c comme cinéma

vendredi, août 31, 2007


SPIDERMAN 3 ♦♦♦
Réalisation. SAM RAIMI
USA – 2006- 140 min.
Fantastique

L’ARAIGNEE CRACHE SON VENIN

Troisième volet des aventures de Spiderman sous la houlette de Sam Raimi, et sans doute le meilleur des trois, celui où toutes les ambiguïtés sont de mise. Bien loin du mythe du super-héros sans peur et sans reproche, voilà que notre araignée préférée se voit tentée par le côté obscur, et commet dans la foulée une série d’actes pas franchement jolis-jolis qui entraînent des réactions en chaîne.
Le scénario désoriente d’ailleurs à l’envi : hormis une étrange substance venue de l’espace, plusieurs méchants potentiels se succèdent à l’écran, mais sans qu’aucun jugement manichéen ne les enferme irrémédiablement dans la catégorie des mauvais. Il aurait fallu peu de choses pour que leur destin bascule du bon côté, tel est le constat revenant constamment en toile de fond (et d’araignée).
Et Spiderman, étrangement, joue un rôle central par rapport à ses 3 ennemis du moment : en laissant la haine le submerger, il devient pour un temps un Dark Vador arachnidé dont la violence entraîne d’autres violences.
De loin l’épisode le plus noir de la série, Spiderman 3 creuse encore davantage le caractère des personnages principaux, tout en gardant d’un bout à l’autre une action soutenue et d’excellents effets spéciaux, sans omettre quelques pointes d’humour (surtout lorsque Peter Parker se transforme en dragueur invétéré !).
Raimi continue donc à très bien maîtriser son sujet ; son 3e épisode ne manquera pas d’attirer dans sa toile une foule nombreuse. Reste à espérer qu’il convaincra ses interprètes de rempiler : que serait désormais la franchise sans «Spidey » Maguire et « Mary Jane » Dunst ?


NEXT ♦♦
Réalisation. LEE TAMAHORI
USA – 2006 – 96 min.
Science-fiction

CONTRE LA MONTRE

La formidable imagination de Philip K. Dick n’a décidément pas fini d’inspirer le cinéma, et ça n’a rien d’étonnant au vu du superbe potentiel que recèlent ses histoires.
Parvenir à visualiser le futur immédiat, rien de tel pour donner lieu à quelques séquences du meilleur acabit dans lesquelles se retrouve le thème du paradoxe temporel cher aux amateurs de voyages dans le temps : savoir ce qu’il va se passer dans 10 minutes et influer sur le cours des choses de manière à ce qui doit arriver n’arrive justement pas…
Fameux casse-tête que Tamahori filme souvent avec beaucoup d’adresse, que ce soit au niveau dramatique ou parfois même comique : Nicolas Cage hilarant en train de « voir » à l’avance les rateaux qu’il se prend avec celle qu’il veut séduire !
Dommage que le réalisateur n’ait pas cru bon continuer en si bon chemin, car à la moitié de l’intrigue, la qualité d’ensemble prend un coup d’arrêt pour glisser vers un film d’action plutôt banal dans lequel les visions de Cris n’apportent plus guère d’innovation.
Certains films sont trop longs ; peut-être aurait-il fallu au contraire rallonger celui-ci pour lui donner le rythme voulu et y mélanger plus harmonieusement les différentes composantes qui en auraient fait un tout bon thriller de S.F. Tamahori aurait pourtant pu essayer de plonger dans le futur afin d’y voir les scènes non encore tournées, et les modifier ensuite au présent !


THE REAPING
Réalisation. Stephen HOPKINS
USA – 2006 – 98 min.
Fantastique

SUPERSTITIONS

Après Moi, Peter Sellers, Stephen Hopkins fait un virage vers le fantastique, en tentant de jouer sur les superstitions des gens et les craintes ancestrales qu’elles suscitent pour mettre sur pied un suspense efficace.
Mais il faut croire que certains sujets portent malheur, car le réalisateur manque singulièrement de punch dès qu’il s’agit d’aborder ce genre bien précis, témoin en était déjà son Lost in space passablement ennuyeux malgré la potentialité du sujet.
The reaping ne commence pourtant pas trop mal : une ambiance assez angoissante s’installe pendant la première demi-heure, au cours de laquelle s’opposent des faits mystérieux et la vision cartésienne de l’héroïne pour qui tout peut s’expliquer, y compris l’inexplicable.
Mais à force de délaisser peu à peu l’originalité du scénario pour emprunter des idées dans d’autres références en la matière (La malédiction, Le village, …), le film perd progressivement le punch qui l’animait jusque là. Et Hopkins retombe donc dans ses travers : la crédibilité de son histoire en prend un sacré coup, et la bonne volonté d’Hilary Swank n’arrive pas à redresser la barre.
On ne s’amuse donc plus beaucoup, et c’est presque en vain qu’on attend un rebondissement… qui survient toutefois en toute fin de film, ce qui donne d’autant plus de regrets quant à ce qui précède. Peut-être faudrait-il un gri-gri à Hopkins pour se débarrasser du manque d’énergie qui frappe quasi toujours ses scenarii !


