c comme cinéma

dimanche, novembre 29, 2009

OSS 117 – RIO NE RÉPOND PLUS ♦♦♦
Réalisation. MICHEL HAZANAVICIUS
France – 2008 – 100 min.
Comédie d’espionnage

CARNAVAL DE BRIO

1967. Dix ans ont passé depuis que Hubert Bonisseur de la Bath, mieux connu sous le nom de OSS 117, a vécu des aventures mouvementées au Caire. Son supérieur décide de l’envoyer en mission à Rio de Janeiro pour y récupérer un microfilm bien compromettant détenu par Von Zimmel, un ancien dignitaire nazi.
Celui-ci compte en effet monnayer à prix d’or le contenu du microfilm: une liste d’anciens collaborateurs de guerre français qui occuperaient des postes importants au sein de l’administration du Général de Gaulle.
Qui d’autre que l’infaillible OSS 117 pourrait mener à bien une mission aussi périlleuse?

Un espion est censé agir discrètement, mais le retour d’OSS 117 ne passera sûrement pas inaperçu auprès de ses nombreux fans! Reprenant avec le même bonheur les ingrédients ayant mené au succès du premier épisode, Michel Hazanivicius transpose son héros aux portes de mai 68, dans cette France gaullienne des Golden Sixties trop sûre d’elle qui devra bientôt faire face à l’agitation générale.
Dans ce contexte, OSS 117 –Jean Dujardin, à nouveau excellent- est un agent secret en plein décalage, resté ancré dans la IVe République (ah! les portraits de René Coty qu’il offrait en cadeau dans Le Caire, nid d’espions!), dont le machisme et la conception rétrograde de la société en prennent un coup en étant confronté à la génération hippie et à une charmante agente du Mossad (Louise Monot) qui ne se prive pas de le remettre à sa place.
Multipliant les gags volontairement franchouillards et décalés par le biais d’innombrables allusions savoureuses, servant les clichés à la grosse louche sans se soucier des convenances ethniques ou religieuses, cette suite se veut fidèle au premier épisode et fait mouche à de nombreuses reprises, notamment dans une course-poursuite hilarante menée à un rythme pour le moins particulier dans les couloirs d’un hôpital…
Mais il serait réducteur de n’évoquer que l’aspect comique du film, car Rio ne répond plus constitue aussi un remarquable travail de mise en scène. Cette dernière reconstitue avec un soin particulier l’atmosphère des années 60, tant au niveau des costumes que des décors et de l’architecture d’alors. L’esthétique et les trucages de l’époque –délicieusement désuets- sont également de la partie, de même que les couleurs imprimées à la pellicule. Et pour rythmer le tout, le réalisateur utilise à plusieurs reprises la technique du «split screen», cet effet consistant à diviser l'écran en plusieurs parties afin de présenter plusieurs perspectives d'une même scène ou de scènes différentes.
On se régalera enfin à repérer les innombrables références au Septième Art – dont une particulièrement réussie au fameux Sueurs froides- dont l’histoire est truffée pour se rendre compte que ce deuxième épisode nécessitera plus d’une vision pour en apprécier pleinement tous les détails. Même si l’effet de surprise joue forcément moins que dans Le Caire, nid d’espions, Rio ne répond plus mais répond largement à nos attentes!

CŒUR D’ENCRE
(Inkheart)
Réalisation. IAIN SOFTLEY
USA – 2008 – 107 min.
Fantastique

TOURNER LA PAGE

Depuis que sa mère a mystérieusement disparu neuf ans plus tôt, Meggie voyage sans cesse avec son père Mo. Ce dernier a en effet constamment la bougeotte et parcourt le monde à la recherche d’un livre rare, Coeur d'encre, auquel il semble tenir comme à la prunelle de ses yeux.
C’est que Mo possède un étonnant pouvoir qu’il n’a pas encore révélé à sa fille: la faculté de donner vie aux personnages des livres qu’il lit à haute voix! Mais ce don extraordinaire n’a pas que des avantages, surtout quand, comme dans Coeur d’encre, de redoutables bandits se sont extraits du bouquin.


A peine sorti des biens décevants La momie 3 et Voyage au centre de la Terre 3D, Brendan Fraser revient au film d’aventures et enchaîne avec un conte destiné aux plus jeunes, dans une énième adaptation d’un récit d’héroïc fantasy. Las! Ce n’est apparemment pas encore avec ce film-ci que l’acteur va sortir du créneau dans lequel il semble se complaire.
A l’instar de Histoires enchantées avec Adam Sandler, Coeur d’encre suscite en effet les mêmes déceptions. Surtout que le sujet laissait augurer une histoire épique pleine de magie et de personnages fantastiques.
Mais le rêve contenu dans le bouquin dont est tiré le présent long métrage ne se retrouve hélas quasiment pas transposé à l’écran. Curieusement, la mise en scène est particulièrement pâlotte, puisqu’il faut attendre les 20 dernières minutes pour qu’enfin les personnages se retrouvent transportés dans l’univers du livre et vivent donc les rebondissements fantastiques espérés.
Mais jusque-là, que d’ennui devant une histoire qui se traîne autant en longueur! Les acteurs tentent de meubler autant que faire se peut, mais ils ne peuvent tenir à eux seuls tout le poids du film, surtout que des comédiens de la trempe d’Helen Mirren ou Paul Bettany sont carrément sous-employés. Coeur d’encre vaut donc surtout pour son début prometteur et sa fin plus dynamique. Entre les deux, un livre aux pages peu emballantes qu’on aurait aimé voir parsemées d’images bien plus féériques.

MEURTRE À LA SAINT VALENTIN 3D 0
(My bloody Valentine 3D)
Réalisation. PATRICK LUSSIER
USA – 2008 – 101 min.
Horreur

VALENTIN A MAUVAISE MINE


La petite ville minière de Harmony est secouée par un drame affreux: suite à une erreur humaine, cinq mineurs trouvent la mort, tandis que Harry Warden, le seul à en avoir réchappé, reste plongé dans le coma. Il se réveille pourtant un an plus tard, et mû par un terrible désir de vengeance, massacre vingt-deux personnes avant d’être à son tour abattu par la police.
Dix ans après cettre tragédie, la petite ville semble avoir retrouvé son calme. C’est le moment que choisit Tom Hanniger pour revenir à Harmony. Ayant échappé de justesse à la tragédie, il tente un retour sur les lieux pour enfin exorciser le passé. Mais le passé va revenir au galop.

Remake d’un film de 1981, Meurtre à la Saint Valentin 3D aurait mieux fait de célébrer les amoureux des histoires d’horreur en restant au fond d’un tiroir. Il n’apporte en effet rien de neuf au genre, si ce n’est puiser dans le catalogue des meurtriers en série complètement fêlés pour tenter d’ajouter un nouveau cousin aux Freddy, Michael Myers ou autres Jason qui font partie de la joyeuse famille des psychopathes du Septième Art.
Le problème est que le sympathique mineur Harry Warden (re)débarque avec 25 ans de retard, muni de son masque à oxygène et d’une pioche dont il se sert pour effectuer quelques menus travaux de ravalement de façade humaine. Rayon innovation, il faudra donc repasser, tant ce genre de personnages a déjà servi.
Mais au-delà de l’accoutrement et des agissements vus et revus du joyeux drille, c’est surtout le scénario qui a de quoi consterner. Fin comme une lame de rasoir, celui-ci est archi-prévisible et se contente de multiplier les séances de massacre, pensant probablement compenser l’indigence du récit par des effets 3D percutants.
Or, même à ce niveau-là la déception est de mise. Car si les séquences gore sont plutôt bien mijotées –et à décommander avant de passer à table- le relief n’apparaît pas très réussi. Les lunettes spéciales pour la projection n’y font rien, Harry Warden et ses méfaits restent désespérément aussi plats que l’encéphalogramme de ses victimes.

LA LÉGENDE DE DESPEREAUX
(The Tale of Despereaux)
Réalisation. SAM FELL & ROBERT STEVENHAGEN
USA – 2008 – 94 min.
Dessin animé

LE P’TIT RAT DES CARAÏBES

Il y a bien longtemps, dans un royaume enchanté, vivaient un Roi et sa Reine. Mais un jour, à la vue d’un rat tombé malencontreusement dans sa soupe, la souveraine trépassa, laissant son royal époux inconsolable. Leur fille, la Princesse Petit Pois, se languissant de la grande tristesse de son père, aimerait que tout redevienne comme avant. L’espoir renaît lorsque Despereaux apparaît: contrairement aux autres petites souris craintives, celle-ci ne rêve que de gloire et d’aventure. En compagnie du rat Roscuro, Despereaux va tenter de redonner le sourire au Roi et à son peuple, malgré les dangers qui se dresseront sur leur route.

Les souris ont la cote depuis que Ratatouille a exposé ses talents de fin gourmet devant un très nombreux public. Mais il ne suffit pas de montrer un joli museau et une bonne bouille pour assurer la qualité d’un récit, et La légende de Despereaux en est la confirmation.
Si les dessins et le niveau d’animation ne sont pas à mettre en cause, le découpage de l’histoire rend parfois difficile la bonne compréhension de cette dernière, celle-ci démarrant avec le rat Roscuro comme héros principal, avant de changer de souriceau et de s’attacher à Despereaux. Les deux mammifères vivent ainsi des aventures ensemble ou séparément, tandis qu’une multitude de personnages secondaires s’ajoutent au décor, ne faisant qu’accentuer la sensation de confusion qui se dégage régulièrement.
Très classique, sans véritable surprise ni émotion, le film séduira probablement le regard des petits mais n’emballera guère les grands, malgré la réussite visuelle qu’il constitue et la pléthore impressionnante de stars qui prêtent leur voix à cette production dans la V.O. (dont un Dustin Hoffman décidément de plus en plus reconverti dans le dessin animé). On y déchiffrera néanmoins la morale qui s’inscrit en filigrane en pointant du doigt les régimes autoritaires ou qui jouent sur les peurs des gens. Pour le reste, et malgré leur sympathie, ces gentils rongeurs ne parviennent pas à mitonner une soupe aussi succulente que celle de leur illustre cousin parisien.

