c comme cinéma

mardi, juin 30, 2009

THE DUCHESS ♦♦
Réalisation. SAUL DIBB
Angleterre – 2008 – 110 min.
Historique

GEORGIANA OU DIANA ?

A la fin du 18e siècle, en Angleterre. La ravissante Georgiana devient Duchesse après avoir épousé le richissime Duc de Devonshire au cours d’un mariage arrangé.
Malgré que cette union ne soit pas le fruit d’un amour profond, la jeune femme est pourtant disposée à fonder un couple solide, mais elle doit vite se rendre à l’évidence qu’il lui faudra composer avec un époux qui a une vision bien plus libre du mariage.
Insatisfaite, elle s’engage alors dans la vie publique en faisant campagne pour le parti libéral et en luttant pour les droits des femmes.


Les spécialistes de l’Histoire d’Angleterre ne sont peut-être pas légion parmi nos spectateurs, mais la Duchesse du Devonshire est un personnage connu Outre-Manche. C’est donc son histoire qui est contée ici, au détour d’un portrait généreux d’une femme en avance sur son temps puisqu’elle milita pour les droits de la cause féminine à une époque où le mâle dominant était la règle absolue, surtout au sein de la noblesse.
Keira Knightley retrouve ainsi l’atmosphère d’un film en costumes, et incarne son personnage avec une grande conviction, lui donnant une flamboyance et une détermination superbes. Le reste du générique, tout aussi british, est fort inspiré également, et les décors contribuent à la réussite globale de cette fresque historique.
Les évolutions du récit connaissent parfois quelques chutes de rythme, mais le combat mené par cette femme refusant de céder à la volonté de son mari –et partant, des normes de l’époque consacrant l’hypocrisie bien-pensante et la résignation- qui voulait lui imposer un ménage à trois mérite qu’on s’y attarde.
Et ce d’autant plus que l’histoire comporte une partie contemporaine : il fait inévitablement penser au destin de Lady Diana, dont Georgiana n’est autre que l’ancêtre ! Ce rapprochement temporel rajoute un élément de réflexion quant à la condition certes privilégiée mais parfois aussi bien ingrate réservée aux princesses du Gotha.

FASCINATION ♦♦
(Twilight)
Réalisation. CATHERINE HARDWICKE
USA – 2008 – 120 min.
Fantastique

ROMÉO MONTRE LES DENTS

Isabella Swan, une adolescente de 17 ans en conflit avec sa mère, déménage à Forks, une petite ville pluvieuse dans l’Etat de Washington, pour y vivre avec son père. Originaire d’une région bien plus ensoleillée, elle s’attend à ce que sa nouvelle vie soit aussi ennuyeuse que la ville où elle s’est installée.
Mais alors qu’elle découvre le lycée où elle va poursuivre ses études, elle remarque parmi les étudiants le troublant Edward Cullen, dont elle tombe très rapidement amoureuse.
Or, le jeune homme au comportement étrange est toujours entouré de son frère et de ses deux soeurs, tout aussi surprenants que lui. Edward cache visiblement certains secrets… et des pouvoirs étonnants.


Est-ce le point de départ d’une nouvelle saga cinématographique? Sans doute, puisqu’en cas de succès de ce premier opus, la suite viendra tout naturellement.
Comme point de départ, Catherine Hardwicke a réalisé un film en demi-teinte, n’évitant pas quelques maladresses, surtout au niveau des effets spéciaux, qu’on attendait plus impressionnants. Or, ceux-ci sont réduits au strict minimum, la mise en scène s’attachant bien davantage à la psychologie des personnages. Ce dernier point est par contre très réussi, faisant de Twilight bien plus un récit sur l’adolescence et ses bouleversements qu’une histoire de méchants vampires.
Lesdits vampires montrent d’ailleurs bien peu leurs crocs. Original, certes, d’imaginer des descendants de Dracula végétariens, mais pas toujours très spectaculaire!
Cette version très particulière de Roméo et Juliette n’en est donc clairement qu’à ses prémices. Freinée visiblement par la promesse d’un deuxième épisode, la scénariste n’a pas trop voulu rentrer dans le vif du sujet. Le rythme d’un film et d’un livre sont pourtant bien différents; vouloir trop adhérer à l’oeuvre de départ n’est donc pas forcément une bonne idée.
L’ensemble reste malgré tout attrayant, même si en guise d’ados bien (vam)pires que ceux-ci, on préfèrera la mordant de la trilogie Ginger Snaps , trop méconnue chez nous.

HIGH SCHOOL MUSICAL 3: NOS ANNÉES LYCÉE
(High School Musical 3: Senior Year)
Réalisation. KENNY ORTEGA
USA – 2008 – 110 min.
Comédie musicale

UN LYCÉE LISSE ET CHANTANT

Troy et Gabriella, qui sont en dernière année, affrontent la perspective d'être séparés l'un de l'autre: dès l’année scolaire prochaine, ils poursuivront en effet leurs études dans des universités différentes.
Avec l'aide du reste des Wildcats, ils vont décider de partir en beauté et de mettre en scène une comédie musicale élaborée dans laquelle seront relatés leurs expériences, leurs espoirs et leurs craintes vis-à-vis de leur avenir.