LA COLLINE A DES YEUX 2
(The hills have eyes 2)
Réalisation. MARTIN WEISZ
USA – 2006 – 89 min
Horreur

LA FAMILLE DES COLLINES

Reprenons : après qu’Alexandre Aja ait réalisé un fort bon remake de La colline a des yeux de Wes Craven, voilà que la suite du remake voit le jour, écrite par le même Wes Craven qui avait également tourné une suite de l’original en 1985. C’est clair pour tout le monde ?
Bref, le filon de cette sympathique famille des collines a encore de beaux jours devant lui, d’autant plus si son concepteur continue à l’entretenir régulièrement. Mais comme bien d’autres avatars du même acabit –la récente préquelle de Massacre à la tronçonneuse- il n’est évidemment plus question d’y voir une originalité débordante.
La mise en scène reste cependant acceptable, du fait d’effets visuels gore soignés et de la nature même des mutants qui conservent efficacement leur caractère horrifique en évitant de tomber dans le ridicule. Certaines scènes sont même assez gratinées, inspirées sans doute par la griffe du créateur de la série.
Pas de quoi, cependant, en attendre monts, collines et merveilles : l’histoire reste prévisible du premier au dernier meurtre sauvage commis par la bande de dégénérés qui hantent les lieux. Ce divertissement se rapproche donc d’un slasher parmi d’autres, alors qu’il aurait peut-être pu creuser davantage la psychologie de ses monstrueux personnages, dont celle du « gentil » (par rapport à ses congénères) qui fait montre d’un soupçon d’humanité. Mais sans doute qu’un 3e épisode s’en chargera tôt ou tard.


THE RETURN 0
Réalisation. ASIF KAPADIA
USA -2006- 85 min
Fantastique

RETOUR PERDANT

Peut-être un jour, après une très longue carrière, demandera-t-on à Sarah Michelle Gellar si elle ne regrette pas d’avoir tourné dans autant de films d’horreur. La jeune femme les accumule en effet, et pas toujours avec bonheur au vu de ce The return banal et profondément ennuyeux.
Quelques minutes suffiront d’ailleurs pour se rendre compte que ce n’est pas avec ce film que le genre fantastique va connaître un renouvellement sensationnel. Très vite en effet, le scénario rachitique développé par Kapadia crie famine, à force de voir Sarah Michelle courir –ou plutôt trottiner- après une vague réminiscence surnaturelle censée la mener vers un secret enfoui bien profondément. Tellement profondément d’ailleurs que l’ennui qui émane de l’histoire ne tarde pas à vaincre la résistance au sommeil des spectateurs même les plus valeureux.
Décors vidés au maximum, ambiance mélancolique, paysages ruraux désolés ; le réalisateur n’a pas fait dans la dentelle et ses acteurs ont l’air tout autant paumés que ses choix filmiques. Pauvre Sam Shepard, qu’est-il venu faire dans une telle galère ? On cherche en vain la réponse, de même qu’un soupçon d’intérêt pour l’intrigue qui se répète à l’infini, mais 85 minutes et une petite sieste plus tard, le regret d’avoir perdu son temps prévaut largement.


THE MESSENGERS 0
Réalisation. DANNY & OXIDE PANG
USA –2006- 91 min
Horreur

UN PANG QUI FAIT FLOP

Fallait-il vraiment que les frères Pang cèdent à la mode ambiante de s’en aller manier la caméra en-dehors de leur Asie natale ? A voir le résultat, on peut franchement répondre par la négative !
Car si c’était pour se la couler douce au point de se contenter de piquer dans le vaste catalogue des références en matière d’horreur, ce n’était pas la peine d’effectuer le voyage, ni de nous en imposer le résultat affligeant.
Déjà vue et revue des centaines de fois, leur histoire de fantômes ne tient en effet pas la distance, d’autant plus qu’elle souffre d’un cruel manque de rythme la rendant quasiment soporifique par instants. Quant au suspense, n’en parlons pas : à moins d’être un novice complet en matière de fantastique, il faut être facilement impressionnable pour sursauter devant les scènes prétendument horrifiques.
Non contents donc de filmer d’une façon qui est tout sauf dynamique, voilà que Pang & Pang, très à court d’inspiration, puisent à grosses louches dans leur vidéothèque pour en extraire des scènes inspirées d’autres films célèbres : une dose d’Amytiville par-ci, un soupçon de Sixième sens par là, et surtout une généreuse portion des Oiseaux d’Hitchcock qui rend The messengers franchement grotesque tant l’emprunt est énorme et sans réelle justification.
Visiblement déconcertés par un style qui n’est pas le leur, Danny et Oxide se perdent dans une production commerciale qui ne fera sûrement pas d’eux les messagers d’un cinéma attrayant.