TRAHISON
(Traitor)
Réalisation. JEFFREY NACHMANOFF
USA – 2008 – 114 min.
Thriller

AGENT TROUBLE

L'agent du FBI Roy Clayton enquête sur un complot international. A première vue, tout semble accuser Samir Horn, un ancien officier des opérations spéciales U.S. La section inter-agences chargée d’appréhender Horn croit en effet découvrir la preuve irréfutable des activités illicites de ce dernier au Yémen, à Nice et à Londres.
Mais au fil de ses investigations, Clayton commence à s’interroger sur les motivations de Horn : est-il réellement un traître, ou la vérité n’est-elle pas beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord ?

Sortant peu de temps après Mensonges d’état, Trahison risque de souffrir de la comparaison. Tout d’abord parce qu’il aborde le même thème à la mode de l’internationale terroriste et de la guerre que lui livrent les services secrets américains. Mais aussi parce que le film se révèle très inégal, perdant une bonne partie de ses qualités dans la seconde moitié de l’histoire.
Ne cherchant pas à verser dans une surenchère d’effets, Nachmanoff place ses pions sereinement, en suivant son personnage principal –sobrement interprété par Don Cheadle- dans la nébuleuse intégriste. Ce n’est pas tant l’action qui compte que la description de la manipulation des esprits par des fanatiques, et l’action parallèle des agences de renseignements pour contrer les plans des premiers. Le tout sans manichéisme par rapport à l’une ou l’autre des forces en présence.
Intéressant donc, mais malheureusement aussi sans la moindre surprise. Le rebondissement intervenant en cours de route n’en est pas vraiment un, car l’ensemble ne peut s’empêcher d’être très prévisible pour tout habitué du genre. Et quelques invraisemblances ne tardent pas à faire leur apparition, de même qu’une bien trop grande facilité quant au dénouement de l’intrigue.
Le réalisateur en était à son premier long-métrage, ce qui explique probablement les faiblesses d’un film qui, sans constituer une Trahison pour le cinéma, s’oublie néanmoins trop rapidement une fois la mission terminée.

jeudi, octobre 01, 2009

LES PLAGES D’AGNÈS ♦♦♦
Réalisation. AGNÈS VARDA
France – 2008 – 110 min.
Documentaire

QUI VIVRA, VARDA!

A l’aube de ses 80 ans, Agnès Varda décide de revenir sur les plages qui ont marqué sa vie, que ce soit à Noirmoutier, en Californie ou même à Knokke-Le-Zoute. Knokke en effet, car c’est en Belgique que la réalisatrice est née et a grandi jusqu’au début de la Seconde Guerre Mondiale.
Cinéaste novatrice dans les années cinquante, compagne de Jacques Demy jusqu’à la mort de ce dernier, engagée au sein du mouvement féministe, voyageuse au long cours en Chine, aux USA, à Cuba, productrice indépendante: la carrière et l’existence d’Agnès Varda ont été bien remplies.

«Ce n’est pas raisonnable!» Tel fut le premier commentaire d’Agnès Varda en recevant le troisième César de sa carrière, persuadée qu’elle était que la récompense irait au documentaire fort émouvant de Sandrine Bonnaire Elle s’appelle Sabine.
C’est pourtant bien Les plages d’Agnès qui est reparti avec le trophée, et on ne peut que s’en réjouir pour cette vieille dame très digne, pimpante octogénaire dont le dernier film se veut une oeuvre testamentaire puisqu’il recouvre l’ensemble de sa riche carrière.
Mais point d’éloge funèbre dans l’objectif de Varda! Fidèle à elle-même, son évocation se veut joyeuse, empreinte d’une fraîcheur nostalgique et de l’esthétisme si particulier de la cinéaste. Le patchwork mélange allègrement images d’archives, extraits de films précédents, aborde sans embarras les bides comme les succès, revient sur les coulisses de plusieurs tournages en les agrémentant d’anecdotes, et bien entendu, parcourt les plages de sa vie –au propre comme au figuré- en guise de fil rouge à chaque séquence.
Davantage qu’un auto-portrait, Les plages d’Agnès sont aussi celles de Jacques Demy, partenaire regretté, et de toute sa famille. Une famille par le sang, certes, mais aussi une famille de travail, au travers de la maison de production Tamaris qui depuis un demi-siècle produit les films de Varda, parfois avec des bouts de ficelle mais en lui assurant cette indépendance à laquelle elle tient farouchement.
Assurant la narration avec sa voix reconnaissable entre toutes, Agnès égrène sa vie avec simplicité, humilité et une créativité intacte. Une petite dame, mais une très grande dame!

HISTOIRES ENCHANTÉES
(Bedtime Stories)
Réalisation. ADAM SHANKMAN
USA – 2008 – 109 min.
Comédie fantastique

SANDLER LIT AU LIT

Peu avant sa mort, Marty Bronson, propriétaire d’un hôtel et élevant seul ses deux enfants, est obligé de vendre l’établissement à Barry Nottingham, en faisant toutefois promettre à ce dernier de nommer son fils, Skeeter Bronson, comme manager de l’hôtel une fois celui-ci devenu adulte et apte à gérer les lieux.
Les années ont passé et Skeeter a bien grandi, mais loin d’être devenu gérant, il sert plutôt d’homme à tout faire au service de Nottingham . Devant s’occuper pendant quelques jours des deux enfants de sa soeur, Skeeter entreprend de leur raconter des histoires au moment du coucher. Des histoires qui vont se révéler avoir une influence étonnante sur sa vie.

«Tous aux abris!» serait-on en droit de penser à l’idée de retrouver le calamiteux Adam Sandler, surtout après le récent Rien que pour vos cheveux dont le titre seul en disait long quant à son niveau…
Et pourtant, miracle de Noël sans doute (le film étant sorti à ce moment-là), l’acteur trouve ici un rôle bien plus sobre que d’habitude, et trouve à ses côtés un Guy Pearce pourtant peu coutumier des histoires destinées à un jeune public.
Pour autant, Histoires enchantées n’atteint pas les sommets et constitue une production Disney trop gentiment formatée pour les mômes alors que le potentiel de départ aurait pu être plus richement exploité.
Shankman, en effet, réussit à parodier assez efficacement bon nombre de titres célèbres -Star Wars entre autres- pour imager les histoires inventées par le héros, mais est moins percutant lorsqu’il s’agit de les transposer dans le réel. Car l’astuce du scénario est là: les histoires que le héros imagine pour les enfants se concrétisent le lendemain dans sa vraie vie!
Et c’est là que le bât blesse, ces transpositions du rêve à la réalité étant trop peu emballantes, et très convenues. Du coup, pour compenser la faiblesse du récit, la dernière partie lache davantage la bride de Sandler qui ne peut s’empêcher par moments de retomber dans ses travers. Ces aimables histoires enchantées n’enchanteront dès lors pas un énorme public, à l’exception peut-être des tous jeunes enfants à qui s’adresse le film.

THE FALL
Réalisation. TARSEM SINGH
USA/Inde – 2006 – 117 min.
Drame/Fantastique
Enfants admis

PLUS DURE SERA LA CHUTE

Les environs de Los Angeles , dans les années 20. Alexandria , une petite fille en convalescence dans un hôpital où elle est soignée après s’être cassé le bras, fait la connaissance de Roy Walker, un cascadeur paralysé des jambes suite à une grave chute.
A la demande de la fillette, Roy commence à lui raconter une histoire épique qui l’entraîne à une époque reculée. Les jours passent mais Alexandria ne manque pas de revenir voir son nouvel ami pour écouter avec la plus grande attention la suite du récit que Roy invente au fur et à mesure.

Bien des années se sont écoulées depuis l’excellente surprise de The cell, où Jennifer Lopez évoluait dans un thriller esthétique des plus réussis.
L’esthétique, justement, semble être plus que jamais le maître-mot du réalisateur hindou, lui qui développe un récit dont l’essence même est clairement la recherche d’une pureté visuelle quasi absolue. De fait, l’univers imaginaire qui se développe sous nos yeux est éblouissant au fil du conte que le personnage principal imagine pour la fillette.
Un conte, donc, mais à deux lectures! Car en naviguant entre le réel et l’irréel, le récit apparemment enfantin cache une subtilité le rendant bien moins innocent qu’il n’y paraît…
Mais que toute cette pureté visuelle peut paraître vaine lorsqu’un film se traîne autant en longueur que celui-ci! Sur un rythme ronronnant propice à la sieste, The fall ne parvient jamais à s’insuffler la passion nécessaire pour rendre l’histoire fascinante. La beauté en devient profondément ennuyeuse, preuve qu’une réussite technique n’est pas forcément synonyme de scénario captivant. Singh échoue donc là où il avait précédemment réussi avec The cell. La chute («the fall») n’en est que plus brutale.

mercredi, septembre 30, 2009

GRAN TORINO ♦♦♦
Réalisation. CLINT EASTWOOD
USA – 2008 – 115 min.
Drame

CLINT, À FOND LA CAISSE

Vétéran de la Guerre de Corée, Walt Kowalski vient d’enterrer sa femme. Le vieil homme, devenu irrascible, misanthrope, et quelque peu raciste, ne s’entend guère avec ses fils et ses petits-enfants.
Il ne supporte pas davantage ses voisins, une famille d’origine asiatique, les Hmong, dont les coutumes et la façon de vivre l’indisposent au plus haut point.
Mais lorsqu’un gang de jeunes délinquants se met à menacer les Hmong et l’ordre qui règne dans le quartier, Kowalski est bien déterminé à ne pas laisser faire sans réagir.

