c comme cinéma

samedi, octobre 27, 2007

4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS ♦♦♦
(4 luni, 3 saptamini si 2 zile)
Réalisation. CRISTIAN GIORGIU
Roumanie – 2007 – 113 min.
Drame

LA LIBERTE AVORTEE

Première Palme d’Or pour la Roumanie –la récompense a fait sensation là-bas !- avec une histoire qui nous replonge 20 ans en arrière, en pleine tyrannie communiste. Cristian Mungiu reproduit avec une grande fidélité l’état d’esprit régnant alors chez les gens, victimes d’un système ayant instauré l’explosion obligatoire de la natalité alors que le pays baignait dans les pénuries et la misère.
Le réalisateur affiche dans sa mise en scène une proximité frappante avec ses désormais co-lauréats, les frères Dardenne. Epuré à l’extrême, dans un style quasi documentaire, le film se concentre sur une poignée de personnages tout en restituant par de nombreux détails la vie quotidienne de l’époque, faite de débrouille, mais aussi de crainte permanente. Cette peur latente se ressent particulièrement chez les 2 héroïnes et se voit encore accentuée par les longs plans fixes isolant l’une ou l’autre, ou au travers des décors urbains lugubres, gris le jour et plongés dans l’obscurité totale pendant la nuit.
Dans cette optique, l’avortement n’est pas utilisé comme objet de polémique, mais bien comme témoignage implacable des conséquences funestes qu’entraînait la politique d’alors, et des répercussions qu’elle continue encore à faire sentir aujourd’hui.
Remarquablement interprété par une poignée d’acteurs inspirés, 4 mois, 3 semaines et 2 jours est captivant d’un bout à l’autre et comporte quelques séquences intenses témoignant d’un passé qu’on espère révolu.

LA TETE DE MAMAN ♦♦♦
Réalisation. CARINE TARDIEU
France – 2007 – 95 min
Comédie dramatique

JAMAIS SANS SA FILLE

Si le premier film de Carine Tardieu peut faire craindre de prime abord une « nunucherie » quelconque, il ne faut que quelques minutes pour que les doutes se dissipent : voilà le cinéma français qui hérite d’une bien belle histoire, tour à tour drôle, tendre, émouvante et somme toute universelle.
Le souvenir du premier amour, la nostalgie de la jeunesse envolée, la petite voix qui nous dit, comme dans la chanson, qu’on irait bien refaire un tour du côté de chez Swann…, voilà tout ce que la réalisatrice met en image, et avec une grande justesse de ton, ainsi qu’un éclairage fort bien dosé qui évolue progressivement en même temps que les sentiments de la mère de Lulu.
L’autre élément qui éclaire si bien La tête de maman, c’est le casting : quatre rôles principaux, quatre interprétations remarquables ! Karin Viard, sublime en femme qui dépérit depuis qu’elle a laissé son cœur ailleurs ; la jeune Chloé Coulloud , au talent prometteur ; Kad Merad, sensible et touchant ; et Pascal Elbé, superbe en mari aimant qui sait, sans parvenir à se l’avouer tout à fait, que sa femme ne l’aime plus comme autrefois.
Ce qui nous vaut quelques scènes poignantes, jamais caricaturales, dans lesquelles l’humanité de ces personnages est une bien belle chanson d’amour. On passe du rire à la larme à l’œil, et cette excellente surprise nous fait espérer que Tardieu ne tarde pas à réaliser d’autres petits bijoux pareils à celui-ci.

DIE HARD 4 – RETOUR EN ENFER ♦♦
(Die hard 4.0)
Réalisation. LEN WISEMAN
USA – 2007 – 140 min.
Thriller
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BRUCE TOUT-PUISSANT

Il y a toujours de quoi être sceptique devant des suites réalisées 12 ans après le dernier numéro. Fallait-il vraiment rajouter un 4e épisode à ce qui était jusque là une très bonne trilogie d’action ?
Le résultat est plutôt rassurant : John McClane n’a rien perdu de ses réflexes époustouflants qui le font triompher des pires embuscades dressées par les esprits les plus retors qui soient ! Car 2 heures durant, les occasions de souffler sont rares, tant l’action fonce à du 100 à l’heure à un rythme pétaradant, dans le respect le plus pur de cette franchise qui est toujours parvenue à faire avaler les cascades les plus invraisemblables tant elles sont fichtrement bien goupillées.
Bruce Willis retrouve donc la grande forme en réendossant la peau de son personnage fétiche, dont les pointes d’ironie contrastent avec le sérieux de la situation, de même que son inexpérience manifeste des techniques modernes nous vaut quelques scènes savoureuses. Le flic a néanmoins une décennie de plus au compteur ; l’occasion de faire connaissance avec sa fille désormais grande, à défaut de retrouver sa femme (Bonnie Bedelia) dont il est maintenant divorcé.
L’air de rien, le scénario en profite aussi pour pointer du crayon les dangers d’une société où tout est régi par des machines supposées infaillibles mais que quelques génies parviennent à mettre à mal. Pas d’apocalypse en giga-octets cependant : l’Amérique doit évidemment s’en sortir à la fin. Normal : quand McClane est dans les parages, y a intérêt à se tenir à carreau !