SUNSHINE ♦♦
Réalisation. DANNY BOYLE
USA – 2006 – 107 min.
Science-fiction

SOLEIL COUCHANT

Présenté en ouverture du 25e Festival du Fantastique de Bruxelles, Sunshine voit Danny Boyle s’aventurer dans le domaine de la science-fiction. Epreuve à haut risque mais plutôt bien digérée par le cinéaste, malgré les incohérences qui parsèment le film, ainsi que son originalité toute relative.
Car le premier détail qui frappe, c’est l’époque bien trop rapprochée pour être réaliste où Boyle situe son action, reprenant ainsi la vision des productions S.F. des années 50-60 qui s’imaginaient qu’en l’an 2000 l’être humain aurait déjà visité tout le reste de l’univers.
Par ailleurs, les emprunts ne manquent pas. Toute l’histoire ne semble être qu’un condensé de différents ouvrages célèbres ou moins connus : 2001, Alien, Event Horizon, … ; rien de quoi révolutionner des concepts déjà maintes fois déclinés sous toutes les coutures.
Pourtant, le Britannique parvient à masquer ces faiblesses par un enrobage convaincant : visuellement, Sunshine ne manque pas de superbes images nous transportant vers notre indispensable étoile, tandis que le scénario utilise le voyage spatial comme instrument d’une réflexion philosophique sur notre avenir, sans pour autant tomber dans le pensum métaphysique. En combinant donc avec assez de réussite ces différents points, et en évitant le principe du happy end qui aurait ôté au film toute crédibilité compte tenu des éléments à charge mentionnés plus haut, Boyle mène honorablement son vaisseau à bon port.


PRIMEVAL 0
Réalisation. MICHAEL KATLEMAN
USA – 2006 – 93 min
Fantastique

KING CROCS

Présenté en avant-première au 25e Festival du Fantastique de Bruxelles dans le cadre de « The night of the beasts », Primeval aura sans nul doute laissé bien des spectateurs sur leur faim, malgré l’appétit féroce affiché par le crocodile vedette du film.
« Vedette », du moins à partir du moment où la brave bête daigne se montrer, ce qui prend environ une bonne heure pendant laquelle il faut se farcir les déambulations des héros à travers les paysages africains, dans une mise en scène quasiment dépourvue de tout suspense et manquant cruellement de cet humour noir qui rajoute pourtant du piment à bien des productions fantastiques. Même si, au contraire d’autres perles du genre comme Anaconda ou Lake Placid, le milieu naturel dans lequel évoluent les personnages évite de verser dans le kitsch le plus pur.
Par ailleurs, au lieu de se concentrer sur le croco affamé, Katleman éparpille son récit dans plusieurs directions, ce qui débouche paradoxalement sur les rares séquences intenses –et très dures- de l’histoire, laissant ainsi entrevoir ce qu’aurait pu être Primeval traité autrement, à savoir une dénonciation du martyre de l’Afrique livrée aux guerres civiles et aux monstres humains qui les alimentent.
Mais ne fait pas Blood Diamond qui veut, et même si le réalisateur verse des larmes de crocodile, rien n’y fera : son premier long-métrage manque furieusement de mordant.


SHOOTER
Réalisation. ANTOINE FUQUA
USA – 2006 – 124 min
Thriller

TIR GROUPE

Rien de tel qu’un bon petit complot de derrière les fagots pour animer un thriller hollywoodien. D’autant plus que ce Shooter commençait plutôt bien, avec la mise en place progressive de tous les éléments menant à la machination censée mettre un homme dans le plus grand embarras.
S’inspirant de façon évidente de l’assassinat de John Kennedy, mais aussi d’autres grands films tels que Parallax view ou Les trois jours du condor, Antoine Fuqua distille quelques bonnes scènes d’action et filme avec punch la chasse à l’homme qui s’engage entre le héros solitaire et les comploteurs.
Et puis, curieusement, voilà que la mécanique se met à connaître quelques ratés. Peut-être à court d’inspiration, le scénario, assez finement complexe jusque là, tombe dans une banalité décevante pour se transformer en une succession de scènes de combat, d’explosions et surtout d’une auto-justice primaire dont on ne comprend pas le traitement sans nuances qui lui est appliqué.
Et la fin n’arrange pas grand-chose par rapport à ce constat, d’autant plus qu’elle semble d’une facilité navrante et totalement invraisemblable. Basé sur une nouvelle de Robert Lee Swagger qui, elle, bénéficie d’une conclusion autrement plus emballante, Shooter tire tellement dans tous les sens qu’il en perd une bonne partie de sa cohésion.