Très peu de temps après L’échange, Clint Eastwood revient déjà au cinéma, mais cette fois aussi bien devant que derrière la caméra. Ce double emploi ne l’empêche pas de livrer à nouveau un excellent film ainsi qu’une formidable prestation.
Tout repose évidemment au départ sur l’interprétation de l’acteur: son personnage au caractère insupportable et ses opinions ultra-conservatrices pas franchement teintées de tolérance en font un être plutôt repoussant.
La suite du scénario a ceci d’intéressant qu’elle est à la fois prévisible et déroutante, car si les opinions du héros vont bien sûr être amenées à se transformer au contact d’une jeune voisine asiatique, l’ambiance du film continue cependant à naviguer dans un flou ambigu: va-t-on assister à une énième démonstration d’auto-justice?
Mais au-delà de cette question, Walt Kowalski, qui se découvre peu à peu, fascine d’un bout à l’autre; sa magnifique Gran Torino qu’il entretient précieusement symbolisant le passé dans lequel ses conceptions restent -en surface du moins -enfermées.
Un passé qui cache aussi son lot de vieux démons, tels qu’ils se révèlent dans une dernière partie somptueuse laissant penser à une révérence que tirerait l’acteur Clint. Dernière sortie ou non, le cinéaste Eastwood a fait de son Gran Torino un nouveau «gran» film.

ENVOYÉS TRÈS SPÉCIAUX
Réalisation. FRÉDÉRIC AUBURTIN
France – 2008 – 93 min.
Comédie

INFO INTOX

R2I, célèbre radio d'info, décide d’envoyer de toute urgence en Irak son meilleur reporter, Frank, accompagné de Poussin, un ingénieur du son, pour y couvrir les événements qui s’y déroulent.
Mais au moment d’embarquer, Poussin se rend compte qu’il a jeté par mégarde l’enveloppe contenant tout l’argent du voyage! N’osant avouer une pareille gaffe à leur employeur, Frank et son collègue se planquent dans le quartier Barbès, à Paris , pour y réfléchir à une solution.
Une seule leur apparaît comme évidente: monter un reportage bidon pour faire croire qu’ils sont bel et bien en Irak.

Il y avait de quoi monter un bon vaudeville autour du duo des deux Gérard, d’autant plus en abordant les dérives de la course effrénée à l’info qui poussent bon nombre de chaînes à ne plus suffisamment vérifier l’authenticité de leurs sources.
Mais Frédéric Auburtin ne s’est malheureusement pas senti l’âme d’un grand reporter, ni d’un grand comique non plus d’ailleurs: filmée mollement, sa comédie accumule les dialogues creux et les situations téléphonées, en se contentant de quelques passages amusants générés par le contraste entre les personnages de Frank et de Poussin. Même si Lanvin en éternel dur à cuire et Jugnot abonné aux rôle de bonne poire maladroite, ça commence à sentir le réchauffé!
Quant au sujet abordé, celui d’otages aux mains de terroristes, il demeure délicat car il rappelle une réalité récente et tragique, celle de malheureux s’étant fait détenir ou occire dans des conditions épouvantables. Trop tôt dès lors pour aborder un tel thème avec le parti d’en rire? Pas forcément, mais alors avec une finesse et une créativité qui font trop fréquemment défaut ici.
Surtout que le film se traîne une heure durant avant de soudain démarrer en trombe pour retomber ensuite comme un soufflé avec une fin d’une facilité déconcertante. Bien loin d’un grand reportage en direct du rire, Envoyés très spéciaux se regarde distraitement et hormis quelques bons moments, n’a rien de très spécial.

RICKY
Réalisation. FRANÇOIS OZON
France – 2008 – 90 min.
Comédie fantastique

RIQUIQUI

Katie, une femme ordinaire maman d’une petite fille, travaille dans une usine. C’est là qu’elle fait un jour la connaissance de Paco, un homme comme les autres, avec qui elle entame une relation amoureuse.
Lorsqu’elle tombe enceinte, Katie pense que son existence va redémarrer sur des bases plus équilibrées et connaître enfin une vraie vie de famille.
De fait, quand Ricky vient au monde, tout semble sourire au jeune couple. Mais des événements surprenants vont très vite venir troubler cette quiétude.

Décidément, le cinéma français et le genre fantastique ne font pas très bon ménage! Surtout lorsque, dans le cas présent, François Ozon a le coeur qui balance sans arrêt entre différents styles et rend son film tellement hybride qu’il serait bien délicat de le cataloguer dans telle ou telle catégorie.
Démarrant d’abord dans le social, Ricky flirte avec les frères Dardenne: style épuré, milieu ouvrier, héros besogneux locataires dans un HLM,… Le virage vers le fantastique n’apparaît que très progressivement, après avoir transité par une phase angoissante qui restera d’ailleurs présente en filigrane tout au long de l’histoire. Le fantastique consistant dans certaine aptitude du bébé que nous ne dévoilerons pas ici (même si plusieurs bande-annonces du film commettent l’erreur de tout dévoiler!). Le bambin, doté d’une sacrée bonne bouille, est l’atout principal de ce long métrage, de même que les effets spéciaux bien fignolés qui l’affublent d’un équipement assez étonnant.
On ne peut en dire autant des autres personnages –malgré une interprétation sobre de Alexandra Lamy et Sergi Lopez-, trop souvent sans la moindre profondeur et perdant toute crédibilité en faisant preuve d’une insouciance totale devant certains événements surgissant dans la dernière partie du récit. Et le final d’une naïveté confondante fait d’autant plus regretter tout le potentiel d’un Ricky que Ozon, à force d’oser un peu tout et n’importe quoi, a rendu bien trop riquiqui.

24 CITY ♦♦
(Er shi si cheng ji)
Réalisation. JIA ZHANG KE
Chine - 2008 – 112 min.
Drame

CHINE NOUVELLE

La ville de Chengdu , aujourd'hui. Petit à petit, l'usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d'appartements de luxe: «24 City».
Pour de nombreuses personnes ayant connu l’usine de près ou de loin, ce changement marque une vraie révolution dans leur vie quotidienne. Qu’ils soient anciens ouvriers ou nouveaux riches chinois, entre la nostalgie du socialisme passé pour les anciens et le désir de réussite pour les jeunes, il faut s’adapter aux nouvelles réalités qui transforment la Chine.

Mélangeant allègrement le style documentaire et la fiction, 24 City a le mérite d’offrir un aperçu de la société chinoise actuelle via les transformations radicales qu’elle a subies, passant d’un système communiste pur et dur à un étrange compromis entre économie d’état et de marché qui n’a pas fini d’intriguer le reste du monde.
Jia Zhang Ke compose donc un récit imaginaire tournant autour de trois femmes d’une part, et de cinq ouvriers d’autre part, dont les témoignages retracent les souvenirs liés à cette ancienne usine militaire d’Etat appelée à disparaître.
Le contraste entre passé et présent, entre archaïsme et modernité, est donc omniprésent et résume le destin du peuple chinois à travers une existence bien souvent austère pour des centaines de millions d’entre eux. Hormis les lieux en pleine transformation, ce sont aussi les personnages qui incarnent les changements évoqués: depuis l’ancien ouvrier encore régi par des règles éculées jusqu’à la jeune femme ambitieuse et résolument capitaliste.
Cet aperçu d’une culture et d’un mode de vie lointains pour nos yeux d’Occidentaux, aussi intéressant soit-il, n’en devient pas moins répétitif au fil des témoignages de même qu’il évite soigneusement toute polémique quant au système chinois. Une concession vraisemblablement inévitable pour un cinéaste qui veut exercer son métier dans son pays, mais qui, globalement, n’affecte pas la bonne teneur de l’ensemble.

BOTTLE SHOCK ♦♦
Réalisation. RANDALL MILLER
USA – 2008 – 106 min.
Comédie dramatique

IN VINO VERITAS

Paris, au milieu des années 70. Depuis qu’il exploite un magasin de vin, l’Anglais Steven Spurrier a un grand rêve: mettre à mal l’écrasante domination française et faire enfin découvrir les vins du Nouveau Monde.
Pour ce faire, il décide d’organiser une dégustation de vin internationale et part aux Etats-Unis en quête de bons crus. Là, il est fortement impressionné par le Chardonnay de Jim Barrett, un vigneron têtu et perfectionniste qui a toujours refusé de baisser les bras malgré le peu de crédibilité qui lui a été accordé jusque là.
Néanmoins, Jim refuse de participer au concours de Spurrier, en qui il ne voit qu’un snob britannique sans intérêt.

Si le Jugement de Paris n’évoque sans doute pas grand-chose au commun des mortels, il n’en va pas de même pour les oenophiles: l’année 1976 marqua en effet un tournant en consacrant un vin californien au nez et à la barbe des Français. Bottle Shock entreprend donc de retracer de façon romancée la mise sur pied de cet événement.
Louable intention, qui ravira les spécialistes tout autant que les profanes en la matière, d’autant que le film offre un joli parcours ensoleillé au milieu des beaux paysages des vignobles californiens. L’excellent Sideways en faisait déjà de même, mais le vin n’était là qu’un prétexte à une très belle histoire relationnelle. Bottle shock, lui, reste centré quasi exclusivement sur la dive bouteille et le combat –vain en apparence- des Américains pour faire connaître leurs cépages.
Mais tout comme le vin connaît ses grands crus et ses moins bons millésimes, le film alterne le meilleur et le pire. Si l’histoire mise en bouteille par Randall Miller connaît ses meilleurs moments lorsqu’elle se déroule Outre-Atlantique, elle tourne par contre à la piquette lors des scènes censées se dérouler dans l’Hexagone. Bourrées de clichés réduisant en gros la France des années 70 à la 2 CV, le béret et la baguette, ces séquences profondément ridicules ont de quoi faire avaler de travers.
Ces quelques déchets mis à part, le récit demeure plaisant pour son côté pédagogique et transmet efficacement l’amour du vin aux amateurs de bonnes choses.

