c comme cinéma

jeudi, avril 30, 2009

L’ÉCHANGE ♦♦♦♦
(Changeling)
Réalisation. CLINT EASTWOOD
USA – 2008 – 141 min.
Drame

MON FILS, MA BATAILLE

Los Angeles, 1928. Christine Collins vit seule avec son fils Walter. Son métier de chef opératrice dans une centrale téléphonique lui donne beaucoup de travail, qu’elle tente de concilier avec l’éducation de son garcon.
Un soir, alors qu’elle a du laisser Walter seul à la maison, faute d’avoir pu trouver une baby-sitter, elle constate avec effroi en rentrant que son fils a disparu. Une recherche effrénée s'ensuit dans les environs mais sans succès.
Quelques mois plus tard cependant, un garçon de neuf ans affirmant être Walter lui est restitué. Christine le ramène chez elle mais au fond d'elle, elle sait qu'il n'est pas son fils...


Bien que très réussi, Million dollar baby manquait d’une touche d’émotion que le récit aurait pourtant pleinement justifié. Pour cette réalisation suivante, le travail de Clint Eastwood confine par contre à la perfection, dans des thèmes qui lui sont chers.
Partant d’un fait divers au déroulement stupéfiant, le scénario plonge au cœur de l’Amérique des années 20 pour en décrire les dysfonctionnements ahurissants de la police et d’un système corrompu, à travers le combat inlassable d’une femme seule mais qui réussira à renverser l’ordre établi à force d’opiniâtreté et de conviction.
Angelina Jolie, magnifique de sobriété, est la pierre angulaire de L’échange. Superbement filmée par Eastwood, elle entraîne le spectateur dans sa propre angoisse et sa révolte, et le fait participer pleinement à un récit sompteux qui se veut tour à tour dramatique, policier ou macabre, mais sans qu’aucun de ces styles n’empiète sur l’autre.
Au contraire, au fur et à mesure que les rebondissements s’égrènent au fil de la musique envoûtante –composée par Clint, décidément au four et au moulin- le mélange de genres n’en est que plus cohérent pour décrire avec une acuité rare la noirceur de l’âme humaine et les errements d’une administration bornée. Impossible d’ailleurs pour nous de ne pas penser à l’affaire Dutroux, tant certaines similitudes sont frappantes.
Au final, même si la conclusion s’étire un peu, la sensation qui se dégage est que Eastwood atteint ici le sommet de son art ; une pièce maîtresse à n’échanger sous aucun prétexte.

MENSONGES D’ÉTAT ♦♦♦
(Body of lies)
Réalisation. RIDLEY SCOTT
USA – 2008 – 128 min.
Drame

DÉRAISON D’ ÉTAT

Roger Ferris est de loin l’agent de la CIA qui connaît le mieux la problématique du Proche-Orient. Maîtrisant parfaitement l’arabe, il est envoyé en mission dans les zones sensibles telles que l’Irak, la Jordanie, …, partout où la menace islamiste risque de frapper les intérêts occidentaux.
Condamné à changer sans cesse de nom, de visage et d’identité, son seul contact avec le monde est la voix de Ed Hoffman, vétéran de l’agence de renseignements, qui depuis le living de sa maison aux Etats-Unis, dicte à Ferris les manoeuvres à effectuer.