EXILES
(Fangzhu)
Réalisation. JOHNNIE TO
Hong Kong – 2006 – 98 min
Policier

POLAR PELANT

L’avantage avec bon nombre de films asiatiques, c’est qu’il ne faut pas se soucier le moins du monde de savoir à quel type d’histoire on a affaire. Drame, romance, polar, …, qu’importe tout cela !
Car de ce côté de la planète cinéma, ce qui importe avant toute chose, c’est la mise en scène. Question de culture sans doute –malgré, soyons honnêtes, quelques exceptions- un nombre incalculable de réalisateurs locaux transforment systématiquement ce qui pourrait apparaître comme des œuvres assez classiques en spectacle d’opéra, saisissant la moindre opportunité pour faire de leurs acteurs des héros de ballets se livrant à des chorégraphies léchées au service d’un style visuel très spécifique… et plutôt déconcertant pour tout qui ne se sent pas transporté de joie face à ces choix venus d’ailleurs.
Du coup, pas la peine d’espérer de ces Exilés qu’ils apportent une bonne dose d’action et de suspense au cœur de l’intrigue. Johnnie To préfère verser dans le contemplatif, livrant ses personnages au regard de sa caméra plantée dans un coin du décor pour de longs plans fixes gratinés de nombreux bavardages ainsi que d’un jeu d’une naïveté outrancière par rapport à nos standards occidentaux.
Le style aidant, ou plutôt n’aidant pas, on a tôt fait de décrocher malgré les quelques lueurs éclaircissant hélas trop tard un film dont les dernières images laissent entrevoir ce qu’aurait pu être l’ensemble.
Nul doute cependant que les amateurs de chinoiseries se pâmeront d’extase devant la dernière œuvre de To. Vous aurez compris que votre serviteur ne fait pas partie du même fan-club.


PRINCESS ♦♦
Réalisation. ANDERS MORGENTHALER
Danemark/Allemagne – 2006 – 90 min.
Dessin animé/Drame

CRAYON X

Voilà un dessin animé qui, non content de n’être vraiment pas destiné aux enfants, à de quoi laisser perplexe, de par le message qu’il cherche à véhiculer. Formellement, le résultat est plutôt intéressant : en couplant les personnages animés pour l’action située dans le présent et –dans une moindre proportion- les scènes avec des acteurs réels pour évoquer le passé, Princess présente un visage stylisé qui lui permet par ailleurs de glisser plus facilement dans l’excès de violence qui le caractérise.
Rappelant par son scénario le Hardcore de Schrader ou Kill Bill (pour la recherche effrénée de l’homme jugé responsable de la situation), le film n’hésite pas à franchir plusieurs limites lui donnant un côté sulfureux dont l’audace peut amener à s’interroger sur les intentions du réalisateur.
Car, au contraire de la forme, le fond pose problème : utilisant les mêmes procédés que ceux qu’il prétend dénoncer, Morgenthaler se lance dans un brûlot acharné contre la pornographie qui vire quasiment à la croisade intégriste, au vu des propos consternants qu’il tient sur le sujet, du genre : « Comment les hommes peuvent-ils rester assis à se branler, quand on sait que les modèles du porno sont considérés comme des parias le restant de leur vie ? »
Mélangeant allègrement dans le même panier films X, pédophilie et traite des êtres humains, il verse dans un manichéisme confondant duquel se dégage un malaise permanent. Un joli coup de crayon pour les dessins mais une plume nettement plus douteuse quant au scénario : voilà une Princess qui ne manquera pas de susciter la controverse.


AFTER THE WEDDING ♦♦♦
(Efter brylluppet)
Réalisation. SUSANNE BIER
Danemark/Suède – 2006 – 120 min
Drame

