et au pognon qui coule à flots pour cette bande de privilégiées. Un peu saoûlant à vrai dire que cet environnement aseptisé et reluisant que les productions américaines nous resservent régulièrement.
Quant au côté «sex» du titre, il est bien décevant également: je te largue, tu me quittes et on se rabiboche à la fin. En parsemant tout de même l’histoire de quelques réflexions sur les relations modernes décidément bien complexes entre hommes et femmes.
Reste l’une ou l’autre tranche de vie intéressante, ainsi qu’une certaine légèreté de ton assez plaisante par moments. Mais on n’échappe pas à l’impression de regarder trois épisodes mis bout à bout et rallongés pour atteindre les 2h20. Les nostalgiques de la série retrouveront sans doute avec le sourire leurs héroïnes favorites, dommage toutefois que les années qui passent les aient un peu trop assagies.

LE NOUVEAU PROTOCOLE ♦♦
Réalisation. THOMAS VINCENT
France – 2007 – 95 min.
Thriller

QUAND LE MÉDICA… MENT

Ce thriller à la française met l’accent sur une problématique actuelle et pourtant peu exposée à la médiatisation: le lobby pharmaceutique et les dérives que celui-ci peut entraîner.
Installant d’emblée l’action dans une atmosphère pesante, Le nouveau protocole s’attache tout d’abord à la douleur d’un père avant de basculer assez vite dans l’énigme policière paranoïaque. Car le doute subsiste en permanence sur les causes ayant entraîné la mort de la victime, ainsi que sur les motivations de Diane, altermondialiste engagée pour qui la théorie du complot est une réalité permanente.
Alliant à cette recherche de la vérité un rythme soutenu, le film est fort bien défendu par les interprétations inspirées de Clovis Cornillac et Marie-Josée Croze, et évite de tomber dans un manichéisme tentant pour ce genre de sujet.
En fin de course toutefois, le scénario finit par s’essoufler un peu et surtout par s’embrouiller dans les révélations, de même qu’il laisse plusieurs questions sans réponse. Ce qui lui enlève dès lors une partie de sa crédibilité. Mais d’autres productions du même genre accumulent bien plus d’invraisemblances. Et Le nouveau protocole nous change du sempiternel polar à la française avec ses flics désabusés et sa violence excessive. Un remède imparfait donc, mais pas déconseillé.

ELDORADO ♦♦
Réalisation. BOULI LANNERS
Belgique – 2007 - 85 min.
Comédie dramatique

LA WALLIFORNIE

On ne pourra pas reprocher à Bouli Lanners de ne pas aimer sa région natale! Son premier long, Ultranova, mettait déjà particulièrement bien en valeur le merveilleux ciel gris de notre plat pays, ainsi que ses superbes routes nationales si bien entretenues. Rebelote avec Eldorado, au titre aussi improbable que le précédent, qui constitue un étonnant road-movie wallon.
Autant l’écrire tout de suite: en dépit de ses récompenses cannoises, il n’est pas certain qu’Eldorado parvienne à convaincre tout le monde. C’est qu’il vaut mieux avoir le moral pour assister aux trajets en bagnole des deux héros, entre deux draches bien de chez nous et les gros nuages plombants que Lanners aime intégrer dans ses décors.
On se laisse néanmoins peu à peu attendrir par le caractère poétique que dégagent les personnages, principaux comme secondaires. Le réalisateur s’intéresse aux petites gens, à ces laissés pour compte qui d’habitude ne deviennent pas héros d’un film, et dégage de leur apparente banalité une grande humanité.
Le dernier tiers du récit –assurément la meilleure partie- ajoute d’ailleurs une jolie touche d’émotion contenue au travers de la rencontre entre Yvan et la mère d’Elie. Et débouche sur une note plus claire, comme une éclaircie qui perce la masse nuageuse. La Wallonie, un Eldorado? En tout cas, une terre riche en personnages hauts en couleurs!

HOW SHE MOVE 0
Réalisation. IAN IQBAL RASHID
USA – 2007 – 94 min.
Drame

BOUGE-TOI DE LÀ!