Ridley Scott revient avec un thriller politique palpitant bien servi par une mise en scène nerveuse et intelligente et aux rebondissements multiples.
Le récit narre plusieurs affrontements menés en parallèle et qui symbolisent d’autant mieux la réalité géopolitique complexe de ce début de 21e siècle. D’une part, le combat d’un agent américain infiltré au Moyen Orient contre les mouvances terroristes initiant des attaques sur le sol occidental. D’autre part, la lutte de ce même agent avec son supérieur hiérarchique, qui décide de la suite des événements depuis sa résidence aux Etats-Unis.
Car voilà le paradoxe fort bien mis en exergue par le cinéaste: la Terre est devenue un village modelé et transformé par des gens qui ne cernent bien souvent pas du tout la réalité du terrain. Russel Crowe incarne ainsi un Ed Hoffman boursouflé de cynisme, l’oreillette en permanence à l’oreille pour donner ses ordres et décider de la vie ou de la mort d’inconnus, tout ou s’adonnant à ses activités quotidiennes.
A l’opposé, Ferris –remarquablement interprété par un Di Caprio une nouvelle fois totalement investi par son rôle- se retrouve en butte à une administration américaine bornée incapable de faire la part des choses et suscitant en fin de compte plus de haine que le respect qu’elle tente vainement d’imposer.
Bourré d’atmosphère et bénéficiant de solides scènes d’action, Mensonges d’état n’est certes pas le premier film de la vague «post-11 septembre», mais, sans mentir, il n’en constitue pas moins une réussite.

TRICKS ♦♦
(Sztuczki)
Réalisation. ANDRZEJ JAKIMOWSKI
Pologne – 2007 – 95 min.
Comédie dramatique

AFFAIRE DE FAMILLE

Elka, 17 ans, réside dans une petite bourgade quelque part en Pologne, où elle vit avec sa mère et son jeune frère Stefek, âgé de 6 ans. Elle étudie l’italien dans l’espoir de trouver un jour un boulot plus gratifiant que celui de plongeuse qu’elle exerce dans un restaurant du coin.
Stefek, lui, a l’habitude de se rendre à la gare pour y regarder les trains partir. Un jour, il a l’impression de reconnaître parmi les voyageurs son père, qui les abandonna, lui et sa soeur, quelques années auparavant.



Pour son deuxième long métrage, Jakimowski nous prend par la main pour nous emmener –ou nous ramener- vers le monde de l’enfance, à travers le regard d’un jeune garçon pour qui l’existence n’est rien d’autre qu’un vaste jeu. Y compris lorsqu’il pense retrouver un père qu’il ne connaît quasiment pas.
Et c’est ainsi que le scénario s’ingénie à jouer en permanence avec le destin, faisant en sorte que, grâce à plein de trucs –les Tricks du titre- le paternel supposé se voit contraint à rester dans la petite ville où le hasard l’a mené.
Bourré d’espiéglerie dans sa mise en scène, le film se veut aussi une fine observation de la psychologie enfantine, de même qu’un portrait attachant d’une certaine Pologne où les réalités de l’ancienne Europe de l’Est sont encore bien présentes. Autant Stefek représente l’insouciance liée à son jeune âge, autant sa sœur, à l’aube de l’âge adulte, incarne une certaine jeunesse désabusée et déterminée à s’exiler sous des cieux plus cléments.
Ce duo sympathique évolue donc en parallèle et se rejoint régulièrement, au fil des réactions en chaîne provoquées par les agissements du garçonnet, ainsi que par la conception qu’a la jeune femme du destin. Ce qui donne lieu à de nombreuses scènes savoureuses venant agrémenter une histoire certes légère mais aussi pleine de poésie et n’ayant rien d’un « truc » banal.

HARCELÉS ♦♦
(Lakeview Terrace)
Réalisation. NEIL LaBUTE
USA – 2008 – 111 min.
Thriller

UN VOISIN ENCOMBRANT

Pour Chris et Lisa, emménager dans leur maison de Lakeview Terrace est un rêve enfin devenu réalité. Pourtant, rapidement, les deux jeunes gens deviennent la cible de leur voisin, Abel Turner. Ce policier dans la cinquantaine, strict, austère et père célibataire, s'est autoproclamé responsable de la sécurité du quartier.
Si ses patrouilles nocturnes et sa surveillance constante procurent un sentiment de sécurité à certains, il se montre de plus en plus oppressant envers le jeune couple, allant jusqu'à les harceler chez eux.