LE PERE ET LA VIE

Le mélo n’est pas mort : Susanne Bier lui redonne ses lettres de noblesse, et balayant très rapidement les craintes de voir surgir un vague remake de Festen, elle nous entraîne vers une réflexion bercée par la métaphysique démontrant que l’âme et la conscience peuvent, aujourd’hui encore, supplanter le matérialisme et les rapports d’argent à l’occidentale.
Ce contraste, la cinéaste l’établit d’entrée de jeu, opposant le dénuement du Tiers-Monde avec l’opulence toujours insatisfaite de notre société, mais sans tomber dans le piège du misérabilisme complaisant : son Inde des bidonvilles et de la misère est constamment souriante, via les rires d’enfants et les espoirs de jours meilleurs.
Inversement, la « partie danoise » de son film rappelle avec force que nous sommes tous mortels, sans distinction de fortune. Sans naïveté aucune, mais au contraire avec une intensité empreinte d’une grande sobriété, le scénario émeut, attendrit et redonne foi en l’être humain, au travers de personnages remarquablement interprétés par des acteurs excellents, dont Mads Mikkelsen qui change de registre après incarné le méchant de service de Casino Royale, ou encore Stine Fischer Christensen, également à l’affiche de Princess sorti en même temps sur nos écrans.
Filmé nerveusement, sans temps mort et avec quelques rebondissements bien calibrés, After the wedding est une chronique où passé, présent et futur se côtoient pour nous livrer une jolie tranche de vie et une belle leçon d’humanité


CONTRE-ENQUETE
Réalisation. FRANK MANCUSO
France – 2006 – 85 min
Drame policier

LE FAUX (?) COUPABLE

Son scénario de 36, Quai des Orfèvres avait enthousiasmé les uns et déçu les autres ; Frank Mancuso devrait cette fois mettre tout le monde d’accord : sa première enquête en tant que réalisateur n’est pas une grande réussite.
A qui la faute, monsieur le juge ? Certainement pas à Jean Dujardin, qui comme tant d’autres comiques talentueux a voulu s’essayer au drame pour démontrer qu’il était un acteur complet. Et de fait, son interprétation sobre et intense comporte une double facette très convaincante : celle d’un père brisé par la douleur face à celle du flic animé par la volonté de venger sa fille.
On placera plutôt au rang des accusés un scénario qui ne tient pas ses promesses, cherchant visiblement à surprendre au détour de quelques rebondissements, mais ces derniers tombent à plat ou s’avèrent douteux, à l’image de la révélation finale dont le message fera sans nul doute grincer quelques dents.
Puisant de toute évidence dans les souvenirs de sa carrière ou dans certains grands dossiers judiciaires –l’intrigue semble fortement calquée sur le triste parcours du tueur en série Francis Heaulme-, Mancuso manque d’assurance, ce qu’il compense en partie avec ses personnages authentiques et jamais caricaturaux. Pour cela, il mérite le bénéfice du doute, dans l’attente d’un prochain dossier mieux ficelé.


THE HITCHER
Réalisation. DAVE MEYERS
USA – 2007 - 87 min
Thriller

AUTOSTOP OU ENCORE ?

Tout juste 20 ans, et déjà un remake ! Le célèbre The hitcher qui fit bien du tort à la réputation des innocents autostoppeurs en 1986 se voit revisité à son tour, sans qu’on ne comprenne très bien l’intérêt de cette nouvelle épopée sanglante autoroutière.
Très fidèle au scénario original, Dave Meyers se contente de quelques ajouts ou de l’une ou l’autre digression, histoire de marquer sa différence. Mais ces détails enlèvent justement une très grande partie de ce qui rendait le film de Robert Harmon si angoissant.
En effet, la sensation de solitude écrasante quasi surnaturelle qui enveloppait le héros dans la première version est complètement diluée ici : Jim se voit flanqué d’une Grace dès le départ, et leur statut de suspects ne leur colle pas longtemps à la peau. Dépouillé de ce qui en faisait sa force une génération plus tôt, ce Hitcher nouvelle mouture ne dépasse donc pas le niveau d’un modeste thriller comparable aux nombreux « slashers » qui ont déferlé sur nos grands écrans ces dernières années.
Sean Bean ne fait pas oublier l’effrayant Rutger Hauer mais sa composition tient la route -forcément pour un autostoppeur- et plaira sans doute à ceux qui n’ont pas suivi le trajet initial. Les autres peuvent passer leur chemin : la route tue décidément bien moins qu’autrefois.


BANDE DE SAUVAGES, VIEUX MOTARD QUE JAMAIS ♦♦
(Wild Hogs)
Réalisation. WALT BECKER
USA – 2006 – 100 min.
Comédie
Enfants admis