CITY OF EMBER ♦♦
Réalisation. GIL KENAN
USA – 2008 – 95 min.
Fantastique

LUMIÈRES ET ZONES D’OMBRE

Depuis de nombreuses générations, les habitants de la cité d'Ember mènent une vie harmonieuse sous les millions de lumières qui illuminent leur cité souterraine.
La jeune Lina, qui vient d’achever ses études, vient de se voir attribuer la fonction qui sera la sienne pendant toute sa vie d’adulte: messagère dans la cité. Quant à son ami Doon , il se voit chargé de l’entretien du générateur qui depuis environ 200 ans maintient ce monde souterrain en vie.
Or, depuis quelque temps, les coupures de lumière se multiplient et face à la nuit qui menace, tous commencent à s'inquiéter. Existe-t-il un moyen caché pour sauver la cité? Doon et Lina veulent en tout cas y croire.


Tiré du roman éponyme de l’écrivain Jeanne DuPrau, qui a depuis écrit deux suites, City of ember représente-t-il un nouveau projet de saga cinématographique en cas de succès du présent film?
Toujours est-il que celui-ci se termine sans laisser de questions ouvertes –et donc sans présager une hypothétique séquelle- ce dont on saura gré aux producteurs. D’autant plus que si le début s’avère prometteur, le récit perd progressivement son attrait pour ne plus être qu’une histoire convenue entretenue par un jeu de piste plutôt longuet. Or, les premières minutes –un groupe de sages enfermant dans une boîte scellée pour deux cents ans le secret du monde non souterrain- laissaient présager une épopée trépidante et teintée de mystère.
Heureusement que l’originalité des décors sauve la mise, ainsi que l’entrain des deux jeunes protagonistes, dont la fraîcheur se diffuse au gré de ces aventures davantage visuelles que scénaristiques, et imprégnées d’un message écologique.
Les enfants, à qui s’adresse clairement City of ember, apprécieront sans doute cet univers inventif et claustrophobe aux costumes colorés et aux maquillages extravagants, auquel participent quelques «noms» tels que Bill Murray, Tim Robbins ou Martin Landau. Ce sont là les éléments lumineux d’un film qui n’évite pas toujours de se laisser gagner par des zones d’ombre.

lundi, août 31, 2009

PICNIC ♦♦
(Pescuit Sportiv)
Réalisation. ADRIAN SITARU
Roumanie/France – 2008 – 84 min.
Comédie dramatique

PARTIE DE CAMPAGNE

Mihai et Iubi quittent la ville au volant de leur voiture pour aller profiter d’un pique-nique dominical à la campagne. L ’occasion pour eux, peut-être, de discuter de l’avenir de leur couple et de régler un sérieux problème en suspens; Iubi n’ayant toujours pas avoué à son mari qu’elle entretient une relation sérieuse avec Mihai.
Mais peu avant d’arriver sur les lieux de leur escapade, voilà que Iubi renverse une jeune femme au bord d’un chemin. Ana, qui monnaie ses charmes sur les routes de campagne, va se révéler redoutable une fois revenue à elle


Pour son premier long-métrage, Adrian Sitaru invite le public à une partie de campagne intimiste que vient troubler une jeune prostituée délicieusement roublarde et provocante.
Belle occasion pour effectuer une petite escapade vers un cinéma roumain souvent vecteur de bonnes surprises. Picnic ne déroge heureusement pas à cette tradition, condensant sur sa courte durée et avec une ironie représentative certains traits de caractère de ce peuple de l’Est.
Hormis les «blocs» –les HLM locaux- et les tziganes aux feux rouges se précipitant sur les pare-brises pour les laver, le récit quitte rapidement la ville pour se fixer en rase campagne, dans un décor minimaliste où l’action va se concentrer.
Optant pour la caméra subjective, permettant au spectateur de saisir l’action à partir du propre regard des protagonistes, le réalisateur développe un récit très simple et pourtant plein de malice centré sur un trio imprévu dont la péripatéticienne –excellente Maria Dinulescu- devient vite la pierre angulaire à force de se mêler de ce qui ne la regarde pas.
Si l’ensemble reste léger, il n’en manque pas moins de charme et de poésie et constitue une bonne exploration de la relation compliquée d’un couple pas tout à fait légitime. Un Picnic appétissant.

VOLT, STAR MALGRÉ LUI ♦♦
(Bolt)
Réalisation. CHRIS WILLIAMS & BYRON HOWARD
USA – 2008 – 95 min.
Dessin animé

UN TOUTOU SURVOLTÉ


Pour le chien Volt, doté de pouvoirs étonnants, chaque journée est riche en aventures périlleuses, danger et mystère… du moins devant les caméras. Car ce qu’il ignore, c’est qu’il est en fait la star d’une série télévisée à succès, et que sa force stupéfiante n’existe que sur le plateau de tournage.
Mais lorsqu’il se retrouve par erreur expédié à New York , loin des studios de Hollywood , il va devoir faire face à un danger bien plus grand que tous les périls qu’il a affronté jusqu’à présent: la vie réelle, dans laquelle il n’est qu’un petit chien comme les autres.


La collaboration entre les studios Disney et le fameux John Lasseter semble déjà porter ses fruits; en témoigne ce sympathique dessin animé qui comporte de nombreux ingrédients ayant fait le succès de l’artiste précité, cette fois producteur.
Le brave toutou Volt représente en quelque sorte la version canine du Truman show: filmé en permanence à son insu, sa vie de chien n’est qu’une illusion, jusqu’à ce qu’il découvre, contraint et forcé, les vicissitudes de la vraie vie, en compagnie d’un matou teigneux et d’un rongeur débonnaire.
Si l’histoire en tant que telle ne déborde pas d’originalité, le graphisme est très réussi, aussi bien au niveau des paysages que des petits animaux mis en vedette: la bonne bouille de ces derniers contraste d’ailleurs singulièrement avec la physionomie souvent grotesque des humains.
Reprenant des thèmes archi-familiers tels que l’amitié ou le dépassement de soi qui permet parfois de soulever des montagnes, Volt, star malgré lui se veut accessible à tous: loin de se cantonner aux seuls enfants, il plaira également aux adultes qui s’amuseront par ailleurs à reconnaître les voix célèbres (aussi bien en V.F. qu’en V.O.) qui apportent leur contribution à l’ouvrage.
Sans grande surprise donc, mais joliment fignolé, Volt,… laisse augurer des lendemains qui aboient…euh, qui chantent au département animation chez Disney.

NOS NUITS À RODANTHE 0
(Nights in Rodanthe)
Réalisation. GEORGE C. WOLFE
USA – 2008 – 97 min.
Romance

DORMEZ BIEN!

Adrienne Willis est confrontée à une situation familiale conflictuelle: son mari dont elle séparée voudrait reprendre la vie commune mais elle ne le souhaite pas, ce que lui reproche vivement sa fille adolescente.
Désireuse de prendre un peu de recul pour faire le point, elle part passer un week-end dans le petit village côtier de Rodanthe en Caroline du Nord. C’est l’endroit qu’a choisi le Docteur Paul Flanner pour y faire face à une crise de conscience douleureuse.
Entre les deux personnes va alors se nouer peu à peu une relation de plus en plus étroite.

Il ne faut pas compter sur Nos nuits à Rodanthe pour se voir pris d’un désir frénétique de passer des soirées enflammées sous la couette! Car à Rodanthe, la passion s’exprime lentement, très lentement et donne plutôt envie de piquer du nez…
Diane Lane et Richard Gere n’ont d’ailleurs pas échappé à la torpeur ambiante, pris au piège de ce mélo affligeant qui n’a guère fait carrière dans nos salles au moment de sa sortie, ce qui se comprend aisément.
Car il n’est franchement pas facile de se coltiner les longues promenades au bord de l’eau et les interminables discussions du couple qui, entre deux bilans de vie, prend un temps fou avant d’enfin se décider à conclure. Et quand bien même les choses se précisent enfin après une bonne heure de palabres soporifiques, le réalisateur prend-il soin de conserver la lenteur générale en l’agrémentant de nombreux plans fixes révélateurs du rythme endiablé qui parcourt le film. Ah si, tout de même: un ouragan vient secouer un peu la quiétude générale, mais pas assez longtemps néanmoins pour réveilleur le spectateur assoupi.
Digne d’un soap télévisé de début d’après-midi –idéal pour la sieste après l’heure de table- Nos nuits à Rodanthe connaît une conclusion larmoyante, voire carrément grotesque sous certains aspects, bien à l’image du reste de cette production qui boit la tasse dans les eaux locales.

mercredi, juillet 29, 2009

SEPT VIES ♦♦♦
(Seven Pounds)
Réalisation. GABRIELE MUCCINO
USA – 2008 – 123 min.
Drame

RÉDEMPTION

Ben Thomas est clairement hanté par un secret qui le tenaille sans cesse. C’est visiblement pour cela qu’il a décidé d’intervenir personnellement dans la vie de sept personnes différentes n’ayant aucune relation familiale ou amicale entre elles, mais toutes affectées par une maladie ou une infirmité handicapantes, ou par de gros besoins financiers.
Se faisant passer pour un agent du fisc américain, il parvient ainsi à pénétrer dans le quotidien de ces inconnus pour mettre son plan en place. Bien qu’il soit déterminé à rester le plus détaché possible par rapport à ces sept personnes, il ne peut s’empêcher de se sentir très attiré par la ravissante Emily Posa.