Il se peut que les voisins de Samuel L. Jackson ressentent quelques frissons en découvrant le personnage qu’il incarne dans Harcelés! Optant pour un contre-emploi dans cette série B de bonne facture, le comédien est régulièrement flippant dans son rôle de flic sur le retour, devenu pointilleux jusqu’à l’obsession quant aux règles de sécurité et de discipline.
Autre aspect inhabituel, ceux qu’ils persécutent forment un couple mixte –lui Blanc, elle Noire-, ménage peu fréquent dans le cinéma U.S., ce dont le scénario se sert pour imprégner dans l’attitude de Abel Turner un racisme larvé qui s’ajoute au comportement sécuritaire dont il fait preuve.
Tout est donc en place pour installer une atmosphère des plus oppressantes: un quartier calme en apparence, situé dans une banlieue confortable, ou pas grand-chose n’est censé se passer… sauf que l’ennemi vient de l’intérieur: il est non seulement le plus proche voisin, mais aussi un flic, ce qui ne fait qu’augmenter le désarroi du jeune couple.
Efficace dans sa mise en scène, Harcelés constitue un bon dosage d’action et de thriller psychologique, même s’il ne creuse pas assez profondément les différents thèmes qu’il aborde et qu’il se conclut de façon assez convenue. Il n’en offre pas moins un regard symbolique sans concession sur l’Amérique conservatrice et repliée sur elle-même.

SAW 5
(Saw V)
Réalisation. DAVID HACKL
USA – 2008 – 90 min.
Horreur

ÇA DEVIENT SCIANT

Cette fois, le sinistre Tueur au puzzle est bel et bien mort. Mais les méfaits qu’il a suscité sont-ils pour autant finis? Rien n’est moins sûr, d’autant qu’il semble avoir laissé des adeptes de ses méthodes derrière lui.
En effet, le détective Hoffman paraît avoir versé du mauvais côté de la barrière après avoir côtoyé le psychopathe. Sa position d’enquêteur lui donne un avantage certain pour détourner les soupcons éventuels, mais l’agent Strahm, qui a échappé de justesse au piège mortel qui lui était tendu, compte bien investiguer toutes les pistes restées ouvertes.


Les épisodes de Saw se succèdent à un rythme de métronome, et la désormais pentalogie poursuit dans la même logique de meurtres gratinés basés sur des pièges diaboliques.
Mais à force de tirer sur la même corde, le filon commence progressivement à s’épuiser. C’est sans doute pour cette raison que les scénaristes ont choisi de mener deux histoires en parallèle. En effet, à côté des victimes réunies dans un lieu clos et soumises à des épreuves pas très respectueuses de leur santé, de nombreux flash-back viennent éclairer sous un jour nouveau certains détails des histoires précédentes.
Intention louable, peut-être, pour trouver de nouvelles idées, mais ces révélations nécessitent dès lors pratiquement un visionnage préalable des numéros précédents, sous peine de se sentir largué par les références au passé.
La philosophie de la saga reste en tout cas intacte : le fameux tueur, bien que mort de sa laide mort, réapparaît, toujours sous les traits de Tobin Bell. Nul doute qu’il ressuscitera ou sera cloné dans un prochain avatar pour poursuivre ses méfaits sanglants.
Moins gore que ses prédécesseurs, et forcément de plus en plus répétitif, Saw 5 reste malgré tout créatif quant aux supplices réservés aux infortunés pris au piège. Une chose est sûre : les amateurs de jeux de mots et de bonne boucherie attendent avec impatience la suite d’ores et déjà annoncée sur les étals : un bon morceau de Saw 6 !

EN QUARANTAINE
(Quarantine)
Réalisation. JOHN ERICK & DREW DOWDLE
USA – 2008 – 89 min.
Horreur

[REC], SECOND TIRAGE


Angela est journaliste dans une télévision locale, pour laquelle elle anime un programme relatant le quotidien de ceux qui travaillent la nuit.
L'émission enregistrée ce soir se déroule dans une caserne de pompiers, où le début de la nuit est très calme, au grand désespoir d’Angela et du cameraman qui l’accompagne.
Mais les hommes du feu sont bientôt appelés en intervention dans un immeuble où d’horribles cris auraient été entendus dans l’appartement d'une vieille dame. Pour Angela, voilà l’occasion rêvée d’effectuer un bon reportage.