EASY PAPY RIDER

Pas étonnant que Wild Hogs ait connu aux USA un joli démarrage à l’image des belles machines qui accompagnent les héros : cette histoire somme toute assez banale vise plutôt juste avec sa bande de potes quadragénaires qui ont bien raison d’en avoir marre de cette existence monotone qui nous transforme en vieux scrogneugneu avant même qu’on ne s’en rende compte…
Peu importe dès lors que des gags de potaches émaillent la chevauchée homérique des quatre amis : c’est du déjà vu, bien sûr, mais suffisamment bien huilé pour que la mécanique ne se grippe pas en cours de route. Certaines situations ont beau être téléphonées, elles n’en font pas moins mouche régulièrement.
Le casting n’y est pas pour rien : Travolta et ses trois camarades « néo-bikers » sont drôlement savoureux dans leur contre-emploi qui les transforme en de joyeux maladroits ayant plutôt foiré leur existence sans trop oser se l’avouer. Leur périple est une ode à l’amitié et au goût du voyage, même si Walt Becker ne tire pas assez profit des grands espaces américains traversés, ce qui aurait pourtant rajouté une dimension épique à ce road movie.
Peut-être est-ce pour compenser cette lacune que le film fait appel dans les dernières minutes à une « guest star », en guise de clin d’œil appuyé au célèbre Easy Rider. Quoi qu’il en soit, cette Bande de sauvages… ne connaît guère de temps mort et est menée tambour battant par de joyeux drilles.


LE CERCLE DES NOYES
Réalisation. PIERRE-YVES VANDEWEERD
Belgique – 2006 – 75 min.
Documentaire

LA FLAM NE S’EST PAS ETEINTE

Belle initiative que celle de mettre en lumière une partie méconnue de l’histoire hélas bien tourmentée du continent africain, dont la période post-coloniale se décline souvent en termes de dictature, guerre civile, famine ou massacres ethniques.
Pour raconter la souffrance des opposants noirs en Mauritanie au sein de leur mouvement F.L.A.M., P.-Y. Vandeweerd choisit néanmoins d’imprimer une distance à son récit qui, du coup, lui enlève en grande partie l’intensité qu’il veut lui donner.
Se basant sur les témoignages condensés et lus en voix off des anciens prisonniers, Le cercle des noyés évoque bien plus qu’il ne montre. La forteresse d’Oualata reste lointaine, quasi abstraite à travers les sables balayés par le vent. Aucune image d’archive, à peine un court extrait sonore du Président de l’époque, un noir et blanc numérique bien trop froid par rapport aux couleurs de l’Afrique et aucune introduction pour resituer le contexte historique : le choix du réalisateur d’épurer au maximum son travail se retourne en partie contre lui.
Dommage, car l’intention de départ est louable et les malheureuses victimes du régime mauritanien méritent sans nul doute que leur sort ignoré du plus grand nombre soit mis en lumière. Ce travail de mémoire est donc hautement honorable et mérite qu’on s’y arrête un instant, même si la forme de ce documentaire laisse à désirer.


GHOST RIDER 0
Réalisation. MARK STEVEN JOHNSON
USA – 2006 – 110 min.
Fantastique

HISTOIRE FANTOME

« Parfois les légendes sont vraies » avertit avec un sérieux frôlant le ridicule la voix off en tout début de film. On a beau être prévenus, ça n’empêche en rien la catastrophe : cette nouvelle déclinaison au cinéma d’un héros de la Marvel n’est pas crédible pour un dollar, victime d’un scénario aussi fantomatique que le nom du personnage principal.
Mark Steven Johnson a beau être un spécialiste en la matière –on lui doit déjà Daredevil et Elektra- il n’en maîtrise pas pour autant son sujet, visiblement dépassé par la dose massive d’effets spéciaux qu’il injecte dans sa mise en scène, à moins que ce ne soit pour mieux en cacher la pauvreté.
La stupéfaction ne vient cependant pas tant de l’indigence du film que de la composition pitoyable de Nicolas Cage, dont on se demande par quel sortilège il a atterri dans cette production calamiteuse. Aurait-il vendu son âme au diable lors d’une soirée de beuverie en contrepartie de sa participation?... Toujours est-il qu’il n’arrive jamais à rehausser un tant soit peu le niveau général, que ce soit lors de ses apparitions « humaines » ou lors de ses transformations en squelette numérisé entouré de flammes du plus bel effet mais qui ne font que consumer un peu plus l’attention du public.
En fin de compte, la seule chose qui sonne juste est encore le titre : Ghost Rider ne parle en effet que de fantômes et ne s’adresse qu’à des fantômes, car à part les esprits malins, on ne voit pas très bien qui d’autre ira remplir les salles obscures pour assister à ce spectacle inutile.