Will Smith et Gabriele Muccino se retrouvent après A la recherche du bonheur, et leur collaboration demeure fructueuse, grâce à cette histoire à l’atmosphère lancinante, teintée d’émotion d’un bout à l’autre.
Emotion mais aussi interrogation, car la majeure partie du film se déroule avec une question cruciale en filigrane: pourquoi le héros agit-il de la sorte, en cherchant à tout prix à venir au secours de ces sept inconnus très différents les uns des autres: un pianiste aveugle, une femme battue, une jeune cardiaque, …?
Sa démarche de bon Samaritain est aussi une quête rédemptrice, dont les tenants et les aboutissants seront révélés dans un final bouleversant où la tristesse cotoie l’espoir et surtout débouche sur un beau récit du don de soi.
Evitant toujours soigneusement l’écueil du larmoyant, Sept vies garde en permanence un côté fascinant, remarquablement servi il est vrai par un Will Smith au sommet de son art, alternant avec le même succès les blockbuster et les films independants, et accompagné par une Rosario Dawson impeccable, qui tient enfin là un rôle lui permettant d’exprimer pleinement ses capacités d’actrice dramatique.
Lent et énigmatique, Sept vies mérite largement qu’on s’y accroche, qu’on en décrypte peu à peu les éléments du puzzle qu’il constitue, pour mieux se laisser envahir par l’humanité profonde qu’il dégage. Une belle leçon de vie… ou plutôt de Sept vies.

L’ÉTRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON
(The curious case of Benjamin Button)
(2 étoiles)
Réalisation. DAVID FINCHER
USA – 2008 – 155 min.
Drame fantastique

UN HOMME SANS ÂGE

Quel curieux destin que celui de Benjamin Button! Dès sa naissance, il apparut qu’il ne serait pas quelqu’un comme les autres. Et pour cause: venu au monde avec le visage d’un vieillard de 80 ans, il fut abandonné par un père trop effrayé à l’idée d’élever un garçon pas comme les autres.
Ainsi, au fil de son enfance et de son adolescence, le physique de Benjamin ne cessa de rajeunir. Condamné à vivre dans un corps dont l’horloge interne s'est inversée, Benjamin fut bien obligé de s’accoutumer à sa différence au gré de ses rencontres et des événements qui jalonneront son existence.

David Fincher se démarque cette fois singulièrement du thriller –dans lequel il excelle- pour se plonger dans une fresque fantastico-romantique centrée autour d’un homme dont la croissance s’effectue à l’envers.
Or, à l’instar de Coppola et de L’homme sans âge, le réalisateur reste en partie bloqué par l’importance de l’enjeu, ne sachant visiblement trop quel aspect privilégier tant la matière à traiter était vaste.
Ainsi, Fincher imprime une atmosphère empreinte de mélancolie et de nostalgie à la pellicule, de même qu’il se livre à une réflexion sur le temps qui passe inéluctablement, laissant plus d’une fois l’émotion se frayer un chemin au fil des séquences décrivant l’amour impossible de deux êtres qui ne peuvent vieillir ensemble, puisque l’un des deux rajeunit constamment.
Mais la photographie superbe et les effets spéciaux étonnants qui transforment radicalement le joli couple Brad Pitt-Cate Blanchett –tous deux par ailleurs impeccables- ne suffisent pas entièrement à gommer le sentiment diffus que Fincher n’a pas su donner le relief nécessaire à son récit, à force de naviguer trop souvent entre réalisme et naïveté et de rallonger inutilement la sauce d’un film qui aurait grandement gagné en intensité s’il avait duré trente minutes de moins (d’autant que c’est d’une nouvelle, et non d’un roman, qu’il est tiré). Etrange histoire et étrange réalisation que celle-ci, qui fascinent tout autant qu'elles agacent.

CHE – 1ère partie: L’Argentin ♦♦
(Che: Part One)
Réalisation. STEVEN SODERBERGH
USA/France/Espagne – 2008 – 127 min.
Biopic

PREMIERS FAITS D’ARMES


Cuba, 1952 : le général Batista fomente un putsch, s'empare du pouvoir et annule les élections générales. Bravant ce dictateur corrompu, un jeune avocat, Fidel Castro, passe à l'action. Dans l'espoir de provoquer un soulèvement populaire, il attaque avec 150 jeunes la caserne de Monaca fin juillet 1953. L 'opération échoue ; Castro passe deux ans en prison. Amnistié en 1955, il s'exile à Mexico .
Pendant ce temps, au Guatemala , un jeune Argentin idéaliste, Ernesto Guevara, se lance en politique. Après une première prise de contact, il rejoint un groupuscule révolutionnaire cubain. En juillet 1955, Guevara se voit immédiatement confier une opération de guérilla en vue de renverser Batista. Les Cubains affublent le jeune rebelle d'un sobriquet courant en Argentine : «Che».


Projeté initialement au Festival de Cannes 2008, Che y avait connu une seule diffusion intégrale de plus de quatre heures. Se ravisant pour la sortie en salles, Soderbergh a préféré couper la poire en deux, et diviser son travail en deux épisodes de deux heures chacun. Mais son film en sort-il gagnant pour autant ?
Au vu de cette première partie, pas entièrement. Rien à reprocher à Benicio Del Toro, totalement habité par son incarnation du célèbre Cubano-Argentin, et qui permet ainsi au spectateur de suivre les débuts de la « carrière » du Che.
On peut néanmoins s’interroger sur plusieurs choix formels de Soderbergh. La durée tout d’abord, qui influe sur le fond. Ces deux premières heures sont trop longues, passant soigneusement en revue toute une série de faits d’armes certes intéressants pour les aficionados de Guevara, mais peu emballants pour le commun du public qui y verra de nombreuses redites.
Le style trop froid adopté par le réalisateur, ensuite. Sans espérer un film au rythme latino endiablé, on pouvait toutefois s’attendre à une biographie plus nerveuse et à des héros au caractère plus tranché. Or, aucun personnage ne se détache vraiment du portrait qui leur est consacré, Guevara apparaissant finalement très lisse, alors que cet homme controversé méritait une analyse plus creusée.
Il reste donc à attendre la seconde partie, celle de la Révolution cubaine, dont on ose croire qu’elle sera davantage à la hauteur de cette période de l’Histoire troublée qui marqua durablement les rapports de force de la région.

RELIGULOUS ♦♦
Réalisation. LARRY CHARLES
USA – 2008 – 101 min.
Documentaire

L’OPIUM DU PEUPLE


Bill Maher se livre à un long périple dont le but est de lui permettre de mieux comprendre les tenants et les aboutissants des différentes religions. Pourquoi croyons-nous? D’où nous vient ce besoin viscéral? La foi est-elle une maladie obsessionnelle?
En parcourant les Etats-Unis à la recherche de réponses, Bill va être amené à rencontrer de nouveaux acteurs de la vie religieuse, qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans.


Bill Maher est loin d’être une célébrité chez nous, mais le comédien-animateur jouit d’une large notoriété Outre-Atlantique. Le film donnera au moins un aperçu de son côté rentre-dedans et de la manière imparable qu’il a de mettre ses interlocuteurs plutôt mal à l’aise.
Contraction de « religieux » et « ridicule », Religulous s’emploie donc à démontrer à quel point la religion peut devenir un instrument d’abrutissement des masses, selon la manière dont elle est interprétée. Intention louable à une époque de politiquement correct où des caricatures peuvent déboucher sur des émeutes sanglantes en ce début de 21e siècle qui, décidément, « sera religieux ou ne sera pas ».
La dénonciation débouche ainsi sur certaines séquences consternantes –voire effrayantes- quant à la propension de nombreux individus à tomber dans le panneau des vendeurs de bondieuseries, quitte à en nier obstinément et à l’encontre du bon sens toute réalité scientifique.
Mais à force de verser dans la satire, Religulous finit par pécher par ce qu’il dénonce. A savoir une démonstration qui rend mal à l’aise à force de saquer ferme dans le domaine du spirituel, sans grand discernement. On ne pouvait guère s’attendre à une perle de subtilité de la part du réalisateur de Borat, mais ce pamphlet très ironique finit par perdre une partie de sa crédibilité à force de trop taper sur le même clou de la croix.

LES NOCES REBELLES ♦♦
( Revolutionary Road )
Réalisation. SAM MENDES
USA – 2008 – 125 min.
Drame

REBELLES MAIS PAS TROP

Dans l’Amérique des années 50, Frank et April Wheeler ne veulent pas ressembler à n’importe quel autre couple d’Américains moyens. Bien décidés à baser leur existence sur des idéaux élevés, ils comptent bien, en emménageant dans leur maison de Revolutionary Road , ne pas se conformer à l’inertie banlieusarde qui prédomine.
Mais on a beau vouloir chasser le naturel, … Malgré toutes leurs bonnes résolutions, Frank et April ne peuvent résister indéfiniment au piège du quotidien et avant même de s’en rendre compte, lui se retrouve coincé dans un emploi qu’il n’aime pas tandis qu’elle doit se cantonner à un rôle de ménagère bien peu emballant.

