c comme cinéma

jeudi, juillet 31, 2008

THE OTHER BOLEYN GIRL ♦♦
Réalisation. JUSTIN CHADWICK
USA – 2007 – 115 min.
Drame historique

POUVOIR EXÉCUTANT

Anne Boleyn est une des épouses royales les plus célèbres, de par son destin tragique, mais aussi pour avoir été à l’origine de la séparation entre les églises catholique et anglicane; Rome n’acceptant pas que le redoutable Henri VIII divorçât de sa première femme pour convoler avec la fille Boleyn.
C’est néanmoins un pan méconnu de cette tragédie que The other Boleyn girl met en avant: la rivalité familiale opposant Anne à sa soeur aînée, élue -dans un premier temps- du coeur bien instable du souverain.
On pouvait difficilement rêver plus belles prétendantes au titre de reine que Natalie Portman et Scarlett Johansson, dont le jeu contribue grandement à rendre passionnantes les intrigues de cour décrites ici. Eric Bana semble par contre moins à son affaire en souverain obsédé par l’idée d’avoir un héritier male.
Mais le récit ne manque pas de jouer avec la réalité historique. Il convient dès lors de ne pas le prendre entièrement pour argent comptant; une bonne encyclopédie fera office de complément idéal pour mieux saisir les tenants et aboutissants de cette époque marquante de la monarchie anglaise.
Difficile aussi pour le réalisateur de comprimer en deux heures une période couvrant une quinzaine d’années. D’où un récit souvent trop à l’étroit et des personnages qui ne présentent aucun signe de vieillissement malgré les années supposées écoulées. Un film bien intéressant toutefois pour mieux comprendre comment Henri VIII pouvait faire perdre la tête à ses conquêtes… au propre comme au figuré.

IMPORT EXPORT ♦♦
Réalisation. ULRICH SEIDL
Autriche – 2007- 136 min.
Drame

NOUVELLES FRONTIÈRES

Pas franchement optimiste, la vision qu’Ulrich Seidl a de notre nouvelle Europe ! Mais cette quête de la désespérance est bien souvent d’un réalisme cruel, montrant sans artifice, crûment, certains aspects de la société qu’on préférerait garder cachés, histoire de ne pas nous encombrer l’esprit avec leur présence dérangeante.
Olga et Paul, deux trajectoires qui ne se rencontrent jamais, mais qui se croisent, et racontent la même chose: un monde sans repères, paumé dans un système privilégiant quelques-uns et délaissant tous les autres.
Ca sent l’exploitation commerciale et sexuelle à plein nez, depuis la bourgeoise insupportable trop heureuse de rabaisser la jeune fille de l’Est dans sa servitude, jusqu’au pauvre type de l’Ouest, bien content d’aller secouer quelques billets de banque sous le nez de jeunes nanas prêtes à tout pour satisfaire ses bas instincts en échange d’un peu de thune.
Ca sent la mort aussi. Comme rarement dans un film, d’ailleurs. En plein service de gériatrie, avec les petits vieux, acteurs de leur propre déchéance physique. Et toutes ces petites croix, au générique final, à côté de leurs noms, pour rappeler que, fatalement, une partie du casting de Import export n’assistera jamais à la projection du film.
Pourtant, on ne resort pas de la séance avec le moral plombé pour la semaine. Parce que les deux héros du récit dégagent, parfois même malgré eux, une indécrottable envie de sortir de leur mouise respective. Et ce même si Paul et Olga l’expriment de façon très différente. La longueur excessive de l’histoire n’évite pas le répétitif, mais malgré ses 20 minutes de trop, Import export conserve de nombreux moments durs... à l'image de la vie.