THE FOUNTAIN ♦♦
Réalisation. DARREN ARONOFSKY
USA – 2006 – 96 min.
Drame fantastique

L’ARBRE DE VIE

Sorti très tardivement sur les écrans belges –mais en moins de 1000 ans tout de même !- The fountain coule enfin dans nos salles, même si le résultat n’arrive pas à la hauteur des attentes d’un récit qui paraissait très prometteur.
Aronofsky livre une réflexion sur la vie et la mort sous forme de fable métaphysique, en découpant son histoire en trois récits parallèles éparpillés à travers le temps. Le but est de mettre en évidence la quête désespérée de l’Homme vers l’immortalité, quelle que soit l’époque ; espoir irrémédiablement déçu malgré les procédés légendaires ou scientifiques mis à sa disposition.
Ce voyage temporel bénéficie d’une mise en scène particulièrement soignée et parfois envoûtante, au sein de laquelle Hugh Jackman se coupe en trois pour livrer une belle prestation.
Mais cette méditation philosophique, aussi intéressante soit-elle visuellement, délaisse cruellement le fond au profit de la forme. Quel matériau pourtant extraordinaire que celui-là, et qui aurait pu déboucher sur une grande fresque de science-fiction dans laquelle les personnages auraient traversé les âges à la recherche de la vie éternelle.
On ne fait donc qu’entrevoir ce qu’aurait du être The fountain, même si le récit intimiste de ces deux êtres confrontés à la fin de leur existence nous rappelle avec intensité une réalité inéluctable : nous sommes tous mortels.


IT’S A BOY GIRL THING
Réalisation. NICK HURRAN
USA – 2006 – 95 min
Comédie

MAL DANS LEUR PEAU

Désolé messieurs, dames : ce film est rigoureusement interdit aux plus de 14 ans… Vous êtes donc priés de ne pénétrer dans la salle que si accompagnés par un adolescent, cette comédie étant exclusivement réservée à une tranche d’âge inférieure à la vôtre.
Et ce d’autant plus si vous avez vu Freaky Friday (le récent remake avec Jamie Lee Curtis ou l’original avec Jodie Foster) : It’s a boy girl thing n’en est qu’une simple déclinaison axée sur le même thème, à ceci près que ce n’est plus une mère et sa fille qui échangent leur enveloppe corporelle mais une jeune fille et son voisin. Scénario permettant donc toute une série de quiproquos parfois amusants à défaut d’être follement originaux.
Pudibonderie hollywoodienne oblige, l’histoire reste bien propre sur elle malgré quelques allusions situées en-dessous de la ceinture, alors qu’elle aurait pu s’avérer bien plus coquine –ou plus fouillée psychologiquement- par rapport aux deux héros obligés de se coltiner l’apparence de l’autre. Ce que faisait jadis le sympathique nanar français Rendez-moi ma peau est remplacé ici par une succession de scènes prévisibles, avec juste ce qu’il faut de seins nus et de propos salaces.
En douteriez-vous ? Tout cela se termine par un happy end et le sacro-saint match de foot américain suivi du bal de fin d’année. On a vu bien pire dans le genre mais au lieu d’échanger les corps, le scénariste aurait pu remplacer son histoire très convenue par davantage de créativité.


LE PETIT MONDE DE CHARLOTTE ♦♦
(Charlotte’s Web)
Réalisation. GARY WINICK
USA – 2006 – 97 min
Comédie familiale

… ET COCHON QUI S’EN DEDIT !

Il n’y a pas que les enfants qui se réjouiront d’entrer dans Le petit monde de Charlotte : les végétariens seront tout aussi heureux de voir un brave petit cochon échapper au destin de bon nombre de ses congénères !
Le ton est donc donné dès le départ : c’est toute la naïveté inhérente au plus jeune âge qui y trouve son compte, à travers cette histoire d’amitié entre humains et animaux, avec en toile de fond et d’araignée les thèmes universels liés à l’acceptation de l’autre et le droit à la différence.
Comme souvent dans ce genre de productions, à chaque tranche d’âge d’y trouver son compte… Le public ciblé est évidemment celui des plus petits : ces derniers n’auront aucun mal à rêver et à s’émouvoir au fil des aventures de cette basse-cour mignonne tout plein.
Quant aux parents qui accompagnent leur progéniture, rien ne les empêche de se laisser attendrir de temps en temps par un récit sans prétention mais à la mise en scène bien fignolée au niveau des dialogues entre compagnons à quatre pattes. Ils pourront aussi, au-delà de cet aspect technique réussi, se distraire en reconnaissant les célébrités qui, tant pour la VO que pour la VF, prêtent leur voix à cette joyeuse ménagerie.
Rien de très révolutionnaire donc pour cette ferme des animaux bien plus conventionnelle que celle d’Orwell, mais Charlotte l’araignée mérite toutefois qu’on se fasse une toile pour la rencontrer.