Le couple mythique de Titanic se retrouve enfin à nouveau réuni, mais très loin cette fois d’une histoire d’amour immortelle, bien au contraire. C’est même au délitement progressif d’un mariage que le récit s’attache, dans le contexte bien précis d’une époque où le même mariage restait sacré.
Si le roman de Richard Yates duquel est tiré le film fit à juste titre forte sensation lorsqu’il parut en 1961, il est néanmoins difficile de retrouver la même force du propos quasiment un demi-siècle plus tard, alors que la conception du couple a changé radicalement. Ce qui donne dès lors au film de Sam Mendès un aspect un peu trop désuet par moments, aux longueurs inévitables.
Il n’empêche que la confrontation des deux acteurs principaux constitue un attrait indéniable. Car au-delà de l’époque où se situe le récit, l’amour qui s’étiole demeure un sujet universel et intemporel. Leonardo Di Caprio et Kate Winslet sont impeccables lorsqu’il s’agit d’incarner ces deux êtres que la passion des débuts a quitté et qui se retrouvent pris au piège d’une vie tragiquement monotone dans cette banlieue trop lisse, loin des rêves et des ambitions de jeunesse.
Dans une atmosphère feutrée fort bien rendue par Mendès, Les noces rebelles ne s’achève pas sur un happy end, mais sur le constat d’un échec annoncé. Dur mais réaliste, à l’image de ce couple qui n’a pas su se rebeller à temps contre les pièges du quotidien.

THE WOMEN ♦♦
Réalisation. DIANE ENGLISH
USA – 2008- 114 min.
Comédie dramatique

FEMMES DES ANNÉES 80… VERSION 2000

Mary est l’épouse de Stephen Haines, un homme d’affaires new yorkais. Fidèle à son époux et mère d’une fillette, elle est entourée d’amies appartenant au même milieu privilégié qu’elle.
Ce qui n’empêche évidemment nullement ces dames, entre deux après-midis de shopping, de se livrer au sport favori de la gent féminine: les potins en tous genres.
Le problème est que les amies en question savant quelque chose que Mary ignore

Il y a 70 ans déjà que George Cukor réalisait une première version de The women qui se voit donc réactualisé sept décennies plus tard.
Les temps ont certes changé depuis le siècle dernier, mais une caractéristique principale de la mise en scène demeure, dont on prend conscience après un moment: aucun représentant de la gent masculine n’est convié au générique, aussi bien parmi les rôles principaux que chez les figurants à l’arrière-plan!
Cette comédie 100% unisexe fait donc la part belle à la femme et à ses préoccupations majeures… du moins s’il faut en croire le scénario qui s’attache à décrire d’une façon très cliché le quotidien d’un groupe de pauvres jeunes femmes très riches qui, entre deux séances d’esthéticienne et deux virées dans les magasins de luxe, passent leur temps à papoter frénétiquement.
Or, si les hommes sont persona non grata devant la caméra, ils n’en demeurent pas moins un des sujets prinicpaux de conversations des héroïnes du film. Car de quoi parler d’autres entre copines, si ce n’est de ces fichus mâles qui leur rendent la vie impossible… mais dont elles ne peuvent se passer?
Tout cela est donc très léger mais se laisse regarder autant pour le défilé de comédiennes talentueuses que pour les situations plutôt cocasses qui jalonnent ce film féminin jusqu’au bout des pieds de la caméra.

mardi, juin 30, 2009

THE DUCHESS ♦♦
Réalisation. SAUL DIBB
Angleterre – 2008 – 110 min.
Historique

GEORGIANA OU DIANA ?

A la fin du 18e siècle, en Angleterre. La ravissante Georgiana devient Duchesse après avoir épousé le richissime Duc de Devonshire au cours d’un mariage arrangé.
Malgré que cette union ne soit pas le fruit d’un amour profond, la jeune femme est pourtant disposée à fonder un couple solide, mais elle doit vite se rendre à l’évidence qu’il lui faudra composer avec un époux qui a une vision bien plus libre du mariage.
Insatisfaite, elle s’engage alors dans la vie publique en faisant campagne pour le parti libéral et en luttant pour les droits des femmes.


Les spécialistes de l’Histoire d’Angleterre ne sont peut-être pas légion parmi nos spectateurs, mais la Duchesse du Devonshire est un personnage connu Outre-Manche. C’est donc son histoire qui est contée ici, au détour d’un portrait généreux d’une femme en avance sur son temps puisqu’elle milita pour les droits de la cause féminine à une époque où le mâle dominant était la règle absolue, surtout au sein de la noblesse.
Keira Knightley retrouve ainsi l’atmosphère d’un film en costumes, et incarne son personnage avec une grande conviction, lui donnant une flamboyance et une détermination superbes. Le reste du générique, tout aussi british, est fort inspiré également, et les décors contribuent à la réussite globale de cette fresque historique.
Les évolutions du récit connaissent parfois quelques chutes de rythme, mais le combat mené par cette femme refusant de céder à la volonté de son mari –et partant, des normes de l’époque consacrant l’hypocrisie bien-pensante et la résignation- qui voulait lui imposer un ménage à trois mérite qu’on s’y attarde.
Et ce d’autant plus que l’histoire comporte une partie contemporaine : il fait inévitablement penser au destin de Lady Diana, dont Georgiana n’est autre que l’ancêtre ! Ce rapprochement temporel rajoute un élément de réflexion quant à la condition certes privilégiée mais parfois aussi bien ingrate réservée aux princesses du Gotha.

FASCINATION ♦♦
(Twilight)
Réalisation. CATHERINE HARDWICKE
USA – 2008 – 120 min.
Fantastique

ROMÉO MONTRE LES DENTS

Isabella Swan, une adolescente de 17 ans en conflit avec sa mère, déménage à Forks, une petite ville pluvieuse dans l’Etat de Washington, pour y vivre avec son père. Originaire d’une région bien plus ensoleillée, elle s’attend à ce que sa nouvelle vie soit aussi ennuyeuse que la ville où elle s’est installée.
Mais alors qu’elle découvre le lycée où elle va poursuivre ses études, elle remarque parmi les étudiants le troublant Edward Cullen, dont elle tombe très rapidement amoureuse.
Or, le jeune homme au comportement étrange est toujours entouré de son frère et de ses deux soeurs, tout aussi surprenants que lui. Edward cache visiblement certains secrets… et des pouvoirs étonnants.


Est-ce le point de départ d’une nouvelle saga cinématographique? Sans doute, puisqu’en cas de succès de ce premier opus, la suite viendra tout naturellement.
Comme point de départ, Catherine Hardwicke a réalisé un film en demi-teinte, n’évitant pas quelques maladresses, surtout au niveau des effets spéciaux, qu’on attendait plus impressionnants. Or, ceux-ci sont réduits au strict minimum, la mise en scène s’attachant bien davantage à la psychologie des personnages. Ce dernier point est par contre très réussi, faisant de Twilight bien plus un récit sur l’adolescence et ses bouleversements qu’une histoire de méchants vampires.
Lesdits vampires montrent d’ailleurs bien peu leurs crocs. Original, certes, d’imaginer des descendants de Dracula végétariens, mais pas toujours très spectaculaire!
Cette version très particulière de Roméo et Juliette n’en est donc clairement qu’à ses prémices. Freinée visiblement par la promesse d’un deuxième épisode, la scénariste n’a pas trop voulu rentrer dans le vif du sujet. Le rythme d’un film et d’un livre sont pourtant bien différents; vouloir trop adhérer à l’oeuvre de départ n’est donc pas forcément une bonne idée.
L’ensemble reste malgré tout attrayant, même si en guise d’ados bien (vam)pires que ceux-ci, on préfèrera la mordant de la trilogie Ginger Snaps , trop méconnue chez nous.

HIGH SCHOOL MUSICAL 3: NOS ANNÉES LYCÉE
(High School Musical 3: Senior Year)
Réalisation. KENNY ORTEGA
USA – 2008 – 110 min.
Comédie musicale

UN LYCÉE LISSE ET CHANTANT

Troy et Gabriella, qui sont en dernière année, affrontent la perspective d'être séparés l'un de l'autre: dès l’année scolaire prochaine, ils poursuivront en effet leurs études dans des universités différentes.
Avec l'aide du reste des Wildcats, ils vont décider de partir en beauté et de mettre en scène une comédie musicale élaborée dans laquelle seront relatés leurs expériences, leurs espoirs et leurs craintes vis-à-vis de leur avenir.

Ce n’est qu’avec ce troisième volet que High School Musical passe du petit au grand écran, justement encouragé par le succès colossal rencontré dans la petite lucarne magique.
De là à dire que nous nous sommes pâmés d’admiration devant cette histoire à l’eau de rose, il n’y a qu’un pas (de danse) que nous ne franchirons pas. Pur produit Disney, ce film ravira sans doute pas mal d’ados pour qui l’atmosphère lycéenne et de premières amours qui règne ici évoquera une réalité bien actuelle.
Les chorégraphies bien soignées et la musique entraînante sont les deux atouts majeurs du film, mais on reprochera à ce dernier de livrer une image beaucoup trop «propre sur elle» de la jeunesse, et donc irréaliste. Car chez Disney, on ne boit pas, on ne fume pas et on ne couche pas (du moins pas avant 25 ans). Un peu naïf évidemment mais ça n’a visiblement pas dérangé les amateurs de cette série. Ni Zac Efron et Vanessa Hudgens, duo vedette depuis le début de la série et… désormais couple à la ville! La musique adoucit décidément bien les moeurs…

LA GUERRE DES MISS
Réalisation. PATRICE LECONTE
France – 2008 – 89 min.
Comédie

LES MISS TIQUENT

Rien ne va plus à Charmoussey, ce petit village de montagne encaissé dans une vallée paisible. Et pour cause: depuis 22 ans, l’élection de Miss Pays de Garupt, la Miss locale, revient systématiquement à la commune voisine, Super Charmoussey, dont l’emplacement avantageux en a fait une station de ski appréciée des touristes.
Pour laver cet affront qui perdure, ainsi que pour sauver sa commune qui se vide peu à peu, le maire de Charmoussey décide de prendre le taureau par les cornes: cette année, il faut à tout prix emporter la victoire. Pour ce faire, il fait appel à un ancien enfant du village, Franck Chevrel, acteur raté à Paris, et lui demande de devenir le coach des candidates au titre de Miss.