Les deux réalisateurs seraient-ils des adeptes de Lucky Luke, pour avoir tiré plus vite que leur ombre ce remake de leur caméra? Car il fallait être rudement pressé du côté de Hollywood pour produire cette copie conforme de l’excellent [Rec] quelques mois à peine après sa sortie.
Il est donc bien difficile de trouver une quelconque utilité à ce nouveau tirage si peu de temps après l’original de Jaume Balaguero, la seule justification à cette réédition se trouvant dans l’allergie légendaire des Américains pour tout film non anglophone.
C’est donc bien pour leur faire plaisir que En quarantaine a débarqué sur les écrans d’Outre-Atlantique, mais fallait-il pour autant importer le film sur notre bon Vieux Continent? Assurément non! Ou en tout cas pour le marché DVD, à la limite, mais pas pour une sortie en salles.
Alors qu’en dire dans ces quelques lignes? Sur la forme, le film n’est évidemment pas mauvais, et pour cause!, puisqu’il calque fidèlement sa substance sur celle de [Rec]. Mais comment faire dès lors pour se sentir captivé par une histoire et une mise en scène en tous points identiques à celles déjà vues si récemment?... La mission s’avérait impossible, au même titre que ce remake qui aurait mieux fait de rester cantonné En quarantaine sur le sol américain.

LA FAMILLE SURICATE ♦♦♦
(The Meerkats)
Réalisation. JAMES HONEYBORNE
Grande-Bretagne – 2008 – 84 min.
Documentaire

PETITS MAIS COSTAUDS !

C’est en Afrique australe, dans le désert du Kalahari que vivent les suricates, ces petits animaux de 30 centimètres, mais qui bravent à longueur d’année de gros dangers dans l’environnement hostile où ils évoluent.
Affrontant sans complexe les scorpions et autres serpents, tentant d’échapper aux griffes des rapaces qui survolent la région en quête de nourriture, les suricates vivent toujours en famille et luttent ensemble pour la survie de leur espèce.


Les suricates ne sont pas tout à fait inconnus aux habitués des parcs animaliers; ainsi est-il possible d’en observer par exemple au Parc Paradisio en Belgique, où ils vivent dans de bonnes conditions de semi-captivité.
Mais James Honeyborne nous propose une visite bien plus fascinante sur le lieu même de leur environnement naturel, en plein coeur du désert où ces petites bêtes à la bonne bouille et à la dégaine si amusante vivent en clan.
Le réalisateur, plutôt que de se limiter à un «simple» documentaire, décide de s’attacher à un des suricates –baptisé Kolo- et de le suivre au cours de ses aventures qui vont le mener bien au-delà du territoire de sa famille.
C’est l’occasion pour filmer de superbes images et côtoyer au plus près la faune du Kalahari, au gré de séquences qui ont du nécessiter une patience infinie et un travail de fourmi. Il est donc bien difficile de ne pas se laisser charmer par la magie des somptueux paysages ainsi que par le spectacle de la nature et de ses lois qui défilent sur l’écran.
Si les spectateurs francophones seront accompagnés par la narration de Guillaume Canet, ils manqueront néanmoins la version originale de Paul Newman, dans ce qui constitue la dernière prestation du célèbre acteur. Ce qui n’empêche évidemment pas de savourer pleinement le séjour parmi les sympathiques petits suricates.

L’EMMERDEUR 0
Réalisation. FRANCIS VEBER
France – 2008 – 86 min.
Comédie

MERDE ALORS !

Ralph Milan n’est pas un homme qui a l’habitude de plaisanter. Et pour cause: son boulot de tueur à gages ne tolère pas le moindre contretemps. Chargé par ses commanditaires d’abattre un homme qui est sur le point de faire d’importantes révélations à la Justice, il guette sa proie depuis une chambre d’hôtel…
Mais Milan va devoir compter avec cet énorme grain de sable qu’est François Pignon. Installé dans la chambre contiguë, ce dernier, dépressif depuis que sa femme l’a quitté, tente de mettre fin à ses jours, mais se rate. C’est le début des emmerdements pour le tueur.