Et encore un film sur les danses contemporaines, après le récent –et pas franchement indispensable- Sexy dance 2! Les producteurs américains remettent donc le couvert, en même temps que les tas de clichés que véhiculent ce genre de récit.
A moins d’aimer follement le step dance, pas sûr donc que cette histoire drainera des foules impressionnantes dans les salles, si ce n’est les ados qui se retrouveront un tant soit peu dans les héros du présent How she move.
Ce n’est pas que le message véhiculé soit particulièrement dérangeant, au contraire, mais hormis cet encouragement au dépassement de soi, il n’est pas aisé d’être séduit par l’esthétique de la mise en scène, et encore moins par cette danse très particulière qu’est le step.
Au même titre que le rap et le hip-hop, qui ne donnent pas souvent une image très enthousiasmante des jeunes, le step semble se complaire dans cette dynamique des ghettos et des minorités ethniques où tout le monde se croit obligé d’en faire des tonnes pour mériter le droit de devenir un homme. On n’échappe pas à la règle ici.
Le récit n’étant par ailleurs qu’un prétexte enrobant un nombre important de séquences de danse, il ne faut pas longtemps pour décrocher complètement et se demander pourquoi et comment ce genre de productions sortent en salles chez nous au lieu de passer directement par la case DVD.

INDIANA JONES ET LE ROYAUME DU CRÅNE DE CRISTAL ♦♦♦
( Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull)
Réalisation. STEVEN SPIELBERG
USA – 2008 – 123 min.
Aventures

INDY REVIENT ? LES SOVIETS TIQUENT !

Dommage qu’il aura fallu attendre quasiment vingt ans pour voir enfin le retour du professeur-aventurier le plus célèbre du 20e siècle ! Car malgré l’âge, Harrison Ford n’a pas perdu grand-chose de son énergie et endosse toujours avec panache le cuir et le chapeau qu’il emmène aux quatre coins de la planète.
Spielberg n’a donc pas cherché à changer une recette gagnante et est resté fidèle à la griffe de la trilogie des années 80. Ce nouvel épisode prend d’ailleurs bien soin de parsemer l’histoire de références au passé, dans laquelle même Sean Connery –qui avait pourtant décliné l’offre de rempiler en tant que paternel d’Indy- a droit à un clin d’œil.
On navigue donc entre une pincée de nostalgie qui ravira les fans de la série et un regard tourné vers l’avenir, avec Shia LaBeouf en descendant du héros pour, qui sait ? rajouter un jour un nouvel épisode à la saga.
Légendes antiques, endroits mystérieux, parchemins codés, ennemis implacables (les Soviets en lieu et place des Nazis), et une dose de science-fiction, avec une allusion très claire au supposé crash d’une soucoupe volante à Roswell ; bon nombre d’éléments que le réalisateur parvient une nouvelle fois à mélanger harmonieusement. Sans compter la reconstitution réussie de l’époque, avec sa musique, la mode d’alors, mais aussi le pesant maccarthysme qui voyait du rouge partout.
Le divertissement reste donc à la hauteur ; espérons dès lors retrouver Indiana Jones –les Golden Sixties sont toutes proches !- avant qu’il ne prenne une retraite bien méritée.

LE BAL DE L’HORREUR 0
(Prom night)
Réalisation. NELSON MCCORMICK
USA – 2008 – 88 min.
Horreur

DOUZE BALS DANS LA PEAU

Dans le genre slasher complètement raté, voilà un avatar qui fera date! Car pour être invité à un bal pareil, faut vraiment pas être verni, surtout si on est dans la peau du spectateur.
Vague remake d’un film de 1980 qui n’était déjà pas resté dans les mémoires, Le bal de l’horreur n’est horrible que par sa mise en scène, ainsi que par son histoire totalement dénuée du plus petit intérêt, et surtout du moindre suspense, ce qui est le comble pour un film d’horreur.
Aucune surprise donc d’un bout à l’autre, si ce n’est la stupéfaction de voir un scénario convenu à l’extrême dans lequel un psychopathe (tellement mal joué que ça en est pitoyable) tue quelques ados avec son couteau, dans l’hôtel où se déroule le bal de fin d’année. Archi prévisible, mille fois vu et revu, et une succession de séquences creuses comme le cerveau du scénariste qui a pondu ce navet.
Et ce n’est donc pas la peine d’espérer avoir peur, puisque non seulement il n’y pas un gramme d’originalité dans l’intrigue mais aussi parce que le réalisateur s’ingénie à détourner pudiquement sa caméra au moment des meurtres.
Ceux qui attendront naïvement les dernières minutes pour assister tout de même à un ultime rebondissement en seront pour leurs frais: il ne se passe vraiment rien du tout dans ce désastre qui ne vaut franchement pas un bal.