Patrice Leconte a accumulé avec plus ou moins de bonheur un bon nombre de comédies. Celle-ci ne restera pas parmi les meilleures, même si elle constitue un aimable divertissement, principalement grâce à la présence de Benoït Poelvoorde.
Notre compatriote est en effet la cheville ouvrière du film, dont le ressort repose essentiellement sur ses épaules: les mimiques et les gags de l’acteur font mouche à plusieurs reprises, de même que les situations cocasses dans lesquelles son personnage se retrouve entraîné. Pas au mieux dans sa vie personnelle, le Belge retrouve tout son punch devant la caméra.
Mais à force de compter sur la force de frappe de son comédien vedette, Leconte semble en avoir oublié de donner davantage de consistance à son scénario, qui aurait pu et du s’avérer bien plus piquant et pousser plus à fond le thème des querelles de village d’une part et la satire de l’univers des concours de Miss d’autre part. La farce, certes amusante, reste bien trop gentille alors qu’il y avait pourtant matière à réflexion, d’autant plus après toutes les polémiques ayant touché les élections de Miss France ces dernières années.
Il en va de même pour la conclusion, bien trop téléphonée et à l’humour sans grande finesse. Ce concours là n’est pas un ratage complet, on y sourit même plus d’une fois, mais il ne décrochera pas le premier prix.

DIAMANT 13 0
Réalisation. GILLES BEAT
France/Belgique/Luxembourg – 2008 – 100 min.
Policier

VERROTERIE

Mat, la cinquantaine, est flic à la 13e division nuit de la police criminelle. Personnage solitaire dont le comportement sur le terrain flirte parfois avec les règles fixées, il ne se fait plus aucune illusion sur la vie et les êtres humains.
Un jour cependant, son vieil ami Franck le contacte pour lui proposer un plan du tonnerre, en apparence du moins: un détournement d’argent sale, un travail rapide et sans traces qui peut les mettre à l’abri et leur assurer une retraite tranquille.
Mais la combine s’avère beaucoup moins simple qu’il n’y paraissait: Franck et Mat ne sont pas les seuls à vouloir cet argent, et le magot va ouvrir d’autres portes qui auraient mieux fait de rester fermées.

Olivier Marchal aime décidément les chiffres : 36, Quai des Orfèvres, MR 73, et à présent ce Diamant 13, dont il est acteur et co-auteur. Hélas ! Il faut croire que le chiffre 13 porte malheur, tant ce polar accumule les poncifs du genre jusqu’à plus soif.
Le flic désabusé, les ripoux, le sac plein de came et de billets de banque,…, tout cela n’a-t-il pas été déjà vu des dizaines de fois ? Ce ne serait en fait pas bien grave si Gilles Béat –de retour au cinéma après dix-sept ans d’absence- avait donné une tournure plus vraisemblable à son film. Les personnages y sont en effet profondément caricaturaux : Asia Argento, par exemple, aussi charmante soit-elle, défile comme une erreur de casting
Et c’est d’autant plus regrettable que Gérard Depardieu se montre d’une grande sobriété et que l’histoire est inspirée des mémoires d’un ancien policier. Mais la mise en scène est trop laborieuse pour qu’on y croie. Et que dire de la bande-son exécrable, qui rend bon nombre de dialogues quasiment incompréhensibles ? Cette mauvaise habitude française ne rend pas davantage service à un film qui n’arrive décidément pas à émerger de la nuit où le récit l’a plongé.
Une conclusion archi téléphonée plus tard, il faut bien dresser le constat : pour un Diamant 13, c’est loin d’être un bijou. Mais que fait la police ?

dimanche, mai 31, 2009

UN HOMME ET SON CHIEN ♦♦♦♦
Réalisation. FRANCIS HUSTER
France – 2008 – 94 min.
Drame

LE MAGNIFIQUE, PLUS FORT QUE JAMAIS

Jeanne, une veuve séduisante, annonce à Charles, un vieil homme affaibli par les épreuves des ans, qu’elle va se remarier et le met de ce fait à la porte de chez elle. Elle fut sa maîtresse à la mort de son mari et l’avait jusque là hébergé dans sa grande demeure.
Face à ce nouveau revers, Charles ne peut guère compter que sur l’affection de son brave chien et de Leïla, la jeune employée de maison enceinte d’un garcon qui ne veut pas assumer ses responsabilités.
Sans autre resource qu’une maigre pension, la rue attend Charles et son compagnon canin. Aucune main ne se tend vers lui et sa dignité l’empêche de tendre la sienne.

Le choc est rude! D’autant plus qu’il est inattendu… Qu’espérait-on en effet de ce remake de Umberto D. que Vittorio De Sica tourna en 1952? Revoir Belmondo au cinéma, tout au plus…
Mais justement, Belmondo crève l’écran. Il est là, malgré les séquelles indélébiles de l’accident cérébral qui le foudroya il y a quelques années. En partie paralysé, l’élocution parfois chancelante, mais là et bien là, éblouissant avec son long manteau noir dans le rôle de ce vieil homme abandonné dont quasiment le seul réconfort est la présence d’un chien, fidèle partenaire des bons et des mauvais jours.
Bouleversant, tout en ayant gardé son regard malicieux d’autrefois et quelques bons mots en réserve, l’acteur multiplie les scènes empreintes d’une grande émotion. Une leçon de vie qu’il partage, grâce à Francis Huster, avec un nombre impressionnant d’anciennes gloires du cinéma conviées au générique et que le réalisateur vieillit et fragilise à dessein pour mieux pointer du doigt et de façon cinglante cette société qui ne veut plus assumer ses vieux. Max Von Sydow en malade d’Alzheimer, Jean-Marc Thibaut et Charles Gérard en SDF à la soupe populaire, …, c’est osé mais terriblement efficace.
Difficile de ne pas sentir la gorge se nouer à plusieurs reprises face à cette leçon d’humanité filmée par un Francis Huster très inspiré. Bébel ne fera plus jamais de cascades ni de combats, mais Belmondo nous décroche un uppercut en pleine figure. La rumeur le disait diminué par la maladie; il est en fait plus fort que jamais.

THE VISITOR ♦♦♦
Réalisation. THOMAS MCCARTHY
USA – 2008 – 105 min.
Comédie dramatique

(IN)HOSPITALITÉ

Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l’enseignement depuis la mort de sa femme. Menant une vie routinière, il tente de combler le vide de son existence en pratiquant le piano, mais sans grande motivation.
Lorsqu’il doit se rendre à contrecoeur à Manhattan pour y assister à une conférence, Walter a la grande surprise de constater qu’un couple s’est installé dans l’appartement qu’il possède là-bas.
Victimes d’une escroquerie immobilière, Tarek, d’origine syrienne, et Zainab, sa petite amie sénégalaise, sont deux immigrés illégaux. Walter, après réflexion, accepte de laisser les deux jeunes gens habiter chez lui temporairement.

L’Amérique de l’après 11 septembre n’a pas fini d’inspirer les cinéastes. Parmi eux, Thomas McCarthy a développé un superbe film sobre et touchant sur les paradoxes de ce grand pays prônant la liberté mais gangrené par ses démons sécuritaires au point de considérer ses immigrés –illégaux ou non- comme des terroristes potentiels.
Ce constat reste inscrit en permanence en toile de fond de ce qui est avant tout une histoire d’amitié improbable entre un prof sur le retour, qui traîne son ennui et sa solitude jusqu’à ce qu’il tombe sur des locataires inattendus qui vont lui rendre le goût à la vie.
Lui –magnifique Richard Jenkins- va alors s’ouvrir à la culture de l’autre, ce clandestin syrien –remarquable Haaz Sleiman- dont le talent à la pratique du djembé va faire tomber les barrières entre les deux hommes.
Le contraste n’en devient dès lors que plus brutal: deux hommes, désormais amis, confrontés à un système qui ne tient pas compte de l’individu mais bien d’une menace dans sa globalité. Et l’Américain de prendre soudain conscience de l’absurdité et de la honte qu’incarne l’administration bornée qui est la sienne.
Sans jamais verser dans le larmoyant ou la leçon de morale, malgré sa condamnation évidente de l’Amérique de Bush, The visitor est profondément humain d’un bout à l’autre. La dernière image, riche en symboles, conclut avec force le propos de ce film qui nous rend une visite qu’on n’est pas près d’oublier.

BURN AFTER READING ♦♦
Réalisation. JOEL & ETHAN COEN
USA – 2008 – 95 min.
Comédie d’espionnage

UNE JOYEUSE COENERIE

Osborne Cox, analyste à la CIA, est viré par son employeur. Il rentre chez lui à Georgetown , bien décidé à rédiger ses mémoires… et noyer son chagrin dans l’alcool.
Sa femme, Katie, n’est pas vraiment surprise: considérant son époux comme un raté, elle entretient une liaison avec Harry Pfarrer, un homme marié bien davantage attiré par le batifolage que par une relation durable.
Un jour, en quittant la salle de fitness où elle se rend régulièrement, elle perd un CD contenant le récit de Cox sur ses années passées à la CIA. Le disque tombe alors entre les mains de Chad Feldheimer et Linda Litzke, employés du club.