OCEAN’S 13 ♦♦
Réalisation. STEVEN SODERBERGH
USA – 2007 – 122 min
Comédie policière

TREIZE A LA TABLE DE JEU

Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Après avoir cassé la banque du box-office avec Ocean’s Eleven et Ocean’s Twelve, c’est quasiment toute la bande qui rempile pour un ultime ( ?) braquage non violent, à la manière de vrais gentlemen cambrioleurs.
Soderbergh a visiblement quelque peu regretté le 2e épisode, à tel point que la bande annonce de cet épisode-ci affirmait que c’est le film qu’il aurait aimé faire à la place du « 12 ». Pourtant l’originalité n’est guère de mise ici, Danny Ocean et ses hommes retournant dans leur lieu de prédilection –un casino- pour y plumer le propriétaire des lieux.
Cette fois cependant, la mission est quasi exclusivement 100% masculine : exit Julia Roberts et Catherine Zeta-Jones, ces messieurs restant entre eux pour s’occuper des choses sérieuses, et c’est un peu dommage à vrai dire que la présence féminine soit aussi peu affirmée. Machos, les treize escrocs de la roulette ?...
Ceci dit, malgré l’aspect répétitif, le ton reste plaisant d’un bout à l’autre, porté il est vrai par George Clooney et toute la belle brochette d’acteurs qui se prêtent au jeu avec un plaisir évident. Et Al Pacino –en richissime mégalo- est une référence de plus au générique prestigieux de cette saga.
Efficacement mis en scène, avec la touche glamour et sexy indispensable à ce genre de scénario jubilatoire, il y a fort à parier un jeton de casino que ces treize à table ne porteront pas malheur à leur producteur !

INTERVIEW ♦♦
Réalisation. STEVE BUSCEMI
USA – 2007 – 83 min
Comédie dramatique

ENTRETIEN AVEC UNE VAMP

Le film de Steve Buscemi est en fait un remake américain et la 1ère partie d’une trilogie basés sur le travail de Theo Van Gogh, le cinéaste néerlandais assassiné par un intégriste islamique.
C’est à une étonnante rencontre que le scénario nous convie, bien loin des interviews complaisantes –ou à tout le moins aseptisées- des stars du 7ème art. Ce contraste entre le journaliste intello et la supposée ravissante idiote est le point central du film, dont on comprend assez vite qu’il va évoluer vers un affrontement tout en finesse entre ces deux personnages que tout différencie.
Par contre, l’histoire a le bon goût de ne pas dévier vers la love story classique induite généralement par ce genre de récit. Buscemi et Sienna Miller –tous deux excellents- restent seuls en scène pour livrer chacun une prestation très convaincante mêlant désir, colère, duperie et tendresse.
Les dialogues entre les deux personnages ont tout du jeu d’échecs : lorsque l’un se dévoile, l’autre lui dame le pion, et les idées reçues du début s’envolent peu à peu pour atteindre un twist final qui, bien que relativement attendu, est suffisamment bien emballé pour faire de cet Interview un entretien avec une vamp pas pire que le journaliste qui l’interroge.

GOYA’S GHOSTS
Réalisation. MILOS FORMAN
Espagne/Angleterre - 2006- 117 min
Drame

LES FANTOMES ESPAGNOLS

Milos Forman retrace une période particulièrement troublée de l’Histoire, en se concentrant sur quelques personnages gravitant autour du célèbre peintre Goya. Le titre du film est dès lors plutôt trompeur, car l’artiste n’est pas à proprement parler le héros central : ce rôle est aussi dévolu tantôt à Natalie Portman, tantôt à Javier Bardem.
Et cette dispersion se reflète également au niveau de la mise en scène, très inégale, qui rend parfois le scénario confus à force de s’attarder sur certaines périodes pour ensuite effectuer un saut brutal dans le temps. Le tout gratiné d’un style hésitant, l’accent dramatique étant par moments tempéré par des pointes de fantaisie pas forcément des plus appropriées.
La satisfaction majeure du film vient donc bien davantage de ses interprètes, y compris les seconds rôles : Michael Lonsdale campe un apôtre de l’Inquisition inquiétant de par l’absurdité de son intransigeance. Natalie Portman est, comme souvent, impeccable et saisissante dans sa métamorphose lorsque Inès sort de prison. C’est d’ailleurs l’occasion de souligner les méfaits du fanatisme qui, bien qu’on l’oublie souvent, n’a épargné aucune religion au cours de l’Histoire. C’est là qu’on trouvera les meilleures scènes de Goya’s ghosts, dont le sujet aurait mérité un traitement moins épars.