Depuis leur lieu de repos éternel, nul doute que Jacques Brel et Lino Ventura doivent se retourner dans leur tombe respective s’ils peuvent voir à quel point Francis Veber a dénaturé la perle de drôlerie qu’était L’emmerdeur.
Mais de quel accès de folie a donc été frappé le scénariste pour être pris de l’envie irrésistible de diriger un remake de son propre récit que Edouard Molinaro avait si bien filmé en 1973? Car L’emmerdeur est de ce genre de comédies réussies qui n’ont nul besoin de se voir réadaptées au grand écran, la copie ne pouvant immanquablement que souffrir cruellement de la comparaison.
Et de fait, comment oublier un seul instant le duo mythique Brel-Ventura, face à la prestation mollassonne de Richard Berry et Patrick Timsit? Pas une seule seconde, les deux acteurs ne parviennent à éclipser le souvenir de leurs glorieux prédécesseurs, peu aidés il est vrai par une mise en scène pitoyable qui se contente de transposer péniblement au grand écran la pièce de théâtre éponyme.
La moindre tentative de gag s’éteint aussitôt comme un pétard mouillé et on ne tarde pas à étouffer entre les quatre murs de la chambre d’hôtel où Veber tient ses héros confinés en quasi permanence, alors que la version initiale comptait de nombreux extérieurs.
La consternation prévaut devant ce ratage complet, naufrage programmé à vrai dire tant il semblait impossible de retrouver la même alchimie que dans le film de Molinaro. De quoi royalement s’emmerder!

mercredi, avril 29, 2009

BABY MAMA ♦♦
Réalisation. MICHAEL McCULLERS
USA – 2008 – 99 min.
Comédie

PORTEUSE D’ESPOIR

Kate Holbrook a longtemps fait passer sa carrière avant sa vie personnelle. Maintenant qu’elle a 37 ans, elle se rend compte qu’il serait temps de penser à avoir un enfant à elle. Mais ses rêves de maternité prennent du plomb dans l’aile quand elle découvre qu’elle n’a qu’une chance infime de pouvoir tomber enceinte.
Plutôt que de céder à la fatalité qui s’abat sur elle, Kate décide alors d’avoir recours à une mère porteuse. Son choix se porte sur Angie Ostrowiski, modeste jeune femme qui voit là l’opportunité de renflouer ses finances. Mais la grossesse qui s’annonce ne manquera pas d’imprévus…


Voilà un thème bien contemporain que celui traité par Baby Mama, et dans lequel de nombreux célibataires trentenaires en mal d’enfant se reconnaîtront. Que faire lorsque l’horloge biologique commence à sonner un peu trop fort et que la fertilité est mise à mal?
Cette énième comédie sentimentale de l'année –tous les records en la matière seront sûrement battus en 2008!- est souvent prévisible, mais accouche néanmoins d’une réflexion intéressante: faut-il être prête à tout pour satisfaire son besoin de maternité, quitte à mettre de côté certaines questions éthiques? Le thème de la mère porteuse est ici mis en évidence, d’autant plus lorsque, attirée par le gain promis, la candidate choisie par l’héroïne s’enfonce dans un quiproquo dont elle aura bien du mal à se dépêtrer.
L’autre bonne surprise provident du casting et des seconds rôles prestigieux qui figurent au générique: on s’étonnera en effet de retrouver Sigourney Weaver ou encore le truculent Steve Martin, qui apparaissent en retrait des rôles principaux tenus par la ravissante Tina Fey et la sympathique Amy Poehler.
L’alchimie fonctionne plutôt bien parmi tout ce petit monde, et le happy end indispensable à ce type de récit ne gâche heureusement pas la croissance de cette aimable comédie.