SMOKIN’ ACES
Réalisation. JOE CARNAHAN
USA – 2006 – 109 min
Action

ARTILLERIE LOURDE

Enfilez vos gilets pare-balles, vous en aurez bien besoin ! Ce n’est pas du Carnahan mais du carnage pur et simple, dans ce ballet pétaradant et tonitruant du début à la fin, où flics, fédéraux du FBI et tueurs à gage s’en donnent à cœur joie pour le plus grand déplaisir de nos oreilles meurtries.
De toute évidence inspiré par le style de Tarantino, le cinéaste n’en possède pourtant pas le coup de maître qui permet de digérer la violence grâce à un scénario solide et un enrobage très particulier. Du coup (de feu), il faut encaisser une succession de scènes indigestes à force d’être orientées encore et toujours vers le même objectif : tuer le plus grand nombre sans distinction !
Dommage que l’excès nuise en tout, car certaines séquences ne sont pas mal fagotées, de même que le générique réunit une belle brochette d’acteurs, dont Alicia Keys émerge, non sans surprise pour son premier rôle au cinéma. Tandis que, au contraire, le personnage central, incarné par Jeremy Piven, n’a pas l’air de trop savoir ce qu’il fait dans cette galère, d’autant plus qu’on lui colle une fonction de magicien totalement inutile par rapport à l’intrigue !
La conclusion tente de racheter les faiblesses du scénario en intégrant un coup de théâtre somme toute assez conforme à l’impression qui se dégage de la vision : une farce assez énorme. A condition de la prendre au second degré, elle est supportable, sinon, pensez à prendre votre tube d’aspirine !


THE GOLDEN DOOR ♦♦
(Nuovomondo)
Réalisation. EMANUELE CRIALESE
Italie/France – 2006 – 118 min
Drame

LE PEUPLE MIGRATEUR

Les Italiens du 20e siècle ont connu plusieurs exodes importants, motivés principalement par des raisons économiques. Ainsi, nombreux furent ceux qui choisirent le départ vers les Etats-Unis, pensant y trouver la Terre Promise.
Crialese suit le voyage d’une de ces familles, dans un style quasi documentaire perturbé uniquement par quelques incursions visuelles abstraites et la présence de la troublante et charmante Charlotte Gainsbourg, dont le personnage mystérieux et décalé ne livre aucune explication quant à sa présence.
De leur coin de campagne en Sicile jusqu’à l’arrivée devant la porte dorée de leurs rêves, c’est l’histoire d’un périple et d’un double abandon : celui d’un pays et d’un mode de vie sans aucune commune mesure avec ce qui attend les exilés volontaires.
Le scénario, dans la seconde moitié du film, insiste particulièrement sur le contraste entre « l’ancien » et « le nouveau » monde, et les méthodes de sélection aberrantes qui triaient à l’époque les immigrés aptes ou inaptes à entrer au pays de l’Oncle Sam. Très symboliquement, les USA ne sont d’ailleurs que suggérés mais jamais montrés, pour accentuer la sensation d’inaccessibilité.
On aurait souhaité que le réalisateur donne davantage d’intensité à son propos et évite un côté répétitif qui entraîne quelques longueurs. Il offre néanmoins un regard intéressant sur un phénomène migratoire et l’image tronquée qu’ont les candidats au départ au sujet de ce prétendu Eden moins reluisant qu’il n’y paraît.


TAXI 4 0
Réalisation. GERARD KRAWCZYK
France – 2006 – 90 min
Comédie

EN PLEIN DANS LE MUR !

La 3e course était déjà à la limite du supportable, que dire alors de la 4e ? Gérard Krawczyk aurait été bien inspiré d’arrêter le taximètre au lieu de relancer le moteur, tant ces aventures pitoyables tombent autant à plat qu’un pneu dégonflé.
D’un humour égal aux autres épisodes –donc consternant- ce Taxi 4 appelle les Belges en renfort, espérant redonner la frite à un scénario qui ne parvient pas à passer la deuxième vitesse.
François Damiens et Jean-Luc Couchard exportent donc notre accent et nos belgicismes en plein Midi de la France, mais que peuvent-ils à eux seuls contre un pareil nanar, dont l’histoire est réduite à une peau de chagrin aussi minuscule qu’un boulon ? Sans compter l’apologie habituelle du pétard, bel exemple pour le jeune public principal pourvoyeur du film…
Et tandis que Bernard Farcy semble justement avoir à nouveau trop aspiré les fumées d’échappement, que Frédéric Diefenthal est toujours autant à côté de la fausse plaque et que la môme Marion Cotillard a déclaré forfait pour aller « piaffer » sur un autre tournage, Samy Naceri appuie sur l’accélérateur d’une composition sans relief.
Il apporte néanmoins une bonne dose d’ironie involontaire en arborant fièrement 90 minutes durant un t-shirt « Imagine Peace », message bien pacifique pour un acteur qui l’est nettement moins et que les frasques violentes ont conduit directement à la case prison. Il en ressortira à coup sûr, espérons qu’il n’en ira pas de même pour la série des Taxi.