COPYING BEETHOVEN ♦♦
Réalisation. AGNIESZKA HOLLAND
USA/Allemagne/Hongrie – 2006 – 104 min
Drame

L’OREILLE MUSICALE

Bel hommage rendu à l’immense talent de Beethoven, dont les dernières années de vie sont restituées ici en y mélangeant une bonne part de fiction. L’occasion également de rendre le personnage plus familier à beaucoup pour qui le compositeur mort il y a près de 200 ans est surtout un nom célèbre, sans plus trop en connaître les détails marquants.
Agnieszka Holland restitue donc avec une mise en scène efficace –malgré quelques baisses de rythme- la passion de Beethoven pour sa musique, et l’acharnement avec lequel, malgré sa surdité de plus en plus accablante, il parvenait encore à composer des partitions sublimes.
Au-delà de cette approche du grand homme, c’est aussi –via la partie fictive- une description de la vie de l’époque ainsi que de la condition féminine qui est mise en exergue. A cet effet, Diane Kruger interprète avec bonheur la jeune Anna , partagée entre son admiration pour le grand maître et la répulsion que lui inspire le caractère insupportable de celui-ci.
Mais le véritable morceau de bravoure vient sans conteste de Ed Harris, remarquable dans la peau de Beethoven et qui incarne toute la passion musicale qui habitait le compositeur. Certaines scènes sont grandioses –la 1ère représentation de la Neuvième Symphonie est superbe- et le film donnera sans doute envie aux mélomanes dans l’âme de se (re)plonger dans la catalogue classique. Un aspect didactique qui compense les nombreuses libertés que le récit prend par rapport à la réalité historique.

PREMONITION ♦♦
Réalisation. MENNAN YAPO
USA – 2006 – 100 min
Thriller

QUAND J’ETAIS MORT

Sandra Bullock revient au thriller fantastique, dans une histoire assez prenante la plupart du temps. Jouant avec pas mal d’habileté sur les paradoxes temporels, le scénario envoie l’héroïne se balader entre le passé et le futur immédiats, sans jamais dépasser une fourchette de quelques jours. A la manière de Un jour sans fin, c’est le fait de s’endormir qui sert de tunnel vers le voyage dans l’espace-temps, mais il ne s’agit pas ici de revivre chaque jour les mêmes événements.
Au contraire, les allers-retours permettent de planifier les journées menant au drame annoncé, afin de tenter de contrecarrer le destin. Le réalisateur instaure à cet effet une ambiance sombre et oppressante efficace, isolant le personnage principal qui ne sait plus, au début du moins, si ce qu’il vit est réel ou non.
A force de multiplier les trajets vers demain en revenant à aujourd’hui tout en refaisant un petit détour par hier, l’histoire perd parfois un peu de sa cohésion et de sa clarté. De même que le final ne répond pas entièrement à l’attente : assez prévisible pour les habitués, il ne surprend pas autant qu’on pouvait l’espérer.
Reste une interprétation convaincante et une mise en scène globalement réussie, ainsi qu’un constat plein de bon sens : personne n’échappe au destin, mais il n’est jamais trop tard pour changer le cours de notre vie avant qu’il ne nous rattrape.

JE DETESTE LES ENFANTS DES AUTRES 0
Réalisation. ANNE FASSIO
France – 2007 – 90 min
Comédie

VIVEMENT LA RENTREE !

Eh ben, c’est pas une partie de plaisir, les vacances avec Anne Fassio ! Pas sûr qu’on fera les valises avec elle l’été prochain, au vu du programme qu’elle nous réserve… A quoi bon faire le trajet en effet, quand le voyage qu’elle propose a déjà été fait des dizaines de fois dans de nombreuses comédies estivales ?
Le titre d’ailleurs n’est déjà pas tout à fait correct : est-ce vraiment les enfants des autres qu’on déteste, ou leurs parents incapables de leur inculquer quelques notions élémentaires de savoir-vivre ? Alors que tout laisse penser que l’histoire va se focaliser sur les 400 coups des gamins, c’est bien davantage sur les adultes que l’attention se porte, au gré de leurs pérégrinations totalement inintéressantes et des tentatives de drague foireuses inhérentes à cette période de l’année.
Bref, le séjour est fameusement décevant, malgré Lionel Abelanski et Elodie Bouchez. Le premier n’a guère l’occasion d’exploiter son potentiel comique ; la seconde voit son charme trop souvent éteint par un scénario sans éclat.
Et ces vacances se traînent et se répètent ; pas le moindre quiproquo boulevardier à se mettre sous la dent, pas la plus petite histoire de cul bien croustillante entre le mari et une des copines de sa femme, … juste une chronique archi banale des congés de M. et Mme Tout-le-monde. Dites, z’auriez pas vu mon dvd de L’hôtel de la plage ?