U2 3D ♦♦♦
Réalisation. CATHERINE OWENS & MARK PELLINGTON
USA – 2007 – 85 min.
Musical

LA MUSIQUE PLEIN LES YEUX

Voilà une initiative qui ravira tous les (nombreux) fans terriblement frustrés de ne pas avoir pu se rendre à l’un des concerts planétaires du Vertigo Tour. Si vous êtes de ceux-là, n’oubliez pas de vous munir de l’instrument indispensable prêté grâcieusement à l’entrée de la salle: la paire de lunettes teintée qui vous permettra de savourer pleinement le concert.
Car la séance promet de ne pas être comme les autres: vous ne serez, en effet, pas devant l’écran… mais en plein dedans, par la magie du procédé 3D, dont on mesurait jadis les limites – la fameuse Etrange créature du lac noir des années 50!- mais qui présente de nos jours l’ampleur de son potentiel.
L’effet est régulièrement bluffant: les bras levés du public dans le stade qu’on croirait être ceux des spectateurs de la rangée de devant, Bono et son micro qui s’approchent de nous jusqu’à pouvoir les toucher, et la musique bien entendu, qui fait vibrer les gradins et titille les tympans des admirateurs.
Ceux qui ne font pas partie de ces derniers risquent par contre de trouver des limites à ce docu en relief: hormis l’exploit technique, le concert apparaît assez figé dans le chef des ses interprètes; un reproche que formulaient déjà certains l’ayant vu en «live». Par ailleurs, difficile de rester collé à son siège alors que ce genre de spectacle, de par son rythme et l’ambiance dégagée, s’apprécie bien davantage debout et en dansant.
Mais restons du côté des convaincus, ne fût-ce que pour toutes les perspectives épatantes que la 3D laisse entrevoir, avec ou sans la bande à Bono.

THE DARJEELING LIMITED
Réalisation. WES ANDERSON
USA – 2007 – 91 min.
Comédie

ARRÊT FACULTATIF

Pour ceux qui en doutaient encore, voici la confirmation que avec Wes Anderson, c’est pas franchement à un rythme TGV qu’il faut s’attendre!... Charmante idée, pourtant, que ce voyage au long cours à travers l’Inde, dans un tortillard aussi pittoresque que les paysages qui défilent ou les situations rencontrées en cours de route.
Mais pour que le séjour présente le même attrait aux yeux des spectateurs qu’à ceux des héros, il aurait fallu imprimer à la locomotive une vitesse de croisière autrement plus entraînante que le tempo si désespérément poussif du Darjeeling limited.
Voilà donc une mise en scène qui, d’une part, met si bien en valeur les couleurs, les us et coutumes et la diversité du continent indien, mais qui, d’autre part, échoue complètement dans sa tentative de rendre attachants les personnages qu’elle place au premier plan. Quel gâchis, en effet, de voir Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman totalement sous-employés dans leurs rôles de quasi-bénêts ne se départissant pas une seconde de leur (in)expression contemplative.
Du grand potentiel comique que les situations pouvaient engendrer ne se dégage tout au plus que l’un ou l’autre sourire –et quelques caméos sympathiques- ne suffisant que rarement à masquer l’ennui imprimé par le train-train d’un scénario qui n’a pas su monter dans le bon wagon.

NOS SOUVENIRS BRÛLÉS ♦♦
(Things we lost in the fire)
Réalisation. SUSANNE BIER
USA – 2007 – 118 min.
Drame

LENDEMAINS DE DEUIL

Comment faire face à la mort d’un être cher, surtout lorsque sa disparition est brutale et inattendue? C’est à cette question que Susanne Bier tente d’apporter une réponse, en décrivant les tourments d’une jeune veuve dont la seule bouée de sauvetage est un homme encore bien plus à la recherche d’un équilibre qu’elle.
La réalisatrice parvient à éviter de verser dans un mélodrame larmoyant, l’écueil inhérent à ce genre de sujet, en faisant preuve de retenue et de sobriété dans le chef des personnages qu’elle met en scène. La ravissante Halle Berry donne ainsi la réplique à un excellent Benicio Del Toro, et leur duo talentueux est l’atout majeur du film.
Au niveau de la construction par contre, Nos souvenirs brûlés se révèle nettement plus inégal: tout d’abord constellé de flash-backs, il devient ensuite entièrement linéaire dans sa narration. Exit donc le personnage du mari, incarné par David Duchovny, très présent dans le premier tiers et totalement absent ensuite, dès lors que la relation entre sa veuve et son vieil ami évolue.
Et les deux heures du film provoquent également quelques temps morts, rachetés par une interprétation sans faille et la réflexion suscitée par l’histoire de cette femme et cet homme marqués par le destin, mais désireux de surmonter, grâce à l’autre, leurs problèmes respectifs.