LES CHIMPANZÉS DE L’ESPACE
(Space chimps)
Réalisation. KIRK DE MICCO
USA – 2008 – 75 min.
Dessin animé

SINGERIES SPATIALES

Ham, troisième du nom, est un jeune chimpanzé de cirque, mais aussi et surtout le descendant du célèbre Ham, le premier chimpanzé de l’espace. C’est grâce à cela qu’un sénateur le désigne pour participer à un programme spatial hors du commun, en compagnie d’autres membres de son espèce avec qui il va suivre un entraînement digne des meilleurs astronautes.
Mais la mission à laquelle Ham III et ses congénères sont amenés à participer ne s’annonce pas comme un voyage d’agrément. Il s’agit en effet de se rendre sur une lointaine planète pour y débusquer le tyran qui y règne en maître absolu.


Pas de quoi rêver d’un magnifique voyage intersidéral à la sauce Pixar : on est bien loin ici des prouesses époustouflantes de la maison précitée, dans ce récit qui s’adresse prioritairement aux jeunes enfants.
Les tout petits pourront en effet se distraire en compagnie de ces potes simiesques qui ne lésinent pas sur les singeries pour amuser la galerie, au cours de leurs déplacements spatiaux. Par ailleurs, les mondes extraterrestres visités par les personnages feront sans nul doute travailler l’imagination des jeunes enfants et rêver, pourquoi pas?, à de lointains cousins originaires d’autres planètes.
Et les adultes dans tout ça? Ils feront preuve de beaucoup d’indulgence en amenant leurs gamins à la séance, mais ils auront bien du mal à sentir l’histoire décoller vers les sommets. Et ce d’autant plus que l’animation se révèle honnête mais sans jamais atteindre ce qu’on était en droit d’en espérer en ce 21e siècle si fécond en matière de virtuel. Les images de synthèse n’ont pas toujours la souplesse requise, et certains des personnages manquent singulièrement de bonhomie.
Quant aux gags, bon nombre d’entre eux s’adressent de toute évidence aux adultes, alors que le scénario est résolument orienté vers les enfants. Un paradoxe qui se ressent régulièrement au cours de ce voyage en navette spatiale pas aussi spéciale qu’attendu.

DÉLIRE EXPRESS 0
(Pineapple Express)
Réalisation. DAVID GORDON GREEN
USA – 2008 – 112 min.
Comédie

NAVET EXPRESS

Dale Denton et Saul Silver n'ont vraiment rien en commun, sauf le Délire Express, une variété très rare de marijuana que Saul vend à Dale. Une nuit, ce dernier est témoin d'un meurtre commis par un redoutable baron de la drogue et sa complice, membre de la police.
Sous le coup de la panique, il abandonne son herbe sur la scène du crime, un indice qui peut mener directement à lui et Saul. Les deux hommes n'ont dès lors pas d'autre choix que de s'enfuir pour sauver leur vie.


Si David Gordon Green a voulu mettre en garde contre les dangers de la fumette, il a réussi son pari : personne n’aura plus envie de tâter du joint en voyant le pitoyable résultat de ce Délire express qui n’a de délirant que le titre et l’état régulièrement brumeux des personnages principaux.
A part les volutes de fumée, pas grand-chose d’autre ne se dégage donc de ce « buddy movie » dont on espérait bien mieux : la chasse à l’homme qui sert de toile de fond à l’intrigue manque totalement de ressort, aussi bien sur le plan du suspense que du comique. En y regardant de plus près, rien d’étonnant à cela : Evan Goldberg et Seth Rogen -ce dernier incarnant également le rôle de Dale- ont prêté main forte à Green pour le scénario. Le duo étant déjà à la base du pitoyable Super Grave, ceci explique cela.
Vraiment pas de quoi rire, dès lors, d’autant que l’histoire se traîne désespérément au gré des pérégrinations des deux héros, pauvres types complètement ridicules et pas drôles pour un sou. Et se les farcir pendant pas loin de deux heures avec leur penchant avoué pour le fumage de moquette est tout sauf planant.
Si le réalisateur espérait que son film soit un coup fumant, il peut déchanter : c’est plutôt un joli navet qui part très rapidement en fumée !