Après No country for old men, les frères Coen repassent dans un registre bien plus léger, histoire de se détendre sans doute, grâce à un de ces récits à tiroirs dont ils ont le secret.
C’est l’occasion pour eux d’offrir de jolis contre-emplois à quelques figures emblématiques de Hollywood , Brad Pitt et George Clooney en tête. Le premier avec un look de beauf’ pas possible, le second en séducteur parano qui bricole à ses heures perdues une machine tordante dans sa cave.
Ces deux personnages, ainsi que tous les autres, vont connaître des destins croisés au fur et à mesure que les événements progressent. Ce qui donne lieu à plusieurs rencontres hautement improbables ainsi qu’à quelques séquences drôlatiques.
La farce part donc dans tous les sens, et même un peu trop parfois, ne parvenant pas toujours à trouver une ligne de conduite ou pratiquant à diverses reprises des ellipses qui, sans être dommageables à la clarté de l’histoire, enlèvent à la mise en scène une partie de sa consistance. Il est vrai que les Coen sont coutumiers du fait, une partie cruciale de leur récit précédent ayant subi la même occultation.
Inévitablement, le casting présent laissait présager une comédie d’espionnage des plus relevées et des moments d’anthologie à la pelle. On en est loin, même si le dossier se laisse consulter avec le sourire d’un bout à l’autre.

LE JOUR OÙ LA TERRE S ’ARRÊTA
(The day the Earth stood still)
Réalisation. SCOTT DERRIKSON
USA – 2008 – 102 min.
Science-fiction

LE REMAKE NE TOURNE PAS ROND

Lorsque le docteur Helen Benson, scientifique renommée, est réquisitionnée d’urgence par les services gouvernementaux, elle se doute que quelque chose d’exceptionnel est en train de se dérouler.
Et de fait, il semblerait qu’une énorme objet non identifié serait sur le point de s’écraser sur Terre, non loin de Manhattan, entraînant ainsi à coup sûr un cataclysme majeur.
Or, bien loin de percuter notre planète, l’engin s’y pose: il s’agit d’un vaisseau extraterrestre duquel débarque un étrange humanoïde, Klaatu. Lorsque Helen parvient à entrer en contact avec lui, il lui annonce être là pour sauver la Terre des humains qui la détruisent peu à peu.

Assurément, Robert Wise méritait un bien meilleur remake de son film qui fit sensation en 1951 et qui reste aujourd’hui encore un classique de la science-fiction.
Est-il d’ailleurs bien judicieux de vouloir comparer les deux versions? L’époque est bien différente et le message n’est plus tout à fait le même. De l’appel au pacifisme que contenait le scénario jadis (en pleine guerre froide), c’est à présent la fable écologique, bien dans l’air du temps elle aussi, qui compose l’histoire de la mouture 2008.
Le message est limpide: l’Homme n’est pas prêt à consentir les sacrifices nécessaires pour léguer une Terre viable à ses descendants; il faut donc supprimer l’Homme. Le constat est d’un réalisme cruel et ne manque pas d’à propos, mais quel dommage de le développer avec une naïveté aussi confondante!
En effet, quelle crédibilité apporter à ce personnage venu d’ailleurs pour anéantir six milliards d’humains… mais qui se voit amené à changer d’avis dès qu’une jolie jeune femme lui assure que les gens, finalement, sont prêts à changer leurs mauvaises habitudes! Belle façon de se dédouaner des crimes environnementaux dont les Américains (tiens, tiens) sont les champions.
Et cette sensation n’est que renforcée par la zone d’atterrissage du vaisseau: Manhattan , comme par hasard, victime de tous les fléaux, incarnation du Bien frappé par le Mal. N’étaient-ce les effets spéciaux efficaces, nous n’aurions même pas fait planer une étoile au-dessus de ce Jour où la Terre s’arrêta.

TOUT… SAUF EN FAMILLE ♦♦
(Four Christmases)
Réalisation. SETH GORDON
USA – 2008 – 88 min.
Comédie

UNE FAMILLE EN OR

Brad et Kate adorent fêter Noël… surtout si c’est très loin de leur famille! Cette année encore, ils pensaient s’envoler vers une destination de rêve, mais un brouillard tenace annule leur vol. Pire encore: une équipe de télé les interviewe, révélant ainsi à leurs proches où ils se trouvent!
Contraints et forcés, dès lors, de répondre à leurs obligations, Brad et Kate partent le boulet aux pieds pour célébrer Noël avec leurs parents, tous divorcés. Ce qui signifie donc quatre visites pendant lesquelles le couple va être soumis à rude épreuve.

Ah la belle fête de Noël et cette sensation oppressante que l’on ressent au fur et à mesure qu’elle se rapproche! La course effrénée aux cadeaux, les visites de famille incontournables sous peine d’incident diplomatique et toutes les petites obligations liées à l’événement font souvent du 25 décembre une journée qu’on est content d’avoir derrière soi.
Rien de plus réjouissant dès lors que de voir de temps en temps un scénario à contre-courant de la flopée de bons sentiments déversés d’habitude par les comédies de Noël. Ici, les deux héros fuient comme la peste cette contrainte avec laquelle ils ne se sentent pas en phase. Ils reviendront, certes, à de meilleurs sentiments, mais le cheminement qu’ils suivront ne manque pas d’intêrêt et évite la facilité.
Tout… sauf en famille est aussi l’occasion de rassembler un beau générique qui forme une galerie de personnages truculents donnant lieu à de nombreuses scènes cocasses. Robert Duvall est impayable en paternel grincheux, Sissi Spacek très taquine en mère ayant pour amant un jeune homme de l’âge de son fils. Avec tous les secrets de famille et les situations embarrassantes qui en découlent pour gâcher un peu plus une journée pas vraiment festive!
Un bon coup de pied dans le sapin, donc, mais qui, derrière l’ironie et les gags parfois un peu lourds qu’il recèle, permet une réflexion sur les rapports familiaux et leur complexité. Finalement, Noël réserve encore de bonnes surprises!

BLONDE MOVIE 0
(The House Bunny)
Réalisation. FRED WOLF
USA – 2008 – 97 min.
Comédie

VIVE LES BRUNES!

Shelley est une ravissante playmate du célèbre magazine de charme Playboy.
A ce titre, elle est une des résidentes du Manoir tenu par Hugh Heffner, une grande propriété où vivent de nombreuses jeunes femmes du même acabit.
Un jour cependant, Shelley se retrouve injustement mise à la porte , victime de la jalousie de certaines de ses colocataires. Ne sachant où aller, elle atterrit dans une association d’étudiantes menacées d’expulsion si elles ne parviennent pas à attirer de nouveaux membres. La pin-up décide alors d’utiliser toutes ses ressources pour leur venir en aide.

Pauvres blondes! Si elles comptaient sur ce film pour rehausser un tant soit peu leur réputation écornée par les fameuses blagues sur leur couleur de cheveux (naturelle ou non), c’est raté!
Car Blonde Movie ressemble à s’y méprendre à une de ces plaisanteries, si ce n’est que celle-ci dure plus de 90 minutes et n’est vraiment pas drôle. A moins d’apprécier particulièrement les défilés de bimbos au Q.I. inversément proportionnel à leur tour de poitrine, il n’y a vraiment pas grand chose d’autre à se mettre sous la main dans cette histoire nunuche au possible qui est surtout l’occasion d’offrir une belle tranche de promo à l’univers Playboy, Hugh Heffner en personne y faisant une apparition.
L’intention de départ n’est pourtant pas mauvaise, puisque le récit s’attache à démontrer qu’entre «être» et «paraître», il y a une fameuse différence, une opinion que l’héroïne, malgré ses avantages incontestables, veut nous faire partager.
Hélas pour elle, Anna Faris a beau s’époumonner et endosser les tenues les plus sexy pour mettre en avant son anatomie -bien agréable, il est vrai- tout cela reste désespérément bas de gamme et accumule les clichés à la grosse louche. Que les jolies brunettes se rassurent: Blonde Movie ne leur causera aucune concurrence déloyale!

MY BEST FRIEND’S GIRL ♦♦
Réalisation. HOWARD DEUTCH
USA – 2008 – 101 min.
Comédie

LES GOUJATS ET LES COULEURS, …

Tank est vraiment le dernier des goujats: dès qu’il a un rencard avec une fille, la soirée tourne court tant le jeune homme se montre grossier et rustaud. Pas étonnant que les jeunes femmes ayant croisé la route d’un tel malappris n’aient qu’une envie: retourner chez leur ex, qu’elles regrettent forcément d’avoir quitté.
Sauf que… Tank agit de la sorte exprès, payé par les petits amis en question désireux de récupérer leurs ex-copines! Un drôle de commerce qui tourne plutôt bien, jusqu’à ce que Dustin, son meilleur pote, lui demande le même service pour conquérir Alexis, une collègue dont il est amoureux mais qui n’a pas l’air très convaincue d’entamer une relation sentimentale avec lui.

Jason Biggs, abonné aux histoires du genre American Pie; Dane Cook, habitué aux farces plutôt lourdingues, … Faut-il en déduire que My best friend’s girl atteint des profondeurs abyssales?
Il ne faut jamais trop se fier aux préjugés, car c’est plutôt une impression favorable qui se dégage de cette histoire sans prétention, dans laquelle les situations –quoique relativement convenues- prêtent tout de même plus d’une fois à sourire.
Les chastes oreilles feront toutefois bien de s’éloigner de l’écran: les dialogues se veulent assez hauts en couleurs par moment, pour ne pas dire franchement vulgaires, mais la façon qu’a le héros de traiter les dames en gros dégueulasse fleure bon le politiquement incorrect, de même qu’une séquence tordante dans une pizzéria mettant à mal la religiosité exacerbée des Américains. Pour une production U.S. , fallait avoir le culot d’oser!
Sans en avoir l’air, les personnages abordent des thèmes très contemporains: la difficulté de s’engager pleinement dans une relation, de trouver sa voie dans la vie alors que les années défilent au compteur, … Tout cela n’est pas toujours très subtil, mais mené avec suffisamment de tendresse et de bonne humeur pour ne pas avoir envie de quitter la copine du meilleur ami avant la fin.