Ce n’est qu’avec ce troisième volet que High School Musical passe du petit au grand écran, justement encouragé par le succès colossal rencontré dans la petite lucarne magique.
De là à dire que nous nous sommes pâmés d’admiration devant cette histoire à l’eau de rose, il n’y a qu’un pas (de danse) que nous ne franchirons pas. Pur produit Disney, ce film ravira sans doute pas mal d’ados pour qui l’atmosphère lycéenne et de premières amours qui règne ici évoquera une réalité bien actuelle.
Les chorégraphies bien soignées et la musique entraînante sont les deux atouts majeurs du film, mais on reprochera à ce dernier de livrer une image beaucoup trop «propre sur elle» de la jeunesse, et donc irréaliste. Car chez Disney, on ne boit pas, on ne fume pas et on ne couche pas (du moins pas avant 25 ans). Un peu naïf évidemment mais ça n’a visiblement pas dérangé les amateurs de cette série. Ni Zac Efron et Vanessa Hudgens, duo vedette depuis le début de la série et… désormais couple à la ville! La musique adoucit décidément bien les moeurs…

LA GUERRE DES MISS
Réalisation. PATRICE LECONTE
France – 2008 – 89 min.
Comédie

LES MISS TIQUENT

Rien ne va plus à Charmoussey, ce petit village de montagne encaissé dans une vallée paisible. Et pour cause: depuis 22 ans, l’élection de Miss Pays de Garupt, la Miss locale, revient systématiquement à la commune voisine, Super Charmoussey, dont l’emplacement avantageux en a fait une station de ski appréciée des touristes.
Pour laver cet affront qui perdure, ainsi que pour sauver sa commune qui se vide peu à peu, le maire de Charmoussey décide de prendre le taureau par les cornes: cette année, il faut à tout prix emporter la victoire. Pour ce faire, il fait appel à un ancien enfant du village, Franck Chevrel, acteur raté à Paris, et lui demande de devenir le coach des candidates au titre de Miss.

Patrice Leconte a accumulé avec plus ou moins de bonheur un bon nombre de comédies. Celle-ci ne restera pas parmi les meilleures, même si elle constitue un aimable divertissement, principalement grâce à la présence de Benoït Poelvoorde.
Notre compatriote est en effet la cheville ouvrière du film, dont le ressort repose essentiellement sur ses épaules: les mimiques et les gags de l’acteur font mouche à plusieurs reprises, de même que les situations cocasses dans lesquelles son personnage se retrouve entraîné. Pas au mieux dans sa vie personnelle, le Belge retrouve tout son punch devant la caméra.
Mais à force de compter sur la force de frappe de son comédien vedette, Leconte semble en avoir oublié de donner davantage de consistance à son scénario, qui aurait pu et du s’avérer bien plus piquant et pousser plus à fond le thème des querelles de village d’une part et la satire de l’univers des concours de Miss d’autre part. La farce, certes amusante, reste bien trop gentille alors qu’il y avait pourtant matière à réflexion, d’autant plus après toutes les polémiques ayant touché les élections de Miss France ces dernières années.
Il en va de même pour la conclusion, bien trop téléphonée et à l’humour sans grande finesse. Ce concours là n’est pas un ratage complet, on y sourit même plus d’une fois, mais il ne décrochera pas le premier prix.

DIAMANT 13 0
Réalisation. GILLES BEAT
France/Belgique/Luxembourg – 2008 – 100 min.
Policier

VERROTERIE

Mat, la cinquantaine, est flic à la 13e division nuit de la police criminelle. Personnage solitaire dont le comportement sur le terrain flirte parfois avec les règles fixées, il ne se fait plus aucune illusion sur la vie et les êtres humains.
Un jour cependant, son vieil ami Franck le contacte pour lui proposer un plan du tonnerre, en apparence du moins: un détournement d’argent sale, un travail rapide et sans traces qui peut les mettre à l’abri et leur assurer une retraite tranquille.
Mais la combine s’avère beaucoup moins simple qu’il n’y paraissait: Franck et Mat ne sont pas les seuls à vouloir cet argent, et le magot va ouvrir d’autres portes qui auraient mieux fait de rester fermées.

Olivier Marchal aime décidément les chiffres : 36, Quai des Orfèvres, MR 73, et à présent ce Diamant 13, dont il est acteur et co-auteur. Hélas ! Il faut croire que le chiffre 13 porte malheur, tant ce polar accumule les poncifs du genre jusqu’à plus soif.
Le flic désabusé, les ripoux, le sac plein de came et de billets de banque,…, tout cela n’a-t-il pas été déjà vu des dizaines de fois ? Ce ne serait en fait pas bien grave si Gilles Béat –de retour au cinéma après dix-sept ans d’absence- avait donné une tournure plus vraisemblable à son film. Les personnages y sont en effet profondément caricaturaux : Asia Argento, par exemple, aussi charmante soit-elle, défile comme une erreur de casting
Et c’est d’autant plus regrettable que Gérard Depardieu se montre d’une grande sobriété et que l’histoire est inspirée des mémoires d’un ancien policier. Mais la mise en scène est trop laborieuse pour qu’on y croie. Et que dire de la bande-son exécrable, qui rend bon nombre de dialogues quasiment incompréhensibles ? Cette mauvaise habitude française ne rend pas davantage service à un film qui n’arrive décidément pas à émerger de la nuit où le récit l’a plongé.
Une conclusion archi téléphonée plus tard, il faut bien dresser le constat : pour un Diamant 13, c’est loin d’être un bijou. Mais que fait la police ?