c comme cinéma

mardi, juillet 31, 2007


THE GOOD GERMAN ♦♦♦
Réalisation : STEVEN SODERBERGH
USA – 2006 – 105 min
Drame/Espionnage

BERLIN EXPRESS

Pour sa nouvelle collaboration avec George Clooney, Soderbergh rend un bien bel hommage aux films noirs des années 40 et 50 et à l’ambiance d’après-guerre dont ils étaient imprégnés.
Clin d’œil appuyé aux célébrissimes Le troisième homme, Casablanca ou Les enchaînés, The good german est remarquable de par sa mise en scène, reprenant ainsi tous les éléments des modèles dont il s’inspire : superbe noir et blanc entrecoupé d’images d’archives pour les extérieurs, génériques de début et de fin à l’ancienne et personnages typés représentatifs des histoires d’espionnage de l’époque.
Le film permet à Tobey Maguire de nous présenter une composition bien différente de l’homme-araignée, mais de tous les interprètes principaux, Cate Blanchett livre la prestation la plus éblouissante, se transformant pour l’occasion en un mélange de Marlene Dietrich et Ingrid Bergman, tout en cynisme et en froideur, et faisant ainsi de Lena Brandt une femme emblématique de la débâcle allemande, marquée au fer rouge par la désillusion d’une vie brisée.
Mais au-delà de l’excellent aspect technique et des acteurs très convaincants, le scénario pointe également du doigt le comportement hypocrite des libérateurs qui n’hésitèrent pas à se livrer une lutte à peine voilée pour récupérer à leur profit les savants nazis et les avancées technologiques qu’ils avaient développé.
La conclusion abrupte ne fait d’ailleurs qu’accentuer davantage la sensation d’ambiguïté tendant à démontrer qu’en temps de guerre rien ni personne n’est vraiment tout noir ou tout blanc, au contraire de ce Good German sans couleurs mais jamais sans relief.


DOA : DEAD OR ALIVE
Réalisation : COREY YUEN
USA – 2006 – 87 min

PLUS MORT QUE VIF

Les concepteurs de jeux vidéo doivent être rudement fiers, au vu des nombreuses adaptations de leurs produits au grand écran ces dernières années. Les réalisateurs, par contre, ont moins de quoi se vanter, tant le résultat cinématographique s’est avéré désastreux.
Dead or alive constitue dès lors une petite exception qui confirme la règle du jeu. « Petite » car le film tombe évidemment dans les mêmes travers que ses prédécesseurs : scénario réduit à une peau de chagrin et casting constitué d’une brochette ahurissante de jolies nanas, de quelques cerbères dont les seules lignes de dialogue se résument à l’un ou l’autre « Grumpff » éloquent, d’anciens catcheurs ou de beaux gosses aux pectoraux bien huilés. Une vraie « Ile de la tentation » à eux tout seuls, l’ignoble téléréalité mise à part.
Mais si l’histoire ne captivera pas grand-monde, hormis peut-être les fans de console qui retrouveront les sensations du jeu, le réalisateur a au moins eu la bonne idée de soigner sa mise en scène : chorégraphies bien ficelées, combats joliment réglés et démonstration régulière d’arts martiaux dans la bonne vieille tradition rythmique et gestuelle asiatique. Ajoutez-y une durée totale pas trop longue, et les différents degrés de la partie se digèrent sans trop de difficulté.
Les victimes se comptent à la pelle, mais le spectateur sort vivant de l’aventure, ce qui est déjà un exploit en soi pour ce genre de production. Et Corey, tout Chinois soit-il, en récoltera peut-être un bon paquet de Y(u)en.


HANNIBAL LECTER : LES ORIGINES DU MAL
(Hannibal Rising)
Réalisation. PETER WEBBER
Grande-Bretagne/Italie/France – 2006- 115 min
Thriller

CANNIBALE JUNIOR

Hannibal Lecter n’en finit pas de revenir, ou plutôt de remonter encore un peu plus loin dans le temps, à travers cette nouvelle déclinaison de ces aventures sanguinolentes.
Point d’Anthony Hopkins, toutefois, rajeunissement oblige : le cannibale adolescent est incarné par Gaspard Ulliel, dont le physique ne rappelle pas vraiment celui de son aîné, mais qui a néanmoins adopté le phrasé si particulier du personnage adulte.
Si l’acteur tire donc plutôt bien son épingle du jeu et son sabre des cadavres qu’il tourmente, le film dans son ensemble n’est jamais follement passionnant, à l’image d’ailleurs des autres « suites » de l’inimitable Silence des agneaux qui n’ont pas apporté grand-chose au mythe du criminel en série qu’est Hannibal.
L’occasion était pourtant belle de décortiquer les mécanismes ayant amené cet homme sur le chemin du crime pervers. Le début laisse entrevoir de belles promesses en ce sens, mais le scénario retombe hélas vite dans une banale histoire de vengeance au cours de laquelle les expéditions ad patres se succèdent sans que la psychologie des différents personnages ne soit davantage fouillée.
Il faut donc espérer que ce sympathique Lecter range une bonne fois pour toutes ses outils au placard ; à force de grignoter ses ennemis il a aussi entamé notre appétit pour ses sombres exploits.


LE NOMBRE 23 ♦♦
(The number 23)
Réalisation: JOEL SCHUMACHER
USA – 2006 – 93 min
Thriller

22, V’LA LE 23 !

J’ai intérêt à faire drôlement attention : faudrait surtout pas que mon article fasse 23 lignes ! Vous imaginez ? 23 ans de malheur assurés… Et c’est vrai que Schumacher s’ingénie à nous rendre presque paranos avec son obsession centrée sur ce maudit nombre qu’il met en vedette.
Il s’est d’ailleurs rudement bien entouré : Jim Carrey livre une nouvelle fois une brillante prestation dramatique, non dénuée de quelques pointes d’humour dans le premier tiers du film.
La mise en scène joue aussi habilement sur les couleurs, adaptant les teintes en fonction de la légèreté ou de la noirceur du moment et ne manque pas d’efficacité lorsqu’il s’agit d’installer peu à peu cette phobie du nombre 23 dans l’esprit du spectateur.
En ayant toutefois voulu mélanger les genres, le réalisateur perd parfois l’unité d’un récit qui commence plutôt comme une comédie et se transforme en un thriller bien sombre ponctué par des incursions très « bédéphiles » dans le bouquin lu par le héros. Le rythme s’en ressent parfois, de même que l’une ou l’autre redondance s’installant en cours de route.
Cela n’empêche heureusement pas la conclusion d’être pour le moins étonnante, à travers un dernier rebondissement qu’un Shyamalan en forme n’aurait pas renié. Joel Schumacher et Jim Carrey forment donc une belle association qui… Ciel, vous avez compté ? 23 lettres à eux deux ! Je m'arrête là, cette critique va me porter malheur…


J’AURAIS VOULU ETRE UN DANSEUR
Réalisation. ALAIN BERLINER
France/Belgique – 2006 – 105 min
Comédie dramatique

CONTREDANSE

J’aurais voulu être un danseur, voilà un titre laissant présager un joyeux fourre-tout ! Et de fait, ce long numéro de claquettes c’est un peu n’importe quoi, curieux hommage aux comédies musicales qui ont visiblement impressionné Alain Berliner dans sa jeunesse.
Mais quel scénario décousu que celui-ci ! Passant d’un flash back à un autre, effectuant des bonds dans le passé et dans le futur à faire pâlir H.G. Wells et sa machine à remonter le temps, l’histoire nous trimbale d’une génération à l’autre de mordus de Gene Kelly.
Admiration certes compréhensible et plus qu’honorable, mais décrite avec une naïveté tellement abyssale qu’elle finirait presque par altérer le chef d’œuvre de Stanley Donen pour ceux qui ne l’auraient point encore visionné.
Entre deux claquements de talon, Vincent Elbaz cherche vainement une inspiration absente, mais son jeu surfait sonne faux en quasi permanence. Heureusement que Cécile de France, mieux disposée, apporte sa sobriété à un film qui en avait bien besoin.
Ce dernier ne manque pourtant pas de bonnes intentions mais les pistes (de danse) empruntées sont bien maladroites. Ajoutez-y une post-synchro mal fichue et la piste aux étoiles n’en garde qu’une, celle de notre cotation indulgente au vu des quelques bons moments que contient cette réalisation que nous aurions voulu être meilleure.


LONELY HEARTS ♦♦
Réalisation. TODD ROBINSON
USA – 2006 – 95 min
Drame/Policier

LIAISONS FATALES

Le parcours sanglant –hélas bien réel- d’un sinistre couple meurtrier est retracé par Todd Robinson dans la bonne vieille tradition du film noir. Lonely hearts, au titre faussement romantique, se plaît en effet à en reprendre les ingrédients, l’époque décrite s’y prêtant à merveille.
Au-delà de l’attrait des costumes et véhicules des années 40, que la mise en scène reproduit avec beaucoup de soin, l’intérêt principal réside dans le jeu des acteurs. Le casting est globalement réussi, surtout dans le chef de Jared Leto et Salma Hayek, excellents en prédateurs déséquilibrés et peu soucieux de la vie d’autrui. Si Travolta est tout aussi bon en flic désabusé, l’alchimie entre lui et Laura Dern ne fonctionne cependant guère, et leur couple n’arrive donc jamais à la hauteur de l’autre.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul déséquilibre du film : l’analyse de l’épopée tragique de Beck et Fernandez manque parfois de profondeur en étant trop accaparée par la répétitivité des méfaits commis.
Robinson parvient néanmoins à parsemer son travail de scènes puissantes et intenses, que ce soit au travers de ses acteurs restituant au mieux la névrose criminelle, ou via une séquence très « électrique » au sujet de laquelle partisans et opposants de la peine capitale pourront débattre. Même si cette conclusion s’inscrit dans la logique des amants criminels.


L’ILE AUX TRESORS
Réalisation. ALAIN BERBERIAN
France – 2006 – 100 min
Comédie/Aventure

MAIGRE TRESOR

Pirates des Caraïbes oblige, voilà que tout un chacun se croit investi d’une licence en piraterie. Le cinéma français, pour ne pas être en reste, expédie donc ses acteurs vers une course au trésor et revisite par la même occasion le grand classique de Robert Louis Stevenson.
Adaptation très libre, cela va sans dire, puisque Berbérian n’hésite pas à coller avec son temps en incluant dans son film en principe familial des allusions très claires à l’homosexualité et au cannibalisme, ainsi qu’une violence gratuite et inutile qui surprend désagréablement.
Cette audace n’en rend donc pas pour autant l’ensemble meilleur. Car justement, dans ce type de production, Paris n’est pas Hollywood et malgré les moyens techniques mis à sa disposition, le réalisateur n’insuffle que rarement le rythme nécessaire à ce genre d’histoire.
Très inégal dans sa construction, L’île aux trésors connaît plusieurs passages à vide, dont le moindre n’est pas la recherche interminable des beaux doublons espagnols convoités par les vilains flibustiers.
Heureusement que Gérard Jugnot et Jean-Paul Rouve campent des personnages savoureux, ils permettent à l’embarcation d’éviter le naufrage grâce à quelques pointes d’humour. C’est cependant bien peu pour un voyage sur les mers qui aurait pu être autrement plus trépidant, sabre de bois !


LA NUIT AU MUSEE 0
(Night at the museum)
Réalisation. SHAWN LEVY
USA – 2006 – 108 min
Comédie fantastique

LE MUSEE PEU AMUSANT

Amusant ou pas, c’est selon : pour les enfants sans doute ; pour les adultes beaucoup moins ! Cette visite guidée promettait en effet beaucoup sur le plan comique, ne fut-ce qu’au vu du générique, mais le scénario déçoit largement, tant il reste constamment ciblé sur un humour très léger destiné aux plus jeunes.
Ben Stiller se retrouve donc plutôt coincé dans son rôle de gardien de nuit, et malgré la participation –non créditée- de son pote Owen Wilson, il n’arrive pas à lever bien haut le niveau de cette comédie qui ne décolle pas souvent et se cantonne dans des gags tarte à la crème bien démodés aujourd’hui. Les séquences se succèdent de façon répétitive : la première nuit suffit largement, les autres n’apportent quasiment rien de neuf à l’intrigue.
Il faudra donc se contenter des effets visuels qui permettent à un squelette de dinosaure ou à un éléphant virtuel de déambuler dans les couloirs de l’établissement, ou apprécier la richesse des costumes variés qui évoluent à l’écran : du cow boy au Romain en passant par quelques rescapés de la préhistoire, le film offre un petit aperçu de l’histoire des civilisations, sans doute dans un but didactique censé amener les mioches vers les musées. Le dernier plan est d’ailleurs très équivoque à ce sujet.
But louable donc, à défaut de constituer un divertissement digne de ce nom. Quel dommage tout de même d’avoir aussi mal employé des grands noms tels que Mickey Rooney ou Dick Van Dyke : ils méritaient mieux comme sortie au musée